Alors que l’état de santé du président camerounais, Paul Biya, alimente de nombreuses spéculations, plusieurs analystes tentent d’imaginer l’avenir du Cameroun après la fin de son long règne. Parmi eux, André Silver Konan, journaliste ivoirien et patron de presse, a présenté quatre scénarii probables pour ce qu’il appelle « l’après-Biya ». Dans un contexte où les annulations successives d’engagements internationaux par le président renforcent les soupçons d’une situation médicale critique, ces hypothèses revêtent une importance particulière.
« Au Cameroun, la fin d’une époque est proche. Je vois quatre scénarii pour l’après Biya », a déclaré le journaliste. Le premier scénario envisagé par le patron de presse. « Un : la succession se déroule exactement comme le prévoit la constitution, ce qui me semble improbable mais pas impossible », a-t-il indiqué.
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De fait, dans cette situation, le président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, assumerait l’intérim avant l’organisation de nouvelles élections présidentielles. Si cette voie semble être la plus légitime et institutionnelle, elle est jugée « improbable mais pas impossible » par le journaliste. La rigidité des structures politiques actuelles et les intérêts en jeu au sein du pouvoir rendent difficile une transition simple et fluide dans les normes constitutionnelles.
André Silver Konan envisage également un deuxième scénario, celui d’un coup d’État militaire. « Les militaires prennent le pouvoir, comme en Guinée après le départ de Lansana Conté », a-t-il relevé. Si le Cameroun a longtemps été épargné par les coups de force militaires, la fragilité croissante du pouvoir de Paul Biya, âgé de 91 ans, et l’instabilité politique régionale ne permettent pas d’écarter cette possibilité. Ce scénario serait un tournant dangereux pour le pays, mais il demeure une option plausible selon André Silver Konan.
Une succession interne au régime
Le troisième scénario proposé est celui d’une succession orchestrée au sein du régime, à l’image de la prise de pouvoir de Paul Biya lui-même en 1982, lorsqu’il a succédé à Ahmadou Ahidjo. « L’un de ses proches au sein de l’Exécutif prend le pouvoir comme lui-même l’avait pris, il y a très longtemps de cela », a-t-il souligné . Dans cette hypothèse, un proche du président au sein de l’exécutif, potentiellement le Premier ministre Joseph Dion Ngute, pourrait émerger comme successeur. Ce scénario impliquerait une transition soigneusement organisée par le cercle restreint de l’actuel chef de l’État, en maintenant les grandes lignes du régime en place, tout en préservant les intérêts des élites au pouvoir.
Le dernier scénario, que le journaliste dit ne pas souhaiter, est celui d’une instabilité chronique. « Une instabilité chronique qui peut dégénérer. Dieu aide le Cameroun ! », a-t-il fait savoir. Cette hypothèse implique une absence de leadership clair et de transitions structurées, conduisant à des affrontements internes et à une déstabilisation prolongée du Cameroun. Avec des tensions sociales et économiques exacerbées par une gestion autoritaire du pouvoir depuis plusieurs décennies, une telle situation pourrait entraîner des crises politiques majeures et des violences, plongeant le pays dans une ère d’incertitude. Ce scénario est sans doute le plus redouté, tant par les observateurs que par les populations camerounaises.
Les inquiétudes autour de l’état de santé de Paul Biya
Ces scénarios prennent une résonance particulière dans un contexte où Paul Biya a annulé plusieurs engagements internationaux ces dernières semaines. Le président camerounais ne s’est notamment pas présenté au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en France ni à un sommet sur le développement durable à Hambourg, en Allemagne. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, l’a remplacé, ce qui a alimenté les rumeurs concernant l’état de santé de Paul Biya, qui serait actuellement suivi par une équipe médicale en Suisse.
Le Cabinet Civil de la Présidence camerounaise, par la voix du ministre Samuel Mvondo Ayolo, a toutefois démenti ces rumeurs, affirmant que le chef de l’État « se porte bien » et continue de travailler depuis Genève, d’où il n’a pas quitté depuis son retour de Pékin. Le gouvernement a dénoncé les spéculations « malveillantes » visant à semer la confusion et l’inquiétude au sein de l’opinion nationale et internationale.
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Alors que le Cameroun s’apprête peut-être à entrer dans une nouvelle ère, l’après-Biya reste un sujet brûlant. Les quatre scénarii dressés par André Silver Konan offrent un aperçu des possibles directions que pourrait prendre le pays, allant d’une transition constitutionnelle pacifique à une crise politique prolongée. Quoi qu’il en soit, l’avenir du Cameroun demeure incertain, et la manière dont cette transition sera gérée pourrait bien déterminer la stabilité future de l’un des pays phares d’Afrique centrale.
Prince Beganssou
Santé de Paul Biya : Le Cabinet civil dément les spéculations
