En conseil des ministres du mercredi 9 mars 2022, le Président Alassane Ouattara a pris, entre autres, une ordonnance portant modification du régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle, précisément la communication sur les réseaux sociaux. Si ces mesures peuvent être accueillies avec joie, il convient tout de même de modérer cette joie car elles pourraient ouvrir la porte à des violations des libertés. Notamment celles des activistes, blogueurs et influenceurs du web.
Lors du conseil des ministres du mercredi 9 mars dernier, le gouvernement a adopté deux projets de loi dont l’un modifiant la loi numéro 2017-8687 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse et l’autre, modifiant la loi numéro 2017-868 du 27 décembre portant régime juridique de la communication audiovisuelle.
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Selon le porte-parole du gouvernement, ces deux décisions visent à « prendre en compte et à assurer une régulation efficiente des mécanismes nouveaux et croissants de communication publique (…). Il s’agit notamment des activités de communication audiovisuelle et des productions d’informations numériques diffusées par internet et autres réseaux multimédia ».
Toujours selon Amadou Coulibaly, cette mesure permettra de soumettre les contenus crées par les acteurs d’internet dont les blogueurs, les activistes ou influenceurs du web. Si le gouvernement Ivoirien justifie ces deux décisions par sa volonté d’assainir l’utilisation des réseaux sociaux en Côte d’Ivoire en livrant la guerre « aux contenus susceptibles d’affecter le développement physique, mental ou moral des mineurs, de prémunir le grand public contre certaines infractions courantes telles que l’incitation à la haine, la discrimination ethnique, sociale et religieuse, la xénophobie ou la provocation publique ».
Si de facto, ces mesures semblent salutaires au vu des arguments avancés, il faut toutefois les accueillir avec beaucoup de prudence. S’il est vrai qu’il n’y a rien de dramatique dans le fait que des gouvernants décident d’assainir l’utilisation des médias sociaux, il ne faut pas non plus oublier que lorsque des politiques prennent des mesures contraignantes, l’argument officiels est très souvent loin d’être celui qui a réellement motivé cette démarche.
En effet, très souvent, la loi a servi de prétexte aux dirigeants Africains pour soumettre le peuple à de nombreuses violations des libertés publiques et individuelles. Pour ces deux mesures prises par le gouvernement ouvrant sous prétexte de garantir un contenu aux normes des valeurs sociales et morales sur les réseaux sociaux, nul doute que la vérité est ailleurs. Depuis l’avènement d’Alassane Ouattara et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) au palais présidentiel d’Abidjan ; les espaces d’expressions démocratiques se sont amenuisés de façon inquiétantes.
Entre interdiction prolongement de manifestations publiques et les arrestations répétées de quiconque ose porter une voix contraire à celle des tenants du pouvoir, les Ivoiriens se sont vu priver leurs libertés d’expressions et politiques. Face à cette donne à eux imposée par le pouvoir Ouattara, de nombreux Ivoiriens trouveront refuge sur les réseaux sociaux, facebook, twitter, Instagram où ils portent leur voix et participent de façon citoyenne au contrôle de l’action du gouvernement en critiquant sur ce qui n’est pas parfait à leurs yeux.
C’est bien évidemment tous ces gens qu’Alassane Ouattara et son équipe souhaitent mettre sous éteignoir. Désormais tout lanceur d’alertes via Facebook, Twitter et Instagram qui sera jugé gênant pour le pouvoir se verra à la tenaille de celui-ci.
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Soumettre les activistes, les blogueurs, les influenceurs au même régime juridique que la presse n’est plus ni moins une manière insidieuse d’avoir tout ce beau monde à sa loupe et fermer la bouche à celui qu’il voudra. Alors que le pouvoir gagnerait plus à intégrer ces médias sociaux comme des outils de gouvernance. Et d’en faire un espace où il va écouter la voix de ce peuple dont personne n’écoute les souffrances qui finalement décident de se défouler sur ces plateformes.
Après avoir minimisé l’impact de ces nouveaux outils de communications, de nombreux cadres du pouvoir ont fini par les adopter et s’y installer. Ils y véhiculent régulièrement leurs messages. Cela montre que les réseaux sociaux ne sont pas un no man’s land qu’il faut brûler à tout prix.
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