Face à l’escalade du conflit entre l’Ukraine et la Russie, l’implication inattendue de l’Ukraine en Afrique de l’Ouest soulève de nombreuses interrogations. Alors que le Mali, le Burkina Faso, et le Niger, désormais membres de la Confédération de l’Alliance, cherchent à s’affirmer sur la scène internationale, les récentes déclarations d’un diplomate ukrainien à Dakar, revendiquant une attaque contre des militaires maliens, ont provoqué un tollé. Le libre penseur, Koné Kobali explore les ramifications géopolitiques de cette ingérence perçue, s’interrogeant sur les intentions réelles de l’Ukraine et ses conséquences potentielles pour l’Afrique.
Après les autres sujets, ce matin nous allons parler de l’exploit si ce n’est le tour de force inédit de l’Ukraine en Afrique. En Afrique de l’Ouest, précisément dans l’ex espace CEDEAO ! Mais avant il faut sacrifier à la pédagogie de replacer l’Ukraine sous sa véritable lumière géographique. Car avec ce que ce pays a accompli d’aucuns pourraient penser que c’est un nouveau pays qui s’est fait au forceps, une place entre le Sénégal et la Gambie ! Voici en deux mots les résultats de mes recherches : « Située en Europe orientale, l’Ukraine possède des frontières au nord avec la Biélorussie, à l’est avec la Russie et à l’ouest avec la Moldavie, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne ».
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C’est clair que l’Ukraine n’est pas une nouvelle entité qui vient gonfler la liste des États autour du fleuve Sénégal. L’Ukraine comme pas mal de pays qui se respectent après l’acceptation de ses lettres de créances, y a établi une ambassade dans la capitale Dakar pour le compte de Kiev. Ça c’est l’ordinaire. Depuis le 24 février 2022 la Russie a lancé une invasion militaire sur ce pays, par l’entremise de ce qu’elle appelle :
« une opération spéciale ». L’Ukraine est en guerre contre le grand voisin qu’est la Russie. Depuis 2020 la Russie compte de nouveaux amis notamment en Afrique de l’Ouest. Tour à tour le Mali, le Burkina Faso et le Niger se sont retirés de la CEDEAO au grand dam des autres États restés fidèles à cette organisation, pour créer leur AES puis avant la Fédération, la Confédération de l’Alliance. Ces trois pays subissent à leur corps défendant une terreur que l’on place négligemment dans la catégorie des guerres asymétriques. Jusque-là on ne pouvait pas dire avec courage qui finance ce terrorisme en Afrique de l’Ouest.
Désormais on sait puisque l’ambassadeur d’Ukraine basé à Dakar, a commenté et revendiqué à visage découvert le succès de l’attaque portée contre les militaires maliens dans la région de Tinzawatène sur la place officielle et non diplomatique des réseaux sociaux. Naturellement cet aveux inédit et inattendu s’est donné la valeur d’une déclaration d’hostilité faite indûment aux autorités et aux peuples de ces trois États. Des questions fusent : les États de la confédération de l’Alliance doivent-ils saisir au bond cette déclaration et agir en fonction ? En claire est-ce que l’Ukraine se considère en « guerre » contre tous les pays qui fricotent avec la Russie ?
Et si les États de la confédération rétorquent à Kiev qu’ils ne sont que de simples partenaires ce qu’ils sont, de la Russie ? Par cet acte, l’Ukraine a-t-elle décidé de saboter les relations internationales avec tous les pays qui se rapprochent de la Russie ? Par cet acte, l’Ukraine veut-elle isolée diplomatiquement en vue d’affaiblir et assécher économiquement les sources d’alimentation de la Russie en Afrique ? Si oui pourquoi exclusivement en Afrique ? L’Ukraine a-t-elle les moyens de sa nouvelle politique en Afrique contre les pays qui usent de leur souveraineté ? La réponse est mitigée du fait que l’Ukraine est placée sous le paratonnerre de l’OTAN qui lui livre des armes après des opérations de tontines destinées à cet effet.
Si la logique de l’Ukraine est si limpide, il faut s’attendre à ce qu’elle tente des actions de la même nature contre les amis de la Russie que sont : la Turquie, la Biélorussie, la Corée du Nord et peut-être la Chine du puissant Xi ! En tout cas nous attendons fermement quelque chose de ce côté. À moins que des actions dans ces pays soient sous-traitées par des États amis qui comptent dans la même liste que celle sur laquelle figure l’Ukraine ! À propos des intérêts de la Russie à travers le monde, qui mieux que l’Ukraine en détient l’annuaire et le répertoire le plus complet ? Oui, comment expliquer que le gazoduc russe qui dessert même en temps de guerre les chaumières européennes, n’ait subi le moindre attentat ni le moindre sabotage préjudiciable ?
