Kouadio Kouakou Martin, député de Bouaké Sous-préfecture, délégué départemental de Bouaké 1, est très remonté contre les attaques inutiles contre Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA. Dans cette interview, il répond à ses détracteurs et invite le président Alassane Ouattara à renoncer à un éventuel 4e mandat.
Les partis de l’opposition réclament une nouvelle Révision de la liste électorale (RLE) en 2025, pensez-vous que cela pourrait se faire ?
Absolument ! Je m’inscris dans la logique de tous ceux qui demandent une nouvelle révision. Quelle difficulté y a-t-il à le faire ? Tous ceux qui disent le contraire avancent des arguments fallacieux ; ils ont des agendas cachés. Plusieurs personnes l’ont dit avant moi. En juin 2015, la CEI a révisé la liste électorale à trois mois des élections présidentielles. Tout près de nous, en juin 2020, la même CEI a été capable, à trois mois des élections présidentielles, de rééditer son exploit de 2015. Subitement, pour 2025, elle se dit incapable de travailler alors que les moyens lui ont été donnés ; plus de 27 milliards de nos francs ont été votés par le Parlement. Je pense qu’il y a quelque chose de pas clair. Et le drame dans tout ça, c’est l’Etat lui-même qui n’ouvre pas la bouche pour en parler. On est aujourd’hui en droit de se demander s’il n’est pas complice de cette situation qui n’honore ni les responsables de la CEI, ni nos dirigeants. L’Etat ne joue pas franc-jeu.
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Votre président, Tidjane Thiam, fait l’objet de beaucoup d’attaques de la part de vos adversaires. Quelle est votre réaction ?
Je vais vous donner une image. Quand vous mettez deux boxeurs sur le ring, et que dès le début du combat, l’un d’entre eux commence à donner des coups en-dessous de la ceinture, cela veut dire simplement qu’il est en difficulté, qu’il n’est plus maître du combat. Il mouille et ne compte plus sur sa force pour vaincre l’adversaire. Pour revenir aux attaques du RHDP, il faut dire qu’il ne pensait pas voir le président Tidjane Thiam dans l’arène politique et de surcroît au PDCI-RDA. Surpris de voir ce candidat de haut vol au PDCI, les cadres du RHDP sont paniqués. Ils n’ont aucun argument face à lui en dehors des attaques tribalistes de type : « En tè clé » ou encore« il n’est pas Ivoirien »Si le RHDP commence à donner des coups en-dessous de la ceinture, cela veut dire, pour eux, qu’il faut qu’il fasse tomber l’adversaire qu’ils craignent par tous les moyens.
Pendant que le président Tidjane Thiam leur propose de faire la politique autrement, le RHDP nous ressasse les théories de la division ethnique et du négationnisme. Le combat de boxe a ses règles ; une compétition électorale a aussi les siennes.
Je pense sincèrement que le RHDP est devenu très fébrile. Le problème de la nationalité avait cristallisé la Côte d’Ivoire et mis le pays en guerre. Nous nous sommes dit qu’il fallait qu’on mette balle à terre et permettre à tous d’être sur la liste pour être candidats à l’élection présidentielle. Il a fallu des accords. Ceci dit, c’est du passé. On ne peut pas revenir ressasser ces mêmes problèmes, quand on est en période d’élections. Il faut être sénile pour le faire. Quand dans un pays, vous vous réclamez houphouëtistes et vous traitez le petit-fils d’Houphouët de non-Ivoirien, je ne sais plus où on va. Quand dans une famille, tous les enfants mâles ont occupé de hautes fonctions parce qu’ils sont Ivoiriens… Je rappelle que tous les frères du président Tidjane Thiam ont été ministres dans des Gouvernements passés ; et que son frère aîné Augustin Thiam est ministre gouverneur du District autonome de Yamoussoukro et chef Canton des Akoué, il y a problème. J’ai vu un cadre qui est allé dire encore la même chose, et puis le Gouvernement n’a rien dit. Cela veut dire qu’il est complice.
Un ministre, et de surcroît, président de Région qui incarne la nation, montre qu’il est sans culture et se dit houphouetiste (RHDP) a tenu des propos qui vont contre la cohésion sociale, puis revient occuper son poste au Conseil des ministres sans que le Gouvernement n’en dise mot. Cela est très grave. Cela veut dire qu’il a été expressément mandaté.
Vous voulez dire que vous avez un candidat redoutable ?
Je ne vous le fais pas dire. Le président Tidjane Thiam fait trembler les gens du RHDP. Je dis humblement au chef de l’Etat, il y a des compétitions où la sagesse doit prévaloir et où on se retire avec fierté. Quel serait l’honneur du président Alassane de dire qu’il a battu Tidjane Thiam, son “fils’’ ? Ce serait un triomphe sans gloire. Mais, quelle humiliation de dire que je suis allé pour mon 4è mandat et que j’ai perdu ?
