3è mandat : L’école sénégalaise avec Wade

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3è mandat : L’école sénégalaise avec Wade
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La « folie du troisième mandat » s’installe de plus en plus en Afrique et particulièrement en Afrique de l’ouest où l’inquiétude grandit, notamment en Côte d’Ivoire et en Guinée. Votre magazine Ivoir’Hebdo fait une incursion dans certains pays où les troisièmes mandats ont fait école.

Age limite et nombre de mandats, sont les principaux verrous qui « sautent » souvent  des constitutions dans plusieurs pays du continent, entraînant avec eux la chute des régimes en place. De nombreux chefs d’état usent de projets de nouvelle constitution  pour se maintenir au pouvoir. Les statistiques confirment que les chefs d’Etat africains passent en moyenne plus de temps au pouvoir que ceux dans le reste du monde. 

Abdoulaye Wade, un fin tacticien

Au Sénégal Abdoulaye Wade, alors âgé de 85 ans élu en 2000 pour un mandat de sept ans est réélu en 2007 pour un deuxième mandat cette fois de cinq ans. En septembre 2009 il annonce sa candidature à la présidentielle de 2012 pour un troisième mandat suite à une modification constitutionnelle. Le Parti démocratique sénégalais (PDS), parti au pouvoir estime que le décompte devrait commercer à partir de 2007 date d’entrée en vigueur du quinquennat et non en 2000 comme le souhaitait l’opposition.

« Wade ne peut se présenter pour un troisième mandat s’il ne fait pas de coup d’Etat constitutionnel », affirmait Ibrahima Sène, un cadre de la coalition de l’opposition. Le professeur de droit constitutionnel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Pape Demba Sy abondait dans le même sens. « Il ne peut pas se présenter pour un troisième mandat sauf à violer la Constitution », faisait-il remarquer.

« Faux », rétorque le Premier ministre sénégalais Souleymane Ndéné Ndiaye, membre du PDS. « La Constitution permet à Wade de se représenter en 2012 », et de préciser, « ceux qui disent que le Président de la République ne doit pas se présenter ne font pas du droit ». Le débat avait ainsi enflammé le pays durant plusieurs semaines. Dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 janvier 2012, le Conseil Constitutionnel autorise le chef de l’Etat sortant Abdoulaye Wade à briguer un troisième mandat lors de la présidentielle du dimanche 26 février 2012. Ses principaux challengers sont Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse.  Les recours de Youssou Ndour et deux autres prétendants à la candidature sont rejetés. 

Mais auparavant, le vendredi 27 janvier, en dépit de l’interdiction des autorités,  l’opposition appelle à un grand rassemblement à la place de l’Obélisque à Dakar, la capitale sénégalaise,  dans la nuit de vendredi 27 au samedi 28  janvier 2012. Plusieurs villes du pays connaissent pareil rassemblement. « Wade n’a qu’à s’en aller, il faut dégager » hurlaient des manifestants. « Si Wade est candidat, il n’y aura pas d’élection. Nous allons nous mobiliser pour créer un rapport de force en notre faveur et faire en sorte qu’il se retire », avait dit Ousmane Tanor Dieng, candidat du Parti socialiste.

Wade félicite Macky Sall

Le lundi 30 janvier, deux personnes trouvent la mort à Podor, au nord du Sénégal suite à des violences  lors d’une manifestation contre la candidature de Wade à la présidentielle de février.

 À l’issue du premier tour, Abdoulaye WADE arrive en tête avec 34,81 % des suffrages exprimés, mis en ballotage par son ancien Premier ministre, Macky Sall. Lors du second tour le dimanche 25 mars 2012, il est battu par Macky Sall, qui recueille 65,80 % des voix. 

Au pouvoir depuis 12 ans, Wade reconnait sa défaite sans même attendre l’annonce des premiers résultats provisoires. Il en profite pour féliciter Macky Sall et  quitte ses fonctions présidentielles le lundi 2 avril 2012.

Karina Fofana


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