Le journaliste et éveilleur de consciences André Silver Konan décrypte l’image de l’élève du lycée d’Arrah, s’exprimant devant la ministre de la Culture, Harlette Badou et conclue à une chute constante des valeurs. A lire !
Vous avez tous vu l’image de cet élève s’exprimant dans un mégaphone, devant ses camarades, au lycée d’Arrah. Je vous montre un autre plan, dans une autre image pour que nous comprenions ensemble la profondeur de la crise de valeurs à l’école et surtout que nous percevions très nettement que le mal est profond. Regardez bien la photo. Celle qui est derrière, c’est la ministre de la Culture, Harlette Badou. Quelques instants plus tôt, elle s’exprimait elle-même avec le même mégaphone.
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Ma question est : comment une ministre de la République, accompagnée de l’autorité préfectorale, des responsables de l’Education nationale dans la région et de la sécurité (elle était accompagnée par un cargo de policiers) a-t-elle pu laisser un adolescent habillé de cette façon, s’exprimer devant elle ? Comment se fait-il que ce jeune vissant sur la tête un béret en kaki interdit à l’école, portant un pantalon sauté et plaqué, dont les mesures ne me paraissent pas réglementaires, laissant entrevoir une culotte rouge ; a bien pu avoir accès au lycée ?

Hommage au principal Célestin N’Zi du Collège moderne Nimbo de Bouaké (devenu lycée). Hommage à Ahoussi Kablan, alors proviseur du lycée classique de Bouaké. Eux, n’auraient jamais accepté qu’un élève s’habille de cette façon pour entrer dans leur établissement. Eux, n’auraient pas accepté qu’un élève habillé de cette façon puisse même passer une seule seconde devant un ministre.
La chute des valeurs en Côte d’Ivoire
Et pourtant, toute la communauté de responsables de haut niveau, autour de cet élève voyou, à commencer par la ministre, n’a pas eu le réflexe de le recadrer publiquement, en lui faisant enlever son béret devant ses camarades qui le prennent sans doute aujourd’hui pour un héros, en lui faisant boutonner sa chemise, la fourrant dans son pantalon et se tenant droit devant l’autorité.
Ces images de Harlette Badou au lycée d’Arrah m’intriguent et dévoilent la chute constante des valeurs. Autant que la démission collective : les parents qui laissent leur enfant aller à l’école, habillé de cette façon, l’élève qui s’y rend comme ça, le personnel éducatif qui le laisse ainsi et pour couronner tout cela, la ministre qui n’a pas vu cet aspect des choses. Je vous assure, le mal ivoirien est profond. Très profond. Trop profond. Dieu nous donne la bonne compréhension !
André Silver Konan