Côte d’Ivoire : « On veut éliminer Thiam de la compétition mais ce serait trop » (Me Blessy Chrysostome)

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Me Blessy Jean Chrysostome
Me Blessy Jean Chrysostome
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Alors que la tension monte à l’approche de la présidentielle ivoirienne d’octobre 2025, le camp du PDCI-RDA dénonce une série de manœuvres judiciaires visant à écarter son leader, Tidjane Thiam, de la compétition. Mercredi 2 avril, au Palais de justice d’Abidjan, Me Blessy Chrysostome, avocat du parti, a pointé du doigt une instrumentalisation de la justice autour de la question de la nationalité de Thiam. Un dossier sensible qui pourrait peser lourd dans la course à la magistrature suprême.

L’objectif c’est éliminer Thiam de la compétition. Mais. Si tu ne l’élimines pas, il va te battre. Il y a des personnes qui, sachant le jugement des électeurs, préfèrent s’assurer le jugement des tribunaux. Donc, tout ce que je veux expliquer retenez, la finalité d’éliminer Thiam de la compétition.

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On veut éliminer Thiam de la compétition à partir du Conseil constitutionnel, mais ce serait trop voyant les liens d’alliance qu’il y a entre eux, ainsi de suite. Donc, on descend d’un cran. On laisse la chose s’exécuter par les militants, soi-disant par les électeurs. De quoi s’agit-il ? Depuis un moment, on a sorti le débat sur la nationalité de Thiam Thiam, sur l’article 48 du Code de nationalité. Ce n’est pas que les Ivoiriens qui connaissent le droit ne comprennent pas la subtilité de l’action qu’on veut mener avec l’article 48. Ce n’est pas que, ceux mêmes qui soulèvent l’article 48 ne savent pas que cet article 48 ne peut pas aboutir à la mise hors course de notre champion. Mais le droit dont je parle, le droit dans lequel ils s’inscrivent, c’est ce droit qui n’est pas juste.

C’est le droit malveillant, le droit de manipulation du tribunal, le droit de manipulation des éléments de décision. C’est de ça qu’il s’agit. Je ne vais pas vous dire que la présidente du tribunal qui a la procédure qui a déjà eu à connaître d’une question de tenue de Bureau politique contre nous en 2020. Donc, c’est comme si au tribunal, il y avait des gens qui étaient explicitement mis là pour lutter contre le PDCI-RDA. Qu’est-ce qu’on veut faire ? Éliminer Thiam. Comment l’éliminer ? On va s’accrocher à une procédure qui a été engagée par le PDCI-RDA. Je vous parlerai de trois procédures.

La première procédure, c’est celle qui a été engagée par Yapo Valérie Yolande au fond. Quand on dit au fond, cela veut dire devant la juridiction du tribunal. Elle va connaître des questions majeures qu’elle pose. Dans cette assignation, Yapo Valérie fait valoir qu’elle a été sanctionnée par un Conseil de discipline. Et qu’elle demande l’annulation de cette décision. Mais elle demande l’annulation de cette décision sur la base de quoi ? De deux moyens. Le premier moyen est dit au tribunal. Mais sur la base de l’acte 48, le président Tidjane Thiam  ne pouvait pas être candidat aux élections en décembre 2023. Pourquoi ? Parce qu’en ce moment-là, il n’avait que la nationalité française. Or, pour être président d’un parti politique ou bien pour être candidat à la présidence du PDCI, il faut avoir la nationalité ivoirienne. Or, au moment des élections, il avait la nationalité française et il n’avait pas la nationalité ivoirienne. Alors, c’est à tort par fraude qu’il a pu se faire élire à plus de 96% des voix par les militants du PDCI-RDA. Voici le raisonnement. Donc, si un président qui ne devait pas, en principe, être élu a été élu et a désigné des membres d’un organe, le Conseil de discipline, alors le conseil de discipline lui-même est entaché d’irrégularités. Le Conseil de discipline est irrégulier. Donc, si c’est ce Conseil de discipline qui m’a sanctionné, monsieur le tribunal, je vous demande de constater que la sanction qu’on m’a donnée est frappée d’annulation, elle ne peut pas valoir.

Deuxièmement, monsieur le tribunal, constatez qu’on m’a sanctionnée pour une exclusion temporaire. Exclusion temporaire, cela veut dire qu’il y a un terme au bout duquel un organe va apprécier mon exclusion. Or, monsieur le tribunal, il faut constater qu’en réalité, il s’agit d’une exclusion définitive, puisqu’on ne sait jamais quand est-ce que le Congrès qui doit confirmer ou pas se tiendrait. Pour ces raisons, je vous demande d’annuler la décision. Regardez qu’il y a quelque chose qui est subtil. Dans son acte d’assignation, elle appelle le procureur à la procédure. Elle appelle le ministre de la Justice à la procédure. Elle appelle Mme Lynda   Sangaré, présidente du Conseil de discipline, à la procédure comme l’article 70 à l’article 78 du code des nationalités indique lorsqu’on doit faire une procédure de perte de nationalité.

Donc, en réalité, l’argument sur l’article 48 est comme un argument principal, le but principal de la requête. En appréciant l’annulation de la décision du Conseil de discipline, le juge serait amené à apprécier la nationalité de Tidjane Thiam et lui dire s’il était Ivoirien ou pas. Donc, c’est les effets induits. Le juge décide à cette occasion, il dit : « bon, voici la première audience, je vais faire instruire le dossier ». Instruire le dossier, c’est-à-dire je vais bien comprendre le dossier. Je fais un calendrier dans lequel le PDCI lui-même va donner ses écritures, ses explications. Dame Yapo Valérie va redonner ses explications. On répliquera jusqu’à la date du 24 avril où il n’y a plus de changement d’écriture. Le 24 avril, vous venez et puis je vous donne une date à laquelle je vais rendre mon délibéré en me fondant sur tout ce que vous avez écrit. C’est la première procédure.

