Ce jeudi 20 mars 2025, lors d’une table ronde sur la cybersécurité organisée à Cocody par le géant mondial des paiements Visa, le commissaire de police Marcellin Dougba, directeur de la Police de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), a adressé un message fort aux acteurs du secteur : « Investir dans la cybersécurité n’est plus une simple option budgétivore mais un investissement rentable. »
La cybersécurité est devenue un impératif incontournable dans le secteur financier en Côte d’Ivoire. Alors que la digitalisation des services financiers se développe à un rythme effréné, les risques liés à la fraude numérique et aux cyberattaques se multiplient, mettant en péril non seulement les institutions financières mais également leurs clients.
L’objectif de cette rencontre, placée sous le thème « Les défis de la cybersécurité dans l’écosystème des paiements numériques en Côte d’Ivoire », était de sensibiliser les différents acteurs aux dangers croissants auxquels ils sont exposés. Le commissaire Dougba a dressé un bilan alarmant des dernières années en matière de fraude et de cybercriminalité :
En 2022, 1 073 dossiers de fraude sur les transactions électroniques ont été enregistrés, entraînant un préjudice financier de 1 029 202 714 FCFA. En 2023, le nombre de dossiers a légèrement diminué (1 035) mais le préjudice financier a chuté à 411 599 122 FCFA. Cependant, les accès frauduleux aux systèmes informatiques ont explosé, passant de 47 dossiers en 2022 à un montant colossale de 3 302 428 287 FCFA en 2023.
Ces chiffres mettent en lumière l’ampleur des risques auxquels sont confrontées les institutions financières, dans un contexte où les paiements électroniques, bien que pratiques et inclusifs, exposent davantage les usagers à la fraude numérique.
La cybersécurité, un investissement stratégique
Malgré ces menaces, la confiance des Ivoiriens dans les paiements numériques demeure relativement élevée. Selon une étude récente, 78 % des consommateurs ivoiriens font confiance aux paiements électroniques et 64 % d’entre eux envisagent d’intensifier leur usage dans l’année à venir. Toutefois, cette confiance ne doit pas occulter les risques qui pèsent sur l’intégrité des systèmes de paiement.
Le commissaire Dougba a exhorté les institutions financières à considérer la cybersécurité sous un angle économique et stratégique. « Investir dans la cybersécurité n’est plus une simple option budgétivore mais un investissement rentable », a-t-il déclaré. Selon lui, les coûts liés à une attaque réussie, qu’ils soient financiers ou réputationnels, sont bien plus élevés que l’investissement dans des mesures préventives de sécurité.
La vigilance, première ligne de défense
Pour Ismahill Diaby, responsable chez Visa, la cybersécurité ne se limite pas aux actions des institutions financières seules. La sensibilisation des consommateurs à la cybersécurité est primordiale. « La vigilance doit être permanente face à des escroqueries de plus en plus sophistiquées », a-t-il souligné. En collaboration avec l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) et d’autres acteurs du secteur, Visa mène des campagnes de sensibilisation pour éduquer les consommateurs et renforcer leur capacité à détecter les risques.
Le rôle des institutions financières est également crucial. En plus d’investir dans des technologies de pointe pour sécuriser les transactions, elles doivent également mettre en place des mesures éducatives à destination de leurs clients, afin qu’ils puissent reconnaître et éviter les pièges tendus par les cybercriminels.
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Face à l’essor rapide des paiements numériques en Côte d’Ivoire, la cybersécurité doit être placée au cœur des priorités des institutions financières. Le commissaire Marcellin Dougba a clairement rappelé que l’enjeu est de taille : protéger l’intégrité des systèmes de paiement pour maintenir la confiance des consommateurs et assurer la pérennité du secteur. Comme l’a indiqué Dougba, « un investissement dans la cybersécurité aujourd’hui est un gage de rentabilité pour demain ». Il est désormais impératif que les acteurs du secteur prennent des mesures concrètes pour sécuriser l’écosystème des paiements numériques et garantir un environnement plus sûr pour tous les utilisateurs.
Prince Beganssou