
À sept mois de l’élection présidentielle, l’opposition ivoirienne franchit un cap avec l’annonce officielle de la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-Côte d’Ivoire) ce lundi 10 mars 2025. Au siège du PDCI-RDA. Portée par des figures politiques de premier plan, cette nouvelle structure entend peser dans le débat national en exigeant des réformes électorales profondes.
La CAP-Côte d’Ivoire se dote d’une organisation bien définie. À sa tête, la Conférence des Présidents est coordonnée par Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA. La porte-parole principale est Simone Ehivet, présidente du MGC, assistée par Danièle Boni-Claverie, présidente de l’URD. Un secrétariat technique est également mis en place pour assurer la gestion administrative et stratégique de la coalition.
A lire aussi : Côte d’Ivoire : La coalition DIR soutient la candidature d’Alassane Ouattara pour l’élection présidentielle de 2025
« Unis, nous sommes plus forts », a affirmé Simone Ehivet, soulignant la nécessité pour l’opposition de parler d’une seule voix afin d’obtenir des élections « inclusives, libres, justes, transparentes et apaisées en octobre 2025 ».
Un appel pressant au dialogue électoral
La CAP-Côte d’Ivoire n’est pas née du hasard. Depuis avril 2023, l’opposition ivoirienne alerte sur les dysfonctionnements du système électoral, notamment le découpage électoral, la liste électorale, la Commission Électorale Indépendante (CEI), et la sécurisation du scrutin. « Il urge de s’asseoir à la table du dialogue », a martelé Simone Gbagbo, rappelant que plusieurs tentatives de discussions avec le pouvoir sont restées vaines.
Les partis d’opposition dénoncent notamment le refus du gouvernement d’engager une révision du fichier électoral et de garantir l’indépendance de la CEI. Ils pointent aussi du doigt « une collusion à peine voilée entre le parti au pouvoir et l’organe électoral ».
Des inquiétudes partagées par la communauté internationale
La question électorale ivoirienne a également été au centre des préoccupations de la communauté internationale. Lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) de novembre 2024 à Genève, des pays comme la France, les États-Unis, le Canada, la Suisse et l’Espagne ont formulé de vives critiques sur le processus électoral en Côte d’Ivoire.
Parmi les 273 recommandations adressées au gouvernement ivoirien, trois points majeurs ressortent : Créer les conditions d’un dialogue politique pour des élections libres et transparentes en octobre 2025, revoir l’ordonnance du 12 juin 2024 sur la société civile afin de la rendre plus conforme à la Constitution ; rendre des mesures pour réduire le nombre de détenus préventifs dans les prisons. Face à ces critiques, l’opposition souligne le « silence radio absolu » du gouvernement et s’inquiète d’un risque de crise électorale si aucun changement n’intervient.
Vers une opposition unie pour 2025 ?
Avec la CAP-Côte d’Ivoire, l’opposition veut éviter l’éparpillement des forces et se positionner comme une alternative crédible au pouvoir en place. Reste à savoir si cette dynamique unitaire tiendra jusqu’au scrutin présidentiel.
« L’élection présidentielle d’octobre 2025 doit entrer dans les esprits comme ce tournant historique où le peuple de Côte d’Ivoire a montré sa grandeur et sa maturité à la face du monde », a déclaré Simone Gbagbo. Le défi est de taille : convaincre le gouvernement d’engager des réformes, mobiliser les électeurs et maintenir une cohésion au sein d’une opposition historiquement divisée.
Quelles perspectives ?
D’ici octobre 2025, la CAP-Côte d’Ivoire prévoit une série d’actions pour sensibiliser l’opinion publique et maintenir la pression sur les autorités. « Désormais, apprêtez-vous à nous voir agir ensemble », a prévenu Simone Gbagbo, affirmant que « la mission de la CAP est nationale et historique ».
Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente
L’élection présidentielle approche et les enjeux sont clairs : la Côte d’Ivoire parviendra-t-elle à organiser un scrutin crédible et apaisé ? La réponse dépendra en grande partie de la capacité du pouvoir et de l’opposition à s’accorder sur les conditions du jeu électoral.
Prince Beganssou
Toba Yvonne élue coordinatrice de la coalition Tournons La Page Côte d’Ivoire