50 ans de la CEDEAO : L’AES absente des célébrations à Accra

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Premier sommet AES ce samedi 6 juillet 2024
Premier sommet AES ce samedi 6 juillet 2024
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C’est dans un climat d’incertitudes politiques que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a lancé, à Accra au Ghana, les célébrations de son cinquantenaire. Une cérémonie solennelle, marquée par l’absence remarquée des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – malgré une invitation officielle du président ghanéen John Dramani Mahama.

Autour du thème de l’unité et de l’intégration ouest-africaine, le président ghanéen a ouvert les festivités par un appel vibrant à la cohésion : « Longue vie à la Cédéao et à la solidarité ouest-africaine ! » Plusieurs pays membres ont répondu présents, dont la Côte d’Ivoire et le Togo, représenté par sa Première ministre Victoire Tomegah Dogbé. Le Liberia, par la présence de son président Joseph Boakai, était le seul pays représenté au niveau de chef d’État.

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Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, également président en exercice de la Cédéao, était absent. Il a cependant fait transmettre un message appelant à « réimaginer la Cédéao comme une communauté de peuples, et non simplement une organisation politique ».

Le retrait des pays de l’AES du processus d’intégration ouest-africain continue de jeter une ombre sur la région. Bien qu’officiellement justifiée par des « délais trop courts » et « un agenda chargé », selon une source proche de la présidence, leur absence envoie un signal politique fort.

Le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray, n’a pas éludé le sujet. Il a reconnu que l’organisation devait « se recalibrer » et « renouer avec les États du Sahel », insistant sur la nécessité de surmonter les divisions pour faire face ensemble aux menaces régionales, notamment sécuritaires. John Mahama a quant à lui proposé que le Ghana joue un rôle de médiateur : « Mon pays peut servir de pont entre la Cédéao et l’AES. Nous devons favoriser un dialogue compréhensif, loin de toute forme d’isolationnisme. »

Des impacts économiques déjà perceptibles

Sur le terrain, les tensions institutionnelles commencent à inquiéter les populations, en particulier les acteurs du commerce transfrontalier. Adama, commerçant burkinabè, vend des tissus bogolan entre Abidjan et Ouagadougou. Il témoigne : « Si la Côte d’Ivoire et le Burkina ne s’entendent plus, ce sont les petits commerçants comme nous qui vont payer le prix fort. On veut qu’ils s’entendent, qu’ils reviennent à la table. » L’économiste ivoirien Alban Ahouré alerte également sur les conséquences économiques d’une fracture prolongée :

« La sortie des pays de l’AES risque d’entraîner des barrières tarifaires, et donc un ralentissement des échanges. Cela pourrait menacer l’emploi, les revenus et la compétitivité des entreprises dans toute la région. » En 2023, le Mali et le Burkina Faso représentaient à eux deux 13,5 % des exportations ivoiriennes. Leur retrait de la CEDEAO n’est donc pas sans conséquence pour les économies de l’UEMOA, à laquelle ils appartiennent toujours.

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La cérémonie d’Accra marque le début d’une série d’événements commémoratifs à travers les pays membres de la Cédéao. Mais elle rappelle surtout l’urgence de repenser l’architecture de coopération régionale. Les réunions ministérielles se poursuivent à Accra jusqu’au 23 avril, avec en ligne de mire un sujet brûlant : le retrait formel de l’AES et ses implications. Entre diplomatie, pression politique et volonté de préserver les intérêts économiques, l’organisation régionale entre dans une année charnière. Le cinquantenaire de la CEDEAO n’est plus seulement une célébration : c’est un moment de vérité.

Afriksoir

Sortie de l’AES de la CEDEAO : “Nous ne pouvons que respecter leur décision malgré nos efforts” (Diomaye Faye)


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