Le village de Lotou, dans la sous-préfecture de Gbonné, a vibré au rythme d’une importante séance de sensibilisation sur la conservation du Parc national du Mont Sangbé, le jeudi 10 avril 2025.
Initiée par la direction de Zone ouest de l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), cette rencontre a rassemblé plus de 300 participants, parmi lesquels chefs de village, jeunes, femmes, leaders d’opinion et membres de la confrérie des chasseurs Dozo, autour d’un seul mot d’ordre : protéger ensemble la « forêt sacrée de l’État ».
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Représentant le Directeur de Zone Ouest de l’OIPR, le colonel Assui Wassi Kassi N’Guessan Dawi a donné le ton : « Le Mont Sangbé est pour l’État ce qu’une forêt sacrée est pour un village. On ne doit pas y pénétrer comme bon nous semble. Ce parc est un trésor naturel qu’il faut sauvegarder pour les générations futures. » Il a rappelé que cette aire protégée de 97 554 hectares, riche en biodiversité, subit régulièrement des pressions dues au braconnage et à la pêche illégale.
Il a notamment déploré le récent abattage d’un buffle dans la zone de Waloukoulikoro. Prenant la parole en sa qualité de président du Comité local de gestion du parc, le préfet de Biankouma, Coulibaly Yaya, a salué l’engagement de la population et lancé un appel fort : « En protégeant ce parc, vous protégez votre avenir. L’écotourisme est une opportunité pour nos jeunes. Nous travaillons à créer des emplois autour du parc. Et Lotou fera bientôt partie des localités électrifiées avant la fin de l’année 2025. »
Il a également rappelé que les villages riverains sont membres des comités de gestion, ce qui fait des populations locales les premières responsables de la préservation du Mont Sangbé. Le message a été bien reçu. Diomandé Mamadou, chef du village de Lotou, porte-parole des dix villages et campements de Waloukoulikoro, a réaffirmé l’engagement des siens :
« Nous savons que ce parc est vital pour notre environnement. Nous nous engageons à le défendre vaille que vaille. Mais nous espérons aussi profiter du développement national, avec l’accès à l’eau potable et à l’électricité. » La voix des cadres a été portée par Touré Toubabou, qui a salué la pédagogie de l’OIPR et exhorté les communautés à prendre part activement au Prix Vert, un concours récompensant les villages exemplaires en matière de conservation.
Il a rappelé que ce prix peut rapporter jusqu’à 1,5 million de FCFA pour financer des projets de développement local. Moment fort de la rencontre, l’intervention de Yéo Nalourgo, président régional des chasseurs Dozo du Tonkpi, a marqué les esprits.
« Le Dozo n’est ni policier, ni éco-garde, ni agent des Eaux et Forêts. Il n’a donc rien à faire dans un parc national. Je vous le dis clairement : éloignez-vous du parc. Le braconnage vous expose à la loi, et dans ce cas, nous ne pourrons pas intervenir pour vous sauver. Par contre, si un ‘’Dozo’’ tire un agouti dans son champ, là nous pouvons discuter. Respectez la tenue Dozo. Nous sommes des guérisseurs, des protecteurs, des conseillers. Soyez à la hauteur de vos responsabilités. »
Cette mise au point ferme a été saluée par l’assemblée. Elle a aussi permis de repositionner les Dozos comme des partenaires de la conservation et non comme des prédateurs. En réponse, plusieurs représentants communautaires ont pris l’engagement de signaler tout comportement suspect et de sensibiliser les jeunes chasseurs. La séance s’est clôturée sur une série de recommandations, dont la poursuite de la sensibilisation sur les conséquences du braconnage.
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Les participants ont exprimé leur volonté d’agir comme des remparts contre les atteintes à cette aire protégée. En favorisant les échanges directs et les engagements collectifs, cette rencontre de Lotou s’inscrit pleinement dans la stratégie de cogestion des parcs portée par l’OIPR. Elle démontre, une fois de plus, que la protection de la biodiversité ivoirienne passe par une coopération étroite entre l’État, les autorités locales, les acteurs communautaires… et même les chasseurs.
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