Au burkina Faso, Blaise Compaoré, officier parachutiste, 69 ans exerce le pouvoir de 1987 à 2014. Il prend le pouvoir le jeudi 15 octobre 1987 à la suite du coup d’État contre Thomas Sankara.
Il est élu Président de la République du Burkina Faso le dimanche 1er décembre 1991 à la suite d’un scrutin contesté et boycotté par l’opposition. Il est réélu en 1998, 2005 puis en 2010. En 1997, la limitation de mandat saute puis est remise en 2000 après des manifestations de rue consécutives à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo mettant en cause des dirigeants du pouvoir en place. Malgré cette pression populaire, profitant d’une Assemblée nationale sous sa coupe, le président burkinabé décide de modifier la constitution.
Le mardi 21 octobre 2014, un conseil des ministres extraordinaire donne son accord pour l’organisation d’un référendum sur l’article 37 de la constitution. « Le Conseil extraordinaire des ministres, réuni mardi, a adopté un projet de loi portant révision de la Constitution qui sera soumis à l’Assemblée nationale en vue de la convocation du référendum », avait noté Jérôme Bougouma, alors ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité, sans toutefois préciser la date du référendum. Les députés sont alors invités à se prononcer le 30 octobre.
Ce référendum avait pour but de valider la candidature à l’élection présidentielle de 2015 du chef de l’Etat Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans. Depuis la révision constitutionnelle de 2000, cet article limitait à deux le nombre de mandats présidentiels, d’une durée de cinq ans. Ce qui empêchait le Président sortant de se représenter au scrutin de novembre 2015, après son deuxième quinquennat.
Un passage en force
Cette décision du conseil extraordinaire des Ministres, pousse des centaines de personnes dans les rues contre ce qu’elles qualifient de « coup d’État constitutionnel « . Le jeudi 23 octobre 2014 les manifestants brûlent des pneus dans un quartier de Ouagadougou. Le jeudi 30 octobre 2014, tous les regards sont tournés vers l’hémicycle. Les 99 députés censés voter la révision constitutionnelle avaient passé la nuit à l’hôtel Indépendance, dans les encablures de l’Assemblée nationale. 98 députés sur 127 avaient déjà voté le jeudi 23 octobre pour que ce projet de loi soit inscrit à l’ordre du jour. Mais les partis de l’opposition politique, regroupés autour du Chef de File de l’Opposition (CFOP) et la société civile ont protesté contre ces méthodes du chef d’état.
Les derniers instants de Blaise Compaoré
Ce jeudi 30 octobre 2014, les choses vont vite. Dès 9 heures, la place de la Nation est prise d’assaut par l’armée. Les gendarmes et les policiers reçoivent des instructions fermes : ne tirer sur aucun manifestant. Mais devant la détermination des manifestants, l’appareil sécuritaire est vite débordé. Les éléments du Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) positionnés devant l’Assemblée sont à leurs tours impuissants.
Il est 9 heures 30 lorsqu’ un groupuscule de manifestants pénètrent au sein de l’hémicycle et l’incendient. C’est le sauve qui peut chez les parlementaires. Blaise Compaoré convoque aussitôt le Général Honoré Nabéré Traoré, chef d’état-major des armées. Il décide du transfert de tous les pouvoirs à l’armée de façon provisoire. Entre temps, les manifestants tiennent à arriver à Kosyam. Les éléments de la garde présidentielle font marche arrière. Ils sont stoppés dans leur élan par le général Diendéré qui engage des discussions avec eux.
Le vendredi 31 octobre, aux environs de 12 heures, sous la pression de la rue et des militaires, Blaise Compaoré fini par dissoudre le gouvernement et annonce qu’il renonce à modifier la loi fondamentale. Il quitte le palais avec plusieurs de ses proches pour Fada N’Gourma, à l’est du pays. Dans la soirée, lui et cinq de ses proches dont sa femme sont conduits par un avion français dans la capitale politique ivoirienne, Yamoussoukro. Blaise Compaoré quitte ainsi le pouvoir après 27 ans et 16 jours de règne sans partage.