Côte d’Ivoire : « Nous luttons contre les conflits fonciers liés aux terres coutumières »

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Essi Bouaki, est le directeur régional de l’Environnement, du développement durable et de la transition écologique du Gôh (Gagnoa). Depuis le samedi 29 mai 2021, il est aussi le président de la Mutuelle du développement de Kandenan, dans la sous-préfecture d’Amanvi. C’est en cette qualité qu’il a accordé cet entretien à Générations Nouvelles, pour évoquer entre autres ses ambitions à la tête de cet instrument de développement.

Elu en 2021 à la tête de la Mutuelle de développement économique de Kandenan, votre mandant arrive à terme dans quelques jours. Quel bilan pouvez-vous dresser de votre gestion de la mutuelle ?

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Merci pour cette opportunité que vous m’offrez afin de faire le bilan de 4 années d’exercice. Avant, je voudrais dire merci à tous nos partenaires qui nous ont accompagnés. Merci également à toute la population de Kandenan, particulièrement, aux membres du Bureau exécutif qui ont cru et eu confiance en nous. Ce bilan est le résultat de l’effort de chaque fille et fils de Kandenan.

Les débuts n’ont pas été faciles, car si certains partageait notre vision, ce n’était pas le cas chez d’autres. Mais, avec le temps, c’est une parfaite entente et je puis le dire, chacun est engagé pour le développement de Kandenan. Comme bilan et de façon ramassé, je peux mettre à l’actif de tous, une organisation modèle, vu qu’en moins d’un mois, cette mutuelle a son récépissé de dépôt et les autres étapes se poursuivent pour sa déclaration officielle.

Nous avons réussi à créer l’union entre les filles et les fils de Kandenan. Plusieurs activités ont été menées après l’investiture du bureau en Pâque 2022, notamment, le lancement du projet de reboisement des flancs de la Baya, le soutien pour les activités culturelles du canton Attiprime et de la province Foumassa, le soutien aux activités des jeunesses…

Au niveau des infrastructures, l’extension de l’école primaire, la construction d’une cantine scolaire, de latrines et de logements de maitres, avec pour partenaire, le Conseil café-cacao sont aujourd’hui, une réalité. Un de nos partenaires, agent d’Affaires judiciaires, Me Kouadio Kouamé, nous a offerts un forage. Nous avons pu améliorer le système de communication communautaire par l’installation de haut-parleurs dans le village.*

Quels ont été les grands chantiers mis en œuvre ?

Les grands chantiers sont l’éducation, la santé le social, l’environnement et le bien-être. Dans le domaine de l’éducation, nous avons le projet de construction de la cité des fonctionnaires pour permettre aux enseignants de se loger confortablement. Nous appuyons chaque année, les activités de l’école et nous faisons la promotion de la culture de l’excellence.

Au plan social, avons initié l’entraide entre les membres à travers la création de la Commission des affaires sociales (CAS). Au niveau de l’environnement, nous avons un projet très ambitieux qui consiste à reboiser les flancs de la Baya sur 5 kilomètres, soit 50 ha dont le lancement a eu lieu en Pâque 2024. Par nos conseils, la jeunesse a bénéficié d’un projet de 9 millions de francs en cours d’exécution, portant sur la culture du manioc.

Diriez-vous donc que ce bilan est positif et que les perspectives sont bonnes ?

Parlant de bilan, le sel ne se dit pas salé. Je laisse l’occasion à la population d’apprécier. Mais, ce que je voudrais préciser est que nous avons réussi à faire de Kandenan un village envié par les autres. La preuve, les lots issus du projet de lotissement fait, s’arrachent comme de petits pains, non seulement par les filles et fils du village de Kandenan, mais par des non natifs de Kandenan, car la destination Kandenan est prometteuse.

Le modèle de préfinancement du lotissement est une preuve de l’union sacrée entre les filles et les fils de Kandenan pour son développement. Aussi faut-il ajouter l’intérêt accorder par la population à travers les soutiens de tous ordres quand les projets sont lancés.

Avez-vous vraiment réussi à rassembler les filles et fils de Kandenan autour de ces projets de développement ?

Nous avons fait dans la mesure de nos possibilités ce qu’il faut pour rassembler des personnes autour d’un idéal, les appréciations sont individuelles. Je laisse la latitude à chacun d’apprécier.

Quel est l’impact des clivages sociopolitiques sur une telle ambition ?

À Kandenan, nous savons distinguer les choses. Je peux même le dire sans me tromper et je voudrais que cela fasse école, quand il s’agit de se retrouver autour de Kandenan, nous sommes un et après, chacun retrouve son cadre professionnel et politique. Mieux, nous profitons de toutes ces expériences acquises des chapelles politiques de ceux qui font bien sûr la politique, car il faut le préciser, si certains sont membres de partis politiques, d’autres ne le sont pas. La Mutuelle est avant tout apolitique.

