Assassinat présumé du « GAL Sorcier » : Une affaire avec de nombreuses zones d’ombre

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Sié Kambou et Diagoué Mars Aubin
Sié Kambou et Diagoué Mars Aubin
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Elu lors de la dernière Assemblée générale élective de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) qui s’est déroulée sur fond de crise et de convoitises de plusieurs pontes du régime Rhdp qui, de façon souterraine avaient leurs petits protégés dans la compétition, Sié Kambou se trouve aujourd’hui dans la tourmente.

En détention avec plusieurs membres de son bureau suite à l’homicide de Diagoué Mars Aubin, membre de l’organisation, Sié Kambou et ses camarades sont embarqués dans une affaire aux contours très sombres avec de nombreuses zones d’ombre.

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Le monde universitaire est secoué par la plus grande crise de ces dernières années suite à l’assassinat présumé de Diagoué Mars Aubin alias Général sorcier, membre actif de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Les présumés auteurs seraient les dirigeants de l’organisation syndicale. Sié Kambou, secrétaire général de la Fesci et plusieurs membres de son bureau ont été arrêtés et sont depuis en détention préventive.

Dans la foulée, le ministère de l’Enseignement supérieur et la recherche scientifique appuyé par les ministères de la Défense et de la Sécurité, a prononcé la suspension de toutes les activités syndicales dans l’environnement de l’école. Même si cette mesure est dite conservatoire, elle ressemble à une volonté manifeste de sonner le glas de la plus puissante organisation estudiantine d’Afrique francophone.

D’autant plus que cela s’est accompagné par la démolition du siège de la Fesci en construction sur le campus de l’université Félix Houphouët- Boigny, siège pour la construction duquel le ministre de tutelle Adama Diawara avait apporté sa contribution financière à travers le don d’une somme importante lors d’une visite guidée par Sié Kambou et ses camarades.

C’était le lundi 29 juillet dernier. Le membre du gouvernement avait à l’occasion, salué l’engagement du syndicat dans ce projet ambitieux sans manquer de souligner l’importance de ce siège pour le mouvement « qui joue un rôle crucial dans la défense des droits et intérêts des étudiants ivoiriens ».

Lors de cette visite, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait également échangé avec les ingénieurs et les ouvriers. Ce qui, pour les membres de la Fesci, témoignait son soutien indéfectible au projet de construction de siège.

SIÉ KAMBOU, UN AMBITIEUX PRIS AU PIÈGE ?

La construction de ce siège, Sié Kambou, fraichement élu à la tête de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire en avait fait le symbole du renouveau de l’organisation. Cela, pour lui, devait aboutir à la création d’un environnement propice à l’épanouissement académique et scolaire des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Pour le faire, il décide de s’attaquer à certaines pratiques qui, pour lui, n’honorent pas le syndicat.

C’est ainsi que le mardi 2 juillet, à la faveur de l’ouverture de la délivrance des attestations de secours financiers, le secrétaire général de la Fesci va inviter tous les étudiants à se soustraire de toutes formes de corruption inhérentes à la procédure de payement des bourses.

« Nous avons décidé de combattre les ponctions sur les bourses des étudiants. J’exhorte donc nos camarades à dénoncer ces pratiques », avait-il déclaré. Bien évidemment, cela ne pouvait que réjouir les étudiants qui, depuis plusieurs années se voyaient leur bourse ponctionnée de dix-mille francs par leur syndicat.

Sur l’épineuse question de l’allocation illégale des chambres sur les résidences universitaires, le secrétaire général élu le 29 décembre 2023 avait également affiché sa détermination à y mettre fin. Ainsi, avait-il soutenu, « nous avons également décidé de combattre la vente illicite des chambres ainsi que le fléau de la drogue en milieu universitaire ».

Puis d’ajouter, « nous sommes sur le terrain pour veiller au bon déroulement des choses, et s’assurer du respect des mesures qui ont été prises ». . Il avait en outre exhorté ses camarades à se « détourner des pratiques qui n’honorent pas l’image de la Fesci ». Sié Kambou a ensuite annoncé que son équipe et lui sont totalement engagés dans la lutte pour la restauration de la Fesci, et que pour le faire, il ne permettrait à quiconque de saboter cette ambition.

« Nous avons décidé de faire la promotion de l’excellence. Nous avons décidé de montrer aux yeux de tout le monde que nous sommes des étudiants responsables, alors nous n’admettrons pas que des étudiants prennent une partie de la bourse d’autres étudiants », avait-il lâché.

