Selon la Banque africaine de développement (BAD), en 2023, la Côte d’Ivoire a affiché une croissance économique robuste de 6,5 %, soutenue par l’investissement et la consommation intérieure malgré une baisse significative de la production de cacao. Ce dynamisme économique s’accompagne d’une inflation en ralentissement et d’une amélioration des finances publiques, bien que des défis tels que le déficit du compte courant et le chômage des jeunes persistent.
Les perspectives pour 2024-2025 sont prometteuses, avec une croissance projetée à 7 % en moyenne, favorisée par une hausse de la production de cacao et des investissements dans les infrastructures. L’activité économique a été vigoureuse en 2023, avec une croissance du PIB réel estimée à 6,5 %, contre 6,2 % en 2022, soutenue par l’investissement (public et privé) et la consommation intérieure.
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Malgré une baisse de 22,7 % de la production de cacao, la croissance économique a été maintenue grâce au dynamisme de l’agriculture vivrière, du BTP, des industries manufacturières et extractives, du commerce et des transports. L’inflation a ralenti, passant de 5,2 % en 2022 à 4,4 % en 2023, grâce à la politique monétaire restrictive de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et aux mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la cherté du coût de la vie.

La poursuite des réformes visant à accroître les recettes intérieures et à améliorer la gestion budgétaire a contribué à réduire le déficit budgétaire de 6,8 % du PIB en 2022 à 5,2 % en 2023, permettant de stabiliser le ratio de la dette à 56,8 % du PIB en 2023 (contre 56,7 % en 2022). Le déficit du compte courant s’est creusé, passant de 7,7 % du PIB en 2022 à 8,2 % en 2023, en raison des déficits des services et des revenus. Les performances du secteur financier demeurent satisfaisantes, avec des crédits à l’économie en hausse de 16,2 % entre 2022 et 2023 et des prêts non productifs en baisse de 7,2 % entre décembre 2022 et juin 2023.
Selon la deuxième enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages, le taux de pauvreté est passé de 39,4 % en 2018 à 37,5 % en 2021. Bien que le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) ait baissé de 5,4 % en 2020 à 4,9 % en 2023, il reste un défi majeur pour la cohésion sociale. Le renforcement de l’inclusivité de la croissance et la création de plus d’emplois pour les jeunes sont au cœur du programme social 2022–2024 et du programme jeunesse 2023–2025 du gouvernement.
PERSPECTIVES ET RISQUES
Les perspectives économiques demeurent favorables, avec une croissance du PIB réel projetée à 7 % en moyenne en 2024–2025, stimulée par l’augmentation de la production de cacao en réponse à la hausse des prix du cacao, l’investissement dans les infrastructures, le développement des chaînes de valeur agro-industrielles, et l’exploitation du champ de Baleine, dont le potentiel est estimé à 2,5 milliards de barils de pétrole et à 3 300 pieds cubes de gaz naturel.
L’inflation devrait baisser en dessous de l’objectif de 3 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine en 2025, grâce à l’augmentation de l’offre locale de denrées alimentaires. L’assainissement budgétaire devrait permettre de contenir le déficit budgétaire à 4,2 % du PIB en 2024 et à 3 % en 2025. Le déficit du compte courant devrait se réduire à 6,9 % du PIB en 2024 et à 6,1 % en 2025, grâce à l’amélioration des termes d’échange.
Toutefois, ces perspectives pourraient être compromises par une détérioration de la situation sécuritaire dans le nord, aggravée par le taux de chômage élevé des jeunes, l’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le durcissement des conditions financières internationales et les risques climatiques. Le renforcement de la stabilité macroéconomique, de l’inclusivité et de la durabilité de la croissance, ainsi que de la sécurité et de la stabilité institutionnelle devrait permettre de contenir ces risques.
RÉFORME DE L’ARCHITECTURE FINANCIÈRE MONDIALE
La transformation structurelle de l’économie progresse lentement. La part du secteur industriel dans le PIB est passée de 16,4 % en 2000 à 22 % en 2022, tandis que la part de l’agriculture a diminué de 18,7 % à 16,8 % et celle des services de 59,6 % à 53,9 %. La part de l’agriculture dans l’emploi s’est contractée de 51,1 % en 2000 à 40,2 % en 2019, tandis que la part des services a augmenté de 36,2 % à 47 % et que la part de l’industrie est restée pratiquement inchangée à 12,6 % en 2000 et 12,9 % en 2019.
L’amélioration de la productivité agricole, la complexification des produits d’exportation et les investissements dans les infrastructures, l’innovation technologique et le capital humain, conjugués à des réformes visant à accroître les ressources intérieures, à améliorer le climat des affaires et à assurer une gestion active de la dette publique, accéléreront la transformation structurelle.
Depuis 2014, la Côte d’Ivoire bénéficie d’un accès régulier aux marchés obligataires internationaux, sa dernière émission d’euro-obligations en janvier 2024 ayant permis de lever 2,6 milliards de dollars à un rendement moyen de 6,61 %. En outre, elle a également obtenu une garantie de crédit partielle de 400 millions d’euros de la Banque africaine de développement, ce qui a permis de lever 533 millions d’euros de financement durable à des conditions favorables.
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La réforme de l’architecture financière mondiale devrait permettre au pays de bénéficier de plus de garanties, en vue de mobiliser davantage de financements innovants (fonds verts, obligations durables, obligations thématiques) à des conditions avantageuses et d’accroître l’investissement privé.
Source : Perspectives économiques en Afrique (AEO) 2024
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