A moins d’un an de la présidentielle de 2025 : Comment le régime Ouattara profite de la division de l’opposition ivoirienne

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A moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, l’opposition peine toujours à surmonter ses contradictions, pour bâtir une union solide à même de venir à bout du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Une faille qui profite pleinement à Alassane Ouattara.

Les efforts de l’opposition, pour bâtir une coalition solide à même de battre le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) lors de la prochaine présidentielle, tardent à se concrétiser. Passé l’espoir suscité chez leurs militants, à travers les sorties et déclarations communes, notamment en août dernier, les leaders des différentes chapelles politiques ivoiriennes, semblent retournés à leurs cuisines internes.

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Une belle opportunité dont profite pleinement le régime d’Alassane Ouattara pour museler les voix qui se dressent dans la contestation de son pouvoir, en utilisant notamment la justice. C’est le cas pour le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) dont plusieurs des cadres sont traînés devant les tribunaux, presque dans l’indifférence générale du reste des partis de l’opposition.

LA JUSTICE, UNE ARME REDOUTABLE POUR CONTRER L’OPPOSITION

Et, c’est justement là toute la subtilité de l’improductivité de la stratégie de l’opposition. Alors que Kando Soumahoro et Mamadou Traoré, des cadres de Générations et peuples solidaires (GPS) et que l’union naissante de l’opposition avait décidé de donner de la voix pour condamner ces arrestations arbitraires et exiger la libération de ces proches de Guillaume Soro, des sons discordants ont vite émergé.

Elles sont venues du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) de Tidjane Thiam. Au nom d’un changement de stratégie, soit disant après l’échec de l’opposition à barrer la route à Alassane Ouattara en 2020, le successeur d’Henri Konan Bédié, qui se persuade d’être le messie à même de battre tout seul le Rhdp, a choisi de se désolidarisé de GPS. Dans la même dynamique, l’ancien dirigeant du Crédit Suisse, qui a l’art de faire cavalier seul, n’a jamais manifesté la moindre empathie à l’égard des autres opposants muselés par le régime Ouattara.

La même indifférence est observable en ce qui concerne la radiation de l’ancien président, Laurent Gbagbo et de l’ex-Premier ministre, Guillaume Soro, de la liste électorale. De loin, les différents partis se réclamant de l’opposition, regardent chacune de ces personnalités, se battre seules, face au Rhdp qui dispose de l’ensemble sécuritaire pour réduire à néant les efforts des présidents du PPA-CI et de GPS.

« Je suis volontiers optimiste et je crois encore à la capacité de l’opposition à surmonter les divergences, dans l’intérêt du peuple. En tout cas, je continuerai à prôner l’union de celle-ci », indiquait l’ancien président de l’Assemblée nationale, dans une interview exclusive qu’il avait accordée en 2021 à Générations Nouvelles.

« Ce qu’il faut, c’est l’unité de l’opposition politique. Quand on parle de la dissolution de GPS, les autres sont assis ; ils regardent. GPS se bat seul. J’entends certains dire : ‘’GPS est dissout’’. Comment peut-il est dissout. Si on laisse faire, demain, ce sera au tour du Pdci, du FPI et des autres partis », sensibilisait encore l’année suivant l’ancien chef de gouvernement. En vain.

Loin de se décourager, Guillaume Soro, quand il s’agit de montrer la voie, en apportant son soutien aux cadres de l’opposition confrontés à l’appareil répressif du Rhdp. « Le Cadre restreint de GPS note avec regret que le régime Rhdp ne démord pas avec l’instrumentalisation de la justice pour tenter de museler l’opposition ivoirienne.

En effet, non content de détenir illégalement et injustement plusieurs opposants dont l’ancien député Kando Soumahoro, M. Traoré Mamadou et M. Kader Doumbia de GPS, le régime de M. Ouattara s’apprête à mettre fin aux activités politiques de M. Damana Adia Pickass, vice-président du PPA-CI en charge du Conseil stratégique et politique de ce parti. Les faits qui lui sont reprochés remontent à l’année 2021 selon le procureur de la République et font état de plusieurs chefs d’accusation aussi graves les uns que les autres.

Au regard de la gravité desdits faits, GPS s’étonne que ce soit à la veille de l’élection présidentielle de 2025 que la justice décide de le faire comparaitre. Cette attitude suspicieuse laisse croire que le régime au pouvoir a décidé de faire taire M. Damana Pickass qui, dans le cadre des activités de son parti, donne de la voix et contribue fortement à éclairer les populations sur les faiblesses du régime moribond du Rhdp », a fustigé GPS dans une déclaration en date du 12 novembre dernier.

« De plus, il est bon de souligner que toutes les sorties de M. Damana Pickass mobilisent davantage les Ivoiriens et éclairent l’opinion nationale et internationale sur les nombreuses dérives du régime d’Abidjan. C’est sans doute pour freiner l’élan du PPA-CI que la justice, comme à l’accoutumée, vient au secours du RHDP qui manque vraisemblablement d’arguments pour rassurer les Ivoiriens. Le Cadre restreint de GPS apporte son soutien ferme à M. Damana Pickass et au PPA-CI dans cette nouvelle épreuve. GPS dénonce encore une fois et avec force l’instrumentalisation de la justice, devenue un outil d’oppression de l’opposition.

UNE DIVISION DIFFICILE A SURMONTER

En tout état de cause, il est clair que les actes posés par ce régime continuent d’interpeler l’opposition sur la nécessité de conjuguer les actions pour mettre fin à la souffrance des Ivoiriens. Il est temps que les mots fassent place aux actions concrètes pour éviter à la Côte d’Ivoire de nouvelles violences dont les morts, les disparitions et autres mutilés sont toujours oubliés », a critiqué dans la même déclaration le mouvement de l’ancien président de l’Assemblée nationale, en dépit de l’état de clandestinité dans lequel le contraint le régime Ouattara depuis cinq ans.

Face au Rhdp qui met tout en œuvre pour perpétrer un passage en force en 2025, en refusant catégoriquement d’ouvrir des pourparlers avec l’opposition, il urge donc aux adversaires d’Alassane Ouattara de changer de fusil d’épaule. Cela commence par la fin de la concurrence ou les comptes que des leaders de l’opposition veulent se régler. Cette concurrence, c’est notamment celle que se livrent les ex-époux Gbagbo.

Alors que Simone Ehivet avait entrepris quelques mois plus tôt de ratisser large en réunissant les forces de l’opposition, l’ancien chef de l’Etat, de son côté, a lancé une initiative similaire, depuis Bonoua, le fief de son ex-épouse. Une situation qui contribue pour l’heure a rendre improductive la nécessité de rassemblement de l’opposition.

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Outre ceux qui, dans les rangs de l’opposition, semblent gênés de devoir s’afficher avec l’une ou l’autre tendance de l’alliance souhaitée par les Ivoiriens et de passer pour un traître, il y a le manque de visibilités sur les contours de l’union à bâtir. Le Rhdp, malgré toutes les contradictions internes qui le rendent vulnérable, ne peut demander mieux à une opposition où l’égoïsme le dispute aux ambitions individuelles.

Générations Nouvelles

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