Dans tous les cas, s’il se présente, il perdra parce que nous savons, dans notre cœur, que lui-même avait dit qu’il viendrait faire un seul mandat. Le président Bédié, par sympathie, a demandé à tout le PDCI-RDA d’accorder un 2è mandat au président Alassane Ouattara. Il a dit : « Après ce 2e mandat, je ferai la passe ». Il n’a pas fait la passe et il est revenu encore pour un 3e mandat illégal, illégitime. Le ministre Cissé Bacongo et le ministre Sassan Kambilé de la Justice ont, eux-mêmes, dit que le président ne pouvait pas se prévaloir d’un 3e mandat. Mais, il a fait un 3e mandat avec KKB. Quelle victoire, quel honneur, quelle fierté peut-on tirer d’une victoire contre KKB ? Le président Soro Guillaume a dit que si vous êtes âgé et que vous montez sur une calebasse que vous cassez, vous n’avez pas fait un exploit.
Vous n’avez pas fait une performance. Mais si vous n’arrivez pas à casser la calebasse, les gens se moqueront de vous. Alors, s’il gagne, il n’aura pas de fierté, ce serait un 4e mandat illégitime. Ce serait aussi honteux de perdre devant son fils. Enfin, si les élections se passent mal, le Président sera le premier responsable devant l’Histoire en sa qualité de chef de l’Etat. Dans tous les cas, il n’y a pas d’honneur et de fierté à aller faire un 4è mandat. Je demande au président de laisser la compétition à la jeune génération. A l’époque, il disait que si le président Bédié et le président Gbagbo se présentaient, lui aussi se présenterait. Paix à son âme, le président Bédié n’est plus là et le présidant Gbagbo n’est plus sur la liste électorale. Contre qui va-t-il faire la compétition ? Même s’il gagne, va-t-il aller aux réunions avec les jeunes présidents qui n’ont pas l’âge de ses enfants ?Je souhaite que le président nous aide à sauver la Côte d’Ivoire d’une autre crise inutile.
Il y a des coups qui viennent de votre propre camp, qu’est-ce que vous en dites ?
Les coups qui viennent du PDCI, c’est ce qu’on appelle des « auto- goals ». C’est comme quand vous jouez au football et que des joueurs décident de marquer contre leur camp. Ce sont des gens, pistonnés ou téléguidés pour accomplir de sales missions contre l’intérêt collectif.
Le ministre Billon a quel intérêt à faire cela ? Je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c’est qu’il sait qu’il ne peut pas gagner sans l’appareil du PDCI-RDA. Il ne peut pas gagner une élection nationale sans un appareil politique derrière. En dehors de Dabakala où il est député, quels autres députés le suivent ? Chaque fois, qu’il est approché, ce sont des arguments nouveaux qui sont avancés. Je ne suis pas sûr que le ministre Billon, dans son for intérieur, est convaincu de ce qu’il fait.
Dernièrement, on a vu aussi notre sœur Yapo Valérie se jeter dans la mare. Mais, quand vous l’écoutez, vous voyez qu’elle agit pour des gens. Le même jour où elle fait sa déclaration, elle est reçue à la télévision. Vous voyez que c’est bien monté. Mais cela ne nous ébranle pas. Le mouvement dans lequel nous sommes, tous ces coups ne sont que des épiphénomènes. C’est du tissu blanc cousu en noir. Nous irons jusqu’au bout. Je demande au chef de l’Etat, qui dit avoir formé une demi-douzaine de cadres pendant ces 15 ou 20 dernières années, d’en présenter au moins deux, pour aller à la compétition. Je demande aussi à la CEI de nous aider à avoir une bonne élection en restant neutre.
Avez-vous un message pour les militants ?
Qu’ils restent sereins. Qu’ils restent calmes. Il n’y a pas de victoire sans difficultés. Toutes ces difficultés-là passeront comme bien d’autres sont passées. Le président Tidjane Thiam gagnera. D’ailleurs, dans le camp de nos adversaires, beaucoup tapent à nos portes, ils sont nombreux à faire des signaux. Il y en a qui ont peur de perdre leurs privilèges mais nous leur disons que nous ne sommes pas des revanchards. Quand un régime a atteint ses limites, il tombe.
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Qu’est-ce que le président Alassane n’a pas pu faire en 5 ans, en 10 ans voire en 15 ans de pouvoir pour venir demander 5 ans encore ? Qu’est-ce qu’il va faire encore qu’on n’a pas vu ? Des ponts supplémentaires ? Je ne suis pas de ce principe. Ce régime-là a atteint son déclin, il doit partir. Vivement que les Ivoiriens comprennent qu’en octobre prochain, on doit se débarrasser de ce régime aux nombreux scandales de détournements, de fraudes dans le foncier et dans l’état civil.
Le Nouveau Réveil
5 mars 2020 – 5 mars 2025 : Il y a cinq ans, Alassane Ouattara renonçait à son 3e mandat