Les mouvements et associations de la société civile ont convié, ce samedi 15 février 2025, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Tidjane Thiam, à animer un meeting à la place Ficgayo de Yopougon. Lors de cet événement, William Aldo Ettien, porte-parole des organisateurs, a exprimé son indignation face au silence des autorités sur les propos controversés de Serey Doh concernant la nationalité de Tidjane Thiam. Il a profité de l’occasion pour rappeler l’importance de l’unité nationale et mettre en garde contre les divisions identitaires.
La place Ficgayo, haut lieu de rassemblements politiques et sociaux à Abidjan, a vibré au rythme des discours engagés. William Aldo Ettien, s’adressant à une foule conquise, n’a pas caché son émotion et son incompréhension face à l’absence de condamnation officielle des propos tenus par du ministre Serey Doh. « Je suis personnellement choqué de savoir que nos frères au pouvoir n’ont pas le courage et la sagesse de condamner des propos gravissimes et attentatoires à l’unité nationale », a-t-il déclaré sous les ovations du public.
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Le porte-parole des organisateurs a rappelé les conséquences néfastes des discours identitaires dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Faisant référence aux blessures encore vives des crises politiques passées, il a mis en garde contre le retour de tensions qui pourraient fragiliser la cohésion nationale.
S’adressant à la communauté Wê, dont est issu Serey Doh, William Aldo Ettien a exprimé son incompréhension face à cette attaque dirigée contre Tidjane Thiam. « Un fils du peuple Wê, dont les souffrances liées à la crise ivoirienne sont bien connues, se prête à un jeu de division ? » s’est-il interrogé. Il a ensuite appelé à un sursaut patriotique et à la réconciliation entre les fils et filles du pays.
Un appel à l’unité nationale
En guise d’exemple, il a illustré la pluralité des origines et la cohabitation historique entre les peuples de la sous-région. « De la même manière qu’il y a des Sow en Côte d’Ivoire et au Sénégal, c’est de cette même manière qu’il y a des Ouattara en Côte d’Ivoire et en Haute-Volta devenue Burkina Faso, et le Soudan Français, devenu le Mali. Pour ne pas qu’on pense que j’indexe quelqu’un de particulier, de la manière qu’il y a des Koffi et des Yao en Côte d’Ivoire, il y en a au Ghana et au Togo », a-t-il affirmé avec conviction.
Cette prise de parole intervient après une vive polémique suscitée par les déclarations du ministre délégué auprès du ministre des Transports, Célestin Serey Doh, lors d’une cérémonie de dons à Tacourably, dans le département de Kouibly. Ce dernier avait publiquement mis en doute l’ivoirité de Tidjane Thiam en affirmant : « Son papa est Sénégalais, sa maman est Sénégalaise… Il s’appelle Thiam. De quelle région appartient le nom Thiam ? » Ces propos, largement relayés sur les réseaux sociaux et dans la presse, ont provoqué un tollé, rappelant les débats houleux autour de la notion d’« ivoirité », qui ont marqué les crises politiques du pays.
Face à cette situation, les organisateurs du meeting de Yopougon ont réaffirmé leur attachement aux valeurs d’unité et de paix. William Aldo Ettien a exhorté la population à rejeter les discours de division et à prôner un avenir fondé sur la tolérance et le respect mutuel. « Nous devons nous unir et nous concentrer sur ce qui nous rassemble, plutôt que sur ce qui nous divise », a-t-il conclu, sous les applaudissements nourris de l’assistance.
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Alors que la présidentielle de 2025 approche, cet épisode remet sur le devant de la scène la question de la cohésion nationale et de l’instrumentalisation de l’identité dans le débat politique ivoirien. Il reste à voir si les autorités réagiront officiellement à cette controverse ou si la polémique continuera d’alimenter les discussions dans l’espace public.
Prince Beganssou