Pourquoi l’Ukraine protège et consolide les intérêts des européens, et s’opposent aux intérêts de nos États avec lesquels elle n’a parfois aucun lien diplomatique ? Il y a comme l’ombre d’une guerre mondiale à laquelle il manque la numérotation qui succède aux deux premières (14-18 et 39-45) ! J’ai appris comme tout le monde que les États de la confédération de l’Alliance a dressé une lettre ouverte au Conseil de Sécurité de l’ONU, si cela est vrai, connaissant les dirigeants de ces États qui ne se laissent pas compter, soit le Conseil réagit et sanctionne, ou ces trois États pourraient à nouveau, confirmer leur détermination à être les seuls et vrais maitres de leur destin commun !
Avant de parler de l’instance suprême qu’est le Conseil de Sécurité de l’ONU, la CEDEAO qui veut ramener par l’entregent de Diomaye ces trois pays et l’UA, qu’ont-elles fait ? je précise que Diomaye Faye, c’est le Président de la République sénégalaise qui a pour « hymne politique », la rupture systémique ! Pauvre Afrique on a tout subi maintenant c’est le tour de l’Ukraine. Et dire qu’il y a dans ce continent l’un des plus richement doté, des fils et des filles qui ne manquent pas de dignité ! De grâce n’assistons pas impuissants à la diversification de la guerre de l’Ukraine en Afrique. En effet, les trois États de la confédération de l’Alliance que sont, le Mali jusqu’au Niger, ne sont guère que je sache, des « territoires d’Outre-mer » Russe égarées en Afrique ?
Taisons ces querelles qu’on nous fait porter et faisons face à cette autre tentative de rallonger le retard voulu du continent. En réalité par cet acte, l’Ukraine et ses probables pistons, veulent nous pousser à reconsidérer nos choix stratégiques et géopolitiques dans la perspective de « durabiliser » l’asservissement déjà en marche. Si ce qu’a fait l’Ukraine aux armées de la confédération de l’Alliance n’est pas une ingérence militaire à tout le moins, c’est ingérence asymétrique qui doit être la dernière ! Au regard de cet incident diplomatique d’une rare probabilité à l’échelle mondiale, est-ce trop dire que les Peuples africains ne se sentent pas protégés au Maximum par leurs dirigeants ?
Au fait de quel droit l’Ukraine peut prétendre comme un cabinet international, orienter nos États pourtant indépendants, vers des partenaires de son choix ? La question est posée à nos dirigeants d’y répondre. Visiblement l’Ukraine s’en prend aux amis « militairement faibles » de la Russie. Sinon le plus grand Ami de la Russie reste et demeure les États-Unis pour des tas de raisons que l’Ukraine n’ignore pas ! Ici, en Afrique, nous attendons que l’Ukraine de Zelenski sabote irréversiblement le gazoduc (Nord Stream 1 long de 1.224 km) qui traverse «de part en part » son pays pour aller fournir du gaz aux ménages européens !
Des escarmouches de destruction il en a eues sans plus. Cette extension de sa guerre par victimes interposées m’indique que l’Ukraine porte à merveille, « le dilemme du hérisson », tôt ou tard elle devra pour sa propre survie, trouver la distance de prudence et l’observée scrupuleusement. Si l’objectif de l’Ukraine est de démanteler le réseau de partenaires que la Russie est en train de se bâtir sur le juteux « damier africain » est de porter un coup fatal à son effort de guerre, l’épisode de Tinzawatène doit être le dernier. La raison est simple, la guerre qui est faite à l’Ukraine est étrangère principalement à ces trois pays et à généralement à tous les autres.
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À moins que Kiev ne soit dans la logique de la politique de la terre brûlée ?! Si tel est le cas l’Afrique dont l’essor est retardé par un impérialisme nouvelle saison, n’est pas à brûler. En conclusion, eu égard à la puissance de feu de son agresseur la Russie, l’Ukraine gagnerait à ne pas disperser ses modestes forces, pour la plupart prélevées dans les armureries étrangères. En ce qui me concerne je prie intensément afin qu’elle bénéficie (enfin) de l’autorisation à utiliser les armes de longues portées pour espérer freiner l’avancée de l’armée Russe.
KONÉ KOBALI
Libre auteur, créateur