Cissoko Ousmane, ancien membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) et militant de Générations et Peuples Solidaires (GPS) donne sa compréhension de la situation que vit la Fesci ces derniers temps.
En tant qu’ancien de la Fesci, quel regard portez-vous sur la situation actuelle de l’organisation ?
Merci pour la lucarne que vous nous offrez pour nous prononcer sur l’actuelle situation de la Fesci, plus au-delà, de l’école ivoirienne. Ma première pensée va à l’endroit de la famille du camarade qui a récemment perdu la vie. Je m’incline respectueusement sur sa dépouille. La Fesci est le plus grand syndicat pour la défense des élèves et étudiants pour l’obtention de meilleures conditions d’études.
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Ce à quoi nous assistons depuis quelques jours est la conséquence de la politisation de l’espace universitaire par certaines autorités du pays qui, à défaut de contrôler le syndicat, veulent le salir. J’ai cependant foi que le BEN de la Fesci trouvera les moyens adéquats pour sortir le syndicat de cette impasse qui ne devrait même pas en être une et ce, pour le bonheur des élèves et étudiants.
Pensez-vous comme certains de vos camarades, notamment Eugène Djué que la Fesci est victime d’un complot visant sa décapitation tant bien qu’il ait mort d’homme ?
Nul ne peut être accusé d’avoir facilité un complot contre sa personne. Cependant, la Fesci doit davantage communiquer sur ses activités et surtout travailler à assainir le milieu universitaire et son image. Aujourd’hui, la Fesci s’attaque à un fléau qui gangrène la société notamment l’école ivoirienne.
Tout porte à confirmer cette assertion quand on voit la célérité avec laquelle les événements se sont déroulés. 48 heures après la mort du camarade, des arrestations ont lieu dont le Secrétaire général de la Fesci au motif que le décédé serait un opposant au leader estudiantin selon les dires du procureur. Et dans la foulée, les activités de la Fesci sont suspendues. Il est bon de savoir que le camarade n’a ni perdu la vie sur l’espace universitaire, encore moins lors d’une activité de la Fesci.
Alors pourquoi suspendre la Fesci ? Y a-t-il un plan caché ? Le BEN ayant pris note de l’arrestation de son premier responsable, a désigné un intérimaire qui aussitôt a été arrêté. Quelle est l’infraction qui lui est reprochée ? Le siège de la Fesci détruite alors que le ministre de tutelle a visité les travaux (donc son quitus), les étudiants vidés des résidences universitaires… Nous sommes dès lors dans la droite ligne de ce qu’a toujours voulu monsieur Ouattara depuis sa primature 1992, c’est-à-dire, réduire la Fesci au silence.
Sinon si des membres d’un quelconque groupement se rendent coupables d’une infraction ou délit, c’est leur responsabilité individuelle qui est engagée et non celle du groupement auquel ils appartiennent étant entendu qu’ils n’ont pas agi lors d’une activité dudit groupement. En son temps, le RDR avait été accusé d’être le parrain de la rébellion sans que les autorités d’alors ne suspendent les activités de ce parti afin de tirer l’affaire au clair. La Fesci est victime d’un complot.
De quoi s’agit-il ?
Depuis un moment, nous assistons à la circulation et à la consommation de la drogue à grande échelle au sein de l’école ivoirienne. La Fesci s’est donc donnée la mission citoyenne d’éradiquer ce fléau. Mal lui en a pris car certains barons (kambou Sié le dit dans sa vidéo) lui ont promis de lui mener la vie dure, de mettre un terme prématurément à son mandat. Ce à quoi il nous est donné d’assister. Alors, si c’est cela prêter le flanc, les élèves et étudiants ivoiriens encouragent le BEN de la Fesci à continuer à prêter le flanc.
Au regard des critiques qui fusent contre elle, la Fesci ne devrait-elle pas plutôt faire sa mue que de crier au complot ?
Faire sa mue voudrait-il dire changer de ligne directrice ? La mission de la Fesci est de lutter pour de meilleures conditions de vie et de travail des élèves et étudiants ivoiriens. Cela ne changera pas. Comme je l’ai dit plus haut, il appartient à la Fesci de communiquer davantage sur ses actions, d’organiser des journées portes ouvertes et je suis sûr que les syndiqués et les Ivoiriens porteront son combat. Il y a deux ou trois ans, il y avait la saisie de plusieurs tonnes de drogue à travers le pays.
Saisie qui a occasionné (si j’ai bonne mémoire) l’arrestation même du chef de la brigade des stups de San Pedro. C’est dire combien le mal est profond. Ces seigneurs ivoiriens de la drogue sévissent dans nos lycées et collèges et sur l’espace universitaire et cela ne peut prospérer. Cette lute noble ne doit pas être seulement l’affaire de la Fesci, mais de tous les acteurs de l’école et des autorités actuelles de notre pays. Aidez la Fesci à assainir l’école ivoirienne sinon le temple du savoir deviendra sous peu la plaque tournante de la drogue.
Alors que la structure est dans la tourmente, en tant qu’ancien membre, comprenez-vous le silence des anciens comme Guillaume Soro et Charles Blé Goudé ?
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Il faut tout faire pour maintenir le politique loin de la Fesci, donc de l’école ivoirienne. Ces anciens leaders estudiantins sont aujourd’hui des hommes politiques qui doivent se tenir loin de leur ancien mouvement. Car le parallèle sera vite trouvé pour dire qu’ils manipulent les étudiants à des fins personnelles. Et le mal placé de tous, c’est bien le camarade Soro Guillaume qui serait accusé de déstabilisation via la Fesci. Chose qui précipiterait la dissolution définitive du mouvement (rire).
Générations Nouvelles
Cissoko Ousmane Fesci, Cissoko Ousmane Fesci
Quiconque définit la FESCI comme un mouvement pour la défense des droits des élèves et étudiants cherche à dissimuler ou ne connaît simplement pas la réalité du milieu universitaire en Côte d’Ivoire. Avant la mesure salutaire de suspension des activités de cette milice qu’était devenue la FESCI, Cette association s’était octroyé le droit de vie et de mort sur nos enfants, sans même parler des droits de cuissage et autres exactions quotidiennes sur leurs supposés syndiqués à qui il n’a jamais été laissé la liberté d’adhérer ou pas. La FESCI était également devenue une véritable entrave au bon déroulement des activités académiques, pédagogiques et scientifiques, voulant imposer son diktat aux Enseignants et responsables administratifs des Universités. En résumé, il s’agissait d’une milice (ses animateurs en avait la tenue, les surnoms, la manière de saluer et les pratiques ) composée de vieillards déjà renvoyés des Universités qui avait pris en otage le système éducatif ivoirien. VIVEMENT LA DISSOLUTION DÉFINITIVE !!!