Côte d’Ivoire : « La Fesci est passée du syndicalisme au grand banditisme » (Journaliste)

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Du syndicalisme au banditisme, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) est devenue un acteur de la violence sur les campus universitaires. Le récent assassinat de Déagoué Mars Aubin, alias « Général Sorcier », s’inscrit dans une longue série de crimes commis au sein de l’organisation.

Selon le journaliste Ferro Bailly, la FESCI a aujourd’hui sombré dans le grand banditisme, mêlant racket, intimidations et meurtres, face à des autorités impuissantes ou complices. Déagoué Mars Aubin, dit « Général Sorcier », a tragiquement trouvé la mort. Membre influent de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI, syndicat) et principal opposant au secrétaire général Kambou Sié, il a été assassiné.

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Et son corps a été découvert, dans la nuit du 29 au 30 septembre 2024, au CHU de Cocody. Il rejoint la liste, longue comme le bras, des atrocités commises par l’organisation syndicale: Thierry Zébié, accusé d’être un loubard au service du PDCI-RDA, est passé de vie à trépas le 17 juin 1991 à la cité Mermoz de Cocody; Habib Dodo, membre démissionnaire de la FESCI et fondateur de l’AGEECI (organisation rivale), a été enlevé le 23 juin 2004 à Yopougon avant d’être exécuté, etc.

De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, en passant par Laurent Gbagbo, la violence politique a pris pied sur les campus, instrumentalisés avec les matchettes et les gourdins. Et les crimes et comportements mafieux de la FESCI endeuillent les cités universitaires et des familles.

L’organisation estudiantine est passée du syndicalisme au grand banditisme. Elle s’est transformée en une sorte de milice armée ou un groupe d’autodéfense, qui se livre impunément aux agressions de toutes sortes, aux rackets, aux intimidations et aux meurtres.

Plusieurs fois interdite et chaque fois réhabilitée, face à son esprit machiavélique et diabolique, la FESCI est devenue un État dans le monde universitaire. Face à des autorités ou impuissantes ou complices, elle fait la pluie et le beau temps.

34 ans après sa naissance, elle ne se bonifie pas comme le bon vin. Elle a pris la belle allure d’un refuge tout trouvé pour le recyclage d’étudiants carriéristes, qui ont appris à faire du statut d’étudiant un emploi et une profession.

Le 30 juin 2012, Cissé Ibrahim dit Bacongo, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a pris le taureau par les cornes, à l’effet d’assainir les fichiers des étudiants dans les universités publiques. Par arrêté, il a prononcé l’exclusion de 1856 étudiants « sédentaires » (Cocody, Abobo-Adjamé et Bouaké).

En effet, son arrêté stipulait que tous les étudiants qui avaient plus de six ans avant la licence (aujourd’hui licence 3) et plus de huit ans avant la maîtrise (aujourd’hui master 1), étaient systématiquement mis à la porte des universités. Mian Augustin, secrétaire général de la FESCI (36 ans), qui cumulait, avant la maîtrise, 14 ans à l’université, a été ainsi renvoyé.

Cette hirondelle n’a pas fait le printemps de l’excellence et du mérite dans les universités publiques. Kambou Sié, certes diplômé de la faculté d’économie et de gestion est soi-disant agent du port autonome d’Abidjan. Mais, à 33 ans, il a pris la tête de l’organisation en décembre 2023, quand le malheureux « Général Sorcier », étudiant en master 2, trouvait la mort à 49 ans.

Le gouvernement a suspendu toutes les activités syndicales sur l’étendue du territoire. La direction de la police criminelle, quant à elle, a interpellé le secrétaire général de la FESCI et d’autres membres de l’organisation dans le cadre de cette enquête pour meurtre.

Pendant ce temps, le silence de l’Union nationale des anciens de la FESCI (Una-FESCI) est assourdissant. Car, le ver est dans le fruit. Portée sur les fonts baptismaux en novembre 2018 avec un bureau dirigé par Martial Ahipeaud, l’emblématique deuxième secrétaire général de l’organisation, cette union, traversée par des vents contraires, vit aussi des heures agitées, divisée qu’elle reste sur l’application des textes.

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Le mandat de trois ans du bureau sortant, selon l’article 42 du Règlement intérieur, est censé avoir pris fin depuis novembre 2021, mais aucune Convention n’est convoquée pour le renouvellement des instances dirigeantes. Et l’Una-FESCI, sans voix audible, patauge.

F. M. Bally

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