UN DÉSAPPARENTEMENT PÉRILLEUX ?

La rupture avec les anciennes méthodes, Sié Kambou va, selon des témoignages, la matérialiser par des faits. K.S, étudiant et membre de l’organisation qui a requis n’anonymat confie qu’après son élection, « le SG a reçu les anciens. Il leur a signifié qu’il leur doit le respect dû à leur titre d’anciens, mais qu’il n’entend pas recevoir d’ordre d’eux ».

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Visiblement, les anciens de la Fesci n’étaient pas les seuls avec qui le nouvel homme fort voulait couper le cordon ombilical. Selon des témoignages, Sié Kambou n’était pas en odeur de sainteté avec kakou Brou communément appelé maréchal KB par les membres de la Fesci. Visiblement, le SG de la Fesci voulait sortir de la tutelle de celui qui a été longtemps considéré comme le parrain de l’organisation.

Cela aurait créé une tension entre le leader de la Fesci et le député Rhdp. Le vendredi 3 mai, à l’occasion de l’investiture du secrétaire général de la section de Mermoz, Sié Kambou avait, de façon publique, accusé publiquement Kakou Brou de manigancer de façon souterraine afin de prendre le contrôle de l’organisation estudiantine.

A Innocent Youté, député de Kouibly qui était présent, Sié Kambou a dit, « cher ainé, cher élu local, quand tu vas siéger à l’Assemblée nationale, tu as l’un de tes collègues qui veut contrôler la Fesci, qui recrute des badauds dans les rues pour nous attaquer. Et aujourd’hui, pour la première fois, je vais dire son nom, c’est Kakou Brou dit maréchal KB ».

Il avait ajouté qu’il détenait les preuves de cette accusation. « J’ai les preuves. J’ai des éléments audios où il appelle les badauds pour attenter à la vie d’un secrétaire national, et les résidences universitaires à des fins personnelles », avait-il martelé. Ces propos du secrétaire général de la Fesci faisaient suite à des actes de violences intervenues lors des élections des secrétaires de sections qui ont eu lieu en avril.

Le mis en cause avait réagi en affirmant ne pas se sentir concerné par lesdites accusations. Il avait invité l’accusateur à s’adresser à la justice puisqu’il dit détenir des preuves. Et pourtant, des témoignages de membres de l’organisation vont dans le sens du SG de la Fesci.

« C’est le maréchal qui rassurait sorcier et son clan. Il avait même commencé à choisir des gens pour être SG dans les sections. Chose que Kambou a su plus tard », confie une source proche de l’organisation. Notre source s’étonne d’ailleurs du meurtre du « général sorcier » car dira-t-il, « le décès est arrivé juste quatre ou cinq jours après que Kambou ait organisé une AG pour annoncer le retour de la paix au sein de la Fesci ».

Pour lui, le premier responsable de la Fesci n’avait plus aucune raison de « mater » ses adversaires. Si tel est le cas, qui a donc perpétré l’assassinat de Diagoué Mars Aubin ? Le crime pouvait-il profiter au secrétaire général de la Fesci qui cherchait à pacifier l’environnement ? Lui qui avait d’ambitieux projets pour assainir le milieu estudiantin pouvait-il se payer le luxe de commettre un tel acte ? Les questions restent posées.

Les informations décrivant les circonstances du présumé assassinat indiquent que la victime a été embarquée dans un VTC, pour être « traité » avant d’être jeté au CHU de Cocody. Si l’on tient compte du fait qu’il y a aujourd’hui des caméras de surveillance à tous les coins de rue d’Abidjan, alors qu’attend-on pour verser les images de celles-ci dans le dossier ? Quid des vidéos des caméras de surveillances du CHU ?

En attendant la manifestation de la vérité dans cette affaire qui renferme de nombreuses zones d’ombre, les supputations vont bon train. Du côté des anciens de l’organisation, on crie au complot pour décapiter l’organisation. C’est le cas d’Eugène Djué l’un des anciens dirigeants de la Fesci qui, dans une déclaration, a soutenu que « la Fesci est victime d’un complot bien ficelé et mal exécuté ».

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D’ailleurs, cette déclaration lui cause aujourd’hui des ennuis. Le lundi dernier, l’ancien secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire a été entendu pendant de longues heures avant de rentrer chez lui. Nous a confié un proche de l’homme qui a ajouté qu’il est de nouveau convoqué le vendredi où il risque d’être placé sous mandat de dépôt.

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