Donc l’appréciation des moyens de cette procédure devrait conduire le juge du tribunal à apprécier la nationalité de Tidjane Thiam. Maintenant, le PDCI décide que le Bureau politique se tient le 5 avril. Dame Yapo Valérie vient et dit non. Là, elle ne va pas au fond. Elle va voir le juge. On appelle le juge des référés. C’est un juge de l’urgence. C’est un juge de l’évidence. Lorsque quelque chose est évident, c’est urgent, on va voir ce juge pour des mesures conservatoires. Mais pour ces mesures conservatoires-là, il y a deux sortes de procédure d’urgence. Il y a le référé ordinaire, pour lequel toi-même tu fais ton assignation et puis tu donnes une date qui respecte les huit jours entre la notification et la tenue de l’audience. Et puis, il y a ce que l’urgence fait que tu rédiges une lettre, on appelle une requête, à la présidente du tribunal pour dire Madame la Présidente, voici les faits que je vous expose. Donc, si je vous expose ces faits, il y a des urgences dedans. Donc, je vous demande de m’autoriser à assigner cette personne d’heure à heure.

Ça peut se faire là, dans l’heure qui vient, dans le jour qui vient, dans l’urgence où tu t’es débarrassé du respect des huit jours de délai entre l’assignation et le jour d’audience. Donc, le juge te dit, ok, je vous autorise à assigner et telle personne à telle date. Ça veut dire que là, c’est urgent. Mais notre adversaire n’a pas saisi, n’a pas fait un référé ordinaire. Cela veut dire qu’il n’y avait pas de très grande urgence. Pour faire quoi ? Pour dire, Madame la Présidente du tribunal de 1ere instance d’Abidjan, Mme Touré Aminata, je souhaite que, pour ne pas que je subisse des préjudices irréparables, vous suspendiez les activités du PDCI-RDA. Puisque là, ils vont organiser un Bureau politique. Je suis militante une icône du PDCI-RDA. Il faut que je puisse participer à cette réunion de l’organe du Bureau politique, pour qu’il n’y ait pas demain des éléments qui permettent de me préjudicier, je souhaite simplement qu’en attendant que le juge du tribunal que j’ai saisi rende une décision définitive au fond, que vous vous en saisissiez pour suspendre le PDCI-RDA de toute activité. Vous voyez donc la manœuvre. Il faut bloquer complètement la tenue du Bureau politique.

La troisième procédure, ce sont les réclamations des électeurs. Donc, on a reçu, jusqu’à hier, quatre réclamations contre notre champion. Des réclamations qui disent qu’il demande sa radiation de la liste électorale pour défaut de nationalité ivoirienne. Non, il ne faut pas prendre les procédures les unes après les autres. Il faut les mettre en ensemble. Calculez le délai. Lorsqu’il y a des réclamations à la CEI, les réclamations finissent samedi ou dimanche prochain. Après, il y a l’affichage pendant trois jours. Après l’affichage de trois jours, du 9 au 13 avril, il y a que celui qui est mis en cause qui va faire ses observations. . Et pour le temps des observations, la CEL a trois jours pour rendre une décision. Calculez les dates. Il y a un petit temps qui permet à celui qui est mis en cause de pouvoir faire un recours. Recours devant le président du tribunal. Qui, lui, dans les cinq jours du recours, doit rendre une décision. On sera juste au-delà du 24 avril 2025. C’est ce jour-là que le tribunal rendra une décision sur le fond dans la première procédure. Et cette décision du tribunal sera utilisée par la CEI. Voilà ce qui se prépare par nos concurrents qui ne veulent pas se salir la main.

Vous comprenez ? Donc, c’est de cela qu’il s’agit. Il faut éliminer à tout prix Thiam. Nous savions cela. Toutes les tractations autour. Nous avons entendu.

L’article 48 dit : Si tu prends la nationalité d’un autre pays, tu perds ta nationalité d’origine. C’est un truc difficile. Ça veut dire que le Nigeria peut porter plainte à la CAF pour que la Côte d’Ivoire perde sa troisième étoile de la Coupe d’Afrique. Puisque tous ceux qui ont joué pour que la Côte d’Ivoire gagne la troisième étoile sont tous des binationaux. Donc ils n’étaient pas Ivoiriens. Et puis. Quand tu regardes le gouvernement. Dans toute la Côte d’Ivoire, nous sommes presque tous des étrangers. Ils sont très nombreux à avoir la nationalité française, la nationalité américaine, la nationalité canadienne, la nationalité burkinabé, la nationalité malienne, la nationalité guinéenne. Est-ce qu’on a renoncé ?

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Et je vais vous parler. Sans langue de bois. Je vais vous dire ce que je pense. On veut nous faire peur. On veut nous enlever notre droit. Supposons même qu’ils aient raison, que par rapport à l’application d’article 48, tu fais ceci, tu fais cela. Ok. Mais alors. Il faut se rappeler. Que la Côte d’Ivoire, depuis un bon moment, a pris le leadership dans la recherche de stratégie pour lutter contre l’apatridie… La Côte d’Ivoire a signé le protocole de lutter contre l’apatridie

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