Côte d’Ivoire : “Vent de suspicion de détournement autour du Programme d’appui à la production avicole nationale” (Le Nouveau Réveil)

0
255
=

Depuis quelques jours déjà, des informations fusent d’un peu partout sur les Projets de Modernisation du Secteur Avicole (PMSA) & Projet-processus d’installation des abattoirs industriels de volaille en Côte d’Ivoire (PAVCI) qui font partie du Programme d’appui à la production avicole nationale (PAPAN). Ces deux projets structurants initiés respectivement en 2015 et 2016 par le PAPAN sous le ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH). 

Les objectifs inscrits dans le Plan Stratégique de Relance de l’Aviculture (PSRA) adopté en Conseil des Ministres du 27 juin 2012visent à installer d’importantes infrastructures avicoles au bénéfice de l’État et d’opérateurs locaux.

A lire aussi : Côte d’Ivoire : Des acteurs du secteur halieutique appellent à des états généraux pour sauver le secteur de la pêche

Dont entre autres, dans le cadre du PMSA : 240 bâtiments  devant accueillir 10.000 têtes de volailles chacun à installer en raison d’un maximum de 2 bâtiments de pondeuse ou 3 bâtiments de poulet de chair par bénéficiaire sur une partie quelconque du territoire ivoirien ; 1 centre de transfert de technologie et de formation en aviculture à Katiola, 1 ferme de grands parentaux de 36.000 têtes à Man, 1 couvoir de 10 millions de poussins à Pacobo, 1 abattoir de 2000 poulets / heure à Pacobo et 1 provenderie de 20 tonnes/heure d’aliments granulés également à Pacobo.

Dans le cadre du PAVCI : 7 unités d’abattage industriel de volailles dont 3 de 1000 poulets / heure à Bondoukou, Korhogo et Man et 4 de 2000 poulets/heure à Bouaké (Tiebissou), Daloa (Kramoua) et Songon (Dabou).

Mais le financement en 2016 qui devait venir de la Eximbank India, a échoué. Alors, le PMSA a été proposé à Itare Financial Advisory en Italie pour la structuration financière auprès de l’Agence italienne de crédit d’exportation (la SACE) en avril 2019. Parallèlement, le PAVCI obtenait en 2017 l’accord de principe de son financement (100%) auprès de la NSIA Banque CI. En octobre 2019, la SACE donne son accord de financement du PMSA avec des conditions meilleures alors le PAPAN décide de lui proposer le PAVCI pour un financement global.

Tous les bénéficiaires sont donc identifiés. Pour le PAVCI que sont SAVA, SIAVM, SIAVD, SAVS, SIAVOB, SAVKO, SAVB depuis 2017, ont contribué à financer, avec leur fonds en capital, les études de faisabilité, la recherche de financement, l’identification des technologies d’abattage etc… Les bénéficiaires (Kiff Provenderie, PACI, PSCI) des trois unités industrielles également ont été positionnées avec l’acquisition des sites, la réalisation de toutes les études nécessaires. Les 240 bâtiments ont été positionnés dans 123 fermes avec des sites visités et validés par le PAPAN.

Les deux marchés ont été introduits en mars 2021 auprès de la DGMP à l’époque DMP. Quelques jours après, un changement est apparu au niveau gouvernemental et le Ministre Sidy Touré a remplacé le ministre Dosso Moussa le 8 avril 2021. Les marchés ont été approuvés en août 2021 (Marché n°2021-02-0063/02-51 et n°2021-02-0064/02-51). Le financement global est de près de 49 milliards FCFA avec 85 % par la ISP Bank et 15% avec la NSIA Banque.

Mais, à cette étape, selon nos sources, le Ministre Sidy décide des changements de bénéficiaires et même de la réorientation du financement. Chose que le Coordonnateur de l’époque, Dr Essoh Franck aurait refusé de réaliser. Toutefois, un premier changement de site s’opère avec l’engagement de ce dernier. Le centre de transfert de technologie, à en croire nos sources, est parti de Katiola pour se retrouver à Marabadiassa, sous-préfecture et village du ministre Sidy Touré.

En mai 2022, la convention de prêt entre l’État ivoirien et la Banque italienne ISP est signée et les acteurs techniques sont invités à mettre en œuvre le projet avant la fin novembre 2024. Mais, rien n’a été fait.

Mais en même temps on apprendra que plus de 6000 ha ont été pris dans la forêt classée du Bandama et des infrastructures du ministère des Ressources Animales et Halieutiques y sont envoyées pour y être installées, non pour les bénéficiaires réguliers, mais pour le compte de tiers qui ne sont ni bénéficiaires, ni soumissionnaires ayant payé la quote-part. Les entreprises SODERAH Sarl, NSI Sarl et AGRIMAGIC Sarl qui se trouvent appartenir au même propriétaire sont mises en scelle.

Ainsi, un ambitieux projet parallèle devrait se mettre en place avec les ressources humaines, matérielles et financières du ministère, et donc avec l’argent public. Mieux, les choses sont faites avec une telle autorité qu’aucun agent du ministère ne peut s’y opposer. Ainsi, toujours selon nos sources, tous les projets de ce ministère contribuent, chacun à sa manière à la mise en place de ce vaste projet privé, unipersonnel. De vastes étangs de poissons, 350 000 têtes de poulets, des milliers de bœufs, des milliers de moutons, des centaines de vaches, etc. échappent donc aux véritables bénéficiaires réguliers, pour se retrouver dans des mains suspectes.

D’aucuns parlent de listes fictives de bénéficiaires quand d’autres avancent qu’il y’a une récupération systématique des produits ou animaux remis aux bénéficiaires (devant la télé ou sur papier). Où sont aujourd’hui les bovins performants de la dernière Edition de SARA en 2023 et les animaux ? Pour réussir cela, nos sources avancent qu’une équipe restreinte pilotée par un pilier du Ministère est à l’œuvre.

Toutes ces installations, insistent nos sources, ne sont pas officielles car ne bénéficient d’aucune étude d’impact environnemental et social. Chose contraire aux dispositions règlementaires nationales et de l’Union Européenne dont les financements sont alignés sur le respect des normes environnementales. La Forêt Classée de Bandama doit être respectée et restaurée seules les activités de l’éco-tourisme peuvent être acceptées.

Sur le cas des projets PMSA et PAVCI, toujours selon nos sources, le projet de détournement des bâtiments de poulets et des usines est bel et bien en cours, au mépris de toutes les règles environnementales. Il porte sur trois (3) unités industrielles (couvoir, abattoir et provenderie), 35 bâtiments de 10.000 têtes, soit une ferme de 350.000 têtes de volaille dont 110.000 pondeuses et 240.000 poulets de chair. Le montant total de cela serait de 14 milliards FCFA, soit 43% du financement total du projet PMSA. Un projet d’avenant serait d’ailleurs introduit auprès de la DGMP.

Sur PAVCI, à en croire nos sources, ceux qui actionnent les détournements, ont introduit un avenant qui supprime 3 abattoirs (Korