Siaka Diakité est le président de l’Organisation Nationale des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire (ONPCC-CI). Dans cette interview, il explique les raisons de la création de cette structure.
Pourquoi l’ONPCC-CI a-t-elle été mise en place et qui peut en être membre ?
L’ONPCC-CI est l’Organisation Nationale des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire. Elle a été mise en place par plusieurs leaders d’organisations de la filière café-cacao. Cette idée est née après la restitution des travaux du comité technique mis en place par l’État, lequel a réalisé un diagnostic de la filière. Ce diagnostic a révélé l’existence de plus de 87 Organisations autorisées. La principale faiblesse identifiée était l’absence de légitimité de ces Organisations à la base, laquelle se justifie par l’adhésion des producteurs. Or, ce point avait été négligé par les leaders d’organisation.
A lire aussi : Côte d’Ivoire : Des producteurs de café-cacao créent une alliance pour une interprofession forte et structurée
C’est ainsi que nous avons décidé de nous unir pour créer une Organisation faîtière forte : l’ONPCC-CI. Son rôle est de défendre les intérêts des producteurs de café et de cacao, de renforcer leur position dans la chaîne de valeur et de leur permettre d’avoir une voix plus forte dans la gouvernance du secteur. Son premier objectif est de régler la question de la légitimité à la base auprès des producteurs.
Il s’agit donc de regrouper ces derniers au sein d’une organisation capable de peser dans les décisions stratégiques, notamment en matière de prix, de commercialisation et de conditions de travail. Tout producteur de café et/ou de cacao en Côte d’Ivoire, qu’il soit indépendant ou affilié à une Coopérative, peut être membre de l’ONPCC-CI. L’Organisation se veut inclusive, représentant aussi bien les petits producteurs que les exploitants plus structurés.
Par le passé, nous fonctionnions de manière désorganisée, faute de répertoire et de base de données des producteurs. Mais récemment, l’Autorité de régulation a recensé et localisé les producteurs de café et de cacao. Aujourd’hui, on compte 1 072 000 producteurs recensés. Pour agir en leur nom, nous devons donc les convaincre d’adhérer à notre Organisation. La première mission que nous nous sommes assignée est d’obtenir cette adhésion à la base, et c’est ce que nous faisons actuellement.
Vous revendiquez le recensement de 100 000 producteurs. Comment cela a-t-il été possible pour une association née en janvier ?
Nous n’avons jamais parlé de recensement. Nous ne faisons donc pas de recensement des planteurs en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas notre rôle. Les planteurs sont déjà recensés, et nous allons vers eux pour leur proposer d’adhérer à cette organisation forte.
Selon certaines personnes, le président serait exportateur et ne devrait pas être à la tête d’une organisation de producteurs. Est-il possible qu’un exportateur dirige une telle structure ? Qu’en est-il exactement de son statut ?
J’ai fait le choix de mon statut, et les textes permettent aux postulants de faire un choix. Mon activité principale n’est pas l’exportation, mais la production, grâce aux nombreuses plantations que je possède un peu partout en Côte d’Ivoire. Je suis donc producteur, et c’est pour cela que je me suis rangé du côté des producteurs. Mon ambition est d’aider les producteurs à devenir eux-mêmes exportateurs et à gérer directement leur production.
Qu’est-ce qui garantit que l’ONPCC peut défendre les intérêts des producteurs ivoiriens ?
Les garanties que nous pouvons donner aujourd’hui tiennent au fait que nous sommes nous-mêmes producteurs. Notre objectif est de défendre les producteurs auprès de l’administration, face aux multinationales et face aux difficultés rencontrées sur le terrain. Par exemple, on constate aujourd’hui que la plupart des Coopératives ont été créées par des multinationales, ce qui engendre une concurrence déloyale pour les producteurs de base.
Nous entendons être présents aux tables de négociation afin de défendre leurs intérêts. Nous nous réjouissons de la confiance que nous accordent les producteurs, qui adhèrent massivement à notre organisation. Nous ferons tout pour ne pas les décevoir. C’est à l’œuvre que les producteurs nous jugeront. Notre première démarche est d’obtenir leur confiance.
L’une des actualités dans la filière est la fuite des productions vers les pays voisins. Quelle est la position de l’ONPCC et sa stratégie dans ce combat ?
Puisque l’ONPCC n’a pas encore deux mois d’existence, nous observons la situation avec beaucoup d’intérêt. Nous pensons qu’après notre structuration, nous nous attaquerons à ces sujets majeurs. Ce sont des situations qui nous préoccupent. Nous observons. Après notre restructuration, nous aborderons les sujets majeurs qui gangrènent notre filière, dont la fuite des productions vers les pays voisins.
Quels sont les projets à court, moyen et long termes de l’ONPCC ?
Tout se résume en un seul point : obtenir la légitimité auprès de la majorité des producteurs par leur adhésion libre et volontaire. Une fois cette étape franchie, nous dévoilerons la suite de nos ambitions. Notre objectif principal est de créer une faîtière forte, capable de parler au nom des producteurs de Côte d’Ivoire avec légitimité et force. Lorsque cette faîtière sera reconnue par l’État, nous pourrons nous prononcer sur d’autres questions.
Dans les coulisses, il se dit que vous avez mis en place l’ONPCC dans le but de prendre la tête de l’Interprofession. Que répondez-vous ?
La loi en vigueur stipule qu’une organisation souhaitant candidater à l’Interprofession doit représenter au moins 15 % des producteurs. Avec un million de producteurs, cela représente 150 000 adhérents. Aujourd’hui, si d’autres Organisations avaient atteint le niveau de l’ONPCC, nous pourrions postuler à l’interprofession et créer l’OIA.
Quel est votre message aux leaders d’Associations et aux présidents de Coopératives ?
Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente
L’ONPCC demande aux leaders d’Associations et aux présidents de Coopératives de se mobiliser sur le terrain et de solliciter l’adhésion des producteurs. Nous voulons que 10 voire 20 Organisations adoptent la même démarche que nous et se déploient sur le terrain pour rallier les producteurs à notre cause. Dans quelques jours, nous nous réunirons pour unir nos forces et démontrer à l’État que nous avons dépassé l’objectif de 50 % d’adhésions, atteignant plutôt 60 à 70 %.
Le Nouveau Réveil
Man : Les producteurs de Café-Cacao font bloc derrière l’ONPCC-CI
Siaka Diakité ONPCC-CI, Siaka Diakité ONPCC-CI