Quelle action d’envergure prévoyez-vous comme apothéose avant de remettre la présidence de la Mudeka ?

Avant notre départ de la présidence, les projets qui me tiennent à cœur sont la cité des fonctionnaires. Les discussions vont bon train avec nos différents partenaires. Il y a aussi la construction d’un centre santé de type urbain.

Serez-vous candidat à votre propre succession et devinant votre réponse, pourquoi ?

Pour rappel, mon élection passée fut un plébiscite. Nous avons travaillé tous ensemble, pour ne pas dire que chacun est comptable de tous les projets terminés ou en cours. Alors, je me remets à cette même assemblée qui va décider. Sinon, je suis encore disponible avec toutes les énergies possibles pour continuer de servir mon village.

Pourquoi les populations de Kandenan devraient-ils continuer de vous faire confiance en vous reconduisant à la présidence de la mutuelle ?

Vous parlez de confiance. Mais, moi, je parle plutôt de pacte de développement à l’effet d’achever les infrastructures commencées. C’est la première pierre d’un foyer polyvalent qui sera posé le samedi 19 avril, suivi de la remise du forage et des hauts parleurs. Bien sûr, d’autres édifices suivront les années à venir.

La Mudeka a-t-elle un projet d’insertion sociale de pour les jeunes diplômés du village ?

Sans toutefois se vanter, des efforts sont faits chaque année sous mon impulsion par les cadres pour faciliter l’insertion des jeunes diplômés, les opportunités d’emplois sont toujours publiées sur notre plateforme. Nous aidons les jeunes en payant les frais de préparation et d’inscription aux concours de la Fonction publique. Nous accompagnons les bacheliers dans le choix des filières et même dans les équivalences et le changement de filières. Je tiens à féliciter ici, les enseignants des universités et grandes écoles publiques et les cadres du village pour tous ces efforts.

Dans ce cadre justement, quelles sont les opportunités qu’offre l’université de Bondoukou à la région ?

Je pense que l’université de Bondoukou est la bienvenue avec ses filières d’enseignement de qualité. Cette université permettra aux bacheliers du Gontougo en général, et ceux de mon village, Kandenan, d’avoir un accès facile aux études supérieures. C’est également plusieurs opportunités d’emplois directs ou indirects pour nos jeunes. C’est une université nationale.

Cela dit, ce ne seront pas les bacheliers du Gontougo seulement. Alors, encourageons nos jeunes frères à être excellents. C’est ce qui paie. La Mudeka regorge de hauts cadres dans l’administration publique et des entreprises privées au niveau des hommes.

Comment comptez- vous favoriser l’accès des femmes de la Mudeka à ce genre de postes ?

Pour l’insertion des femmes aux postes de hautes responsabilités, nous nous exerçons déjà avec la place de la gent féminine dans les activités que nous initions. Avant, les femmes ne participaient pas aux grandes rencontres. Mais, de plus en plus, cela s’éloigne. Nous les encourageons toujours à prendre des initiatives. Nous comptons, dans nos activités, inviter des femmes cadres supérieurs des administrations publiques, privées et parapubliques afin de les y sensibiliser.

Je pense que cela pourra les impacter positivement. Autre chose qui est déjà mise en pratique, c’est de mettre les quelques rares femmes que nous avons en notre sein, au-devant de nos activités. Enfin, nous allons promouvoir l’excellence féminine depuis le bas âge…

Tout à l’heure, vous avez parlé de lotissement, quelle est la politique mise en place en faveur de la sécurisation foncière ?

La Mudeka s’inscrit dans la politique de sécurisation foncière de la Côte d’Ivoire, qui vise à garantir des droits fonciers clairs et reconnus afin de prévenir les conflits, encourager l’investissement agricole et assurer un développement durable. Notre rôle en tant que mutuelle, c’est d’informer et sensibiliser nos parents sur ce cadre juridique.

Nous luttons contre les conflits fonciers liés aux terres coutumières, à l’immigration agricole et à l’urbanisation. Je voudrais à la fin de cet entretien, traduire toute ma gratitude au quotidien Générations Nouvelles à toute la population de Kandenan, inviter cette population à l’union sacrée pour le développement de notre cher village. La Pâques 2025 sera inédite.

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Alors, sous aucun prétexte, cette rencontre ne doit se faire sans une seule fille et un seul fils du village. Plusieurs partenaires seront de cette partie pour explorer les atouts de notre terroir. Viens être un témoin privilégié. Rendez-vous les 18, 19, 20, 21 avril 2025 à Kandenan. Je vous remercie.

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Essi Bouaki Gagnoa, Essi Bouaki Gagnoa


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