À l’occasion du 7 août 2024, date marquant la célébration de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, Koné Kobali propose une réflexion critique sur la véritable nature de cette indépendance. À travers une analyse incisive, l’auteur questionne l’efficacité des progrès réalisés depuis 1960 et dénonce la persistance de la dépendance économique et culturelle envers les puissances étrangères. En appelant un « Plan National pour l’Indépendance Intégrale » (PN2I), il incite à un renouveau de l’engagement national pour achever le projet d’indépendance entamé par les Pères fondateurs, tout en rendant hommage à leurs luttes et réalisations.
Après 64 années d’un concept censé irriguer notre soif d’indépendance grâce à la formule : « je proclame solennellement l’indépendance de la Côte d’Ivoire en ce jour sain du… », sincèrement je ne suis pas en mesure après la célébration de ce 07 Août 2024, de vous dire à la suite de nos héroïques devanciers, si je me sens plus digne, si je ressens plus de fierté avec d’une « main à l’autre », notre destin que nous modelons grâce au génie des générations qui se passent le témoin ?
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À y voir de plus près, il ya des gens qui pensent qu’on ne mérite pas plus que ce que nous avons là ! Notre erreur est de croire que l’indépendance se donne par une main et se laisse prendre par une autre ! On ne décrète pas l’indépendance et elle ne devrait pas selon moi, s’adjuger par un jeu du consensus. Ces dernières années en Afrique précisément dans sa partie Ouest, il y a des débuts et des nouvelles velléités d’indépendances qui s’ajustent dans notre paysage commun ! On apprécie ou on n’apprécie pas mais la volonté et le style sont là ! C’est une nouvelle expérience qu’aucun esprit progressiste ne devrait bouder. Pour moi ce matin l’exercice est simple car on va encore définir l’indépendance par ce qu’elle n’est pas. Le fait d’accepter de recevoir le haut départ de son « indépendance » par une entité extérieure à soi, en dit long sur la nature du « marché » !
Il n’y a aucune forme d’indépendance à recevoir de l’autre au nom de sa prétendue suprématie. Surtout lorsque le segment sur lequel on intervient, vise notre élévation dans le concert mondial, avec le secret espoir d’être égaux entre-soi ! Dites-moi en Afrique, quel est le secteur dans lequel nos responsables politiques aux affaires, peuvent prétendre exercer le pouvoir ne serait-ce qu’à 10% du niveau de leurs promesses lorsqu’ils étaient dans l’opposition ? Qui peut prétendre que le bilan après 64 ans de la supposée indépendance dans notre pays la Côte d’Ivoire est concluante ?
Si l’indépendance qui est la nôtre était composée de plusieurs matières, quelles sont les matières dans lesquelles nos dirigeants transcendent ? L’économie ? La sécurité ? La diplomatie ? Le social ? La santé ? L’éducation ? Le spirituel ? La moyenne n’est acquise et assurée nulle part et la promesse de faire mieux est du domaine du dubitatif ! L’indépendance se positionne comme un leurre pour gogos affranchis. À partir du moment où les idées endogènes, le génie national ne priment pas sur le génie venu d’ailleurs, je ne suis pas indépendant ! Nos dirigeants comme émerveillés et particulièrement subjugués par le génie étranger, n’accordent aucun crédit à nos trouvailles et ne les encouragent guère ! Nos dirigeants préfèrent parfois pour jouer simplement, importer le génie que de promouvoir et susciter l’éclosion d’un génie intérieur !
De sorte que nos États sont amis, dépendants et abonnés à 99% aux expertises made in occident ! Mais enfin, de quoi sommes-nous donc indépendants ? Quand on n’est ni digne, ni fier et capable de porter son destin, de quoi, de qui et pour qui sommes-nous indépendants ? Est-ce que celui de qui tu reçois ton indépendance veut te voir réellement indépendant ? Est-ce que toi-tu veux être même indépendant ? Est-ce que toi-tu considères même l’indépendance comme un atout indéniable pour ta souveraineté ? Enfin, est-ce que tu aimes vraiment le peuple que tu prétends aimer et défendre ? Moi je propose qu’on arrête de gaspiller l’argent du contribuable avec ces 64 années de célébration de l’indépendance.
En effet, à part les hommes qui défilent, tous les accessoires lourds ou légers viennent de l’extérieur. On dépense beaucoup d’argent dans cette période pour affirmer notre dépendance à consommer préférentiellement ce qui a l’avantage illimité de venir de l’extérieur ! On se plaint durablement à sous-traiter notre « bréviaire » qui sert d’indépendance. Si nous étions pénétrés de la conscience d’achever chacun à son tour notre projet d’indépendance (en friche), quels points croyons-nous avoir réussi à saturer en 14 années de pouvoir ? J’ai le curieux sentiment que nous nous complaisons à nous illusionner d’indépendance ? Heureusement que ce cas qui mérite d’être cliniquement étudié, ne figure au pas au nombre des pathologies dont l’entrée dans le catalogue des nouvelles maladies est imminente !
À défaut d’achever la charpente du type d’indépendance qui nous a été fourgué, celle-ci comme peau de chagrin se dégrade chaque jour un peu plus ! Un jour si rien n’est fait pour perpétuer fidèlement l’œuvre des « Pères de nos Indépendances », nous serions obligés de reprendre le combat en privilégié un concept que nous allons développer nous-mêmes en nous inspirant de l’expérience passée ! Après 64 années où il est toujours impossible de parler d’un tissu moral rémanent qui reflète les ambitions actuelles de notre pays et sa jeunesse, il faut se résoudre à reconnaître que si l’indépendance était une corde, non seulement la nôtre serait courte, avec le désavantage qu’on ne tient pas le bout mâle ! Au regard des faits, nous sommes dans l’obligation de considérer que les indépendances acquises de haute lutte par nos « Pères des Indépendances », sont des avancées mineures sur des revendications qui remontent à une autre époque ?
Si on consent à poursuivre l’œuvre de nos héroïques devanciers en vue de son achèvement, c’est un Plan National pour l’Indépendance Intégrale (PN2I) qu’il faut de toute urgence mettre en place au sortir de cette célébration qui s’ est déroulée dans un entre-soi remarquablement aligné ! Et si on faisait contre mauvaise fortune bon cœur, en se contentant de vanter le mérite historique de nos « Pères des Indépendances qui sont : Houphouët Boigny, Mugabe, Nyerere, Kwame Nkrumah, Sékou Touré, Kenneth Kaunda, Modibo Kéita, Senghor, Jomo Kenyatta etc…la liste est longue et prestigieuse !
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En effet, je suis persuadé que ce n’est pas exactement le type d’indépendance auquel ils ont consacré la majeure partie de leur existence de Peuple asservi et appauvri. L’histoire qu’ils ont bâtie n’a pas de prix et mérite d’être connue et informée de nos enfants et petits-enfants ! Si on propose d’enseigner à nos enfants la Vie d’Houphouët Boigny et ses Compagnons tous les 7 Août et les jours suivants, les facettes des luttes syndicales et politiques de ce grand Homme capitalisées car la lutte continue et il revient à chaque génération d’identifier la part qui lui revient dans cette lutte qui parait sans fin ! Bons souvenirs de fête d’indépendance à tous !
Koné Kobali
Auteur libre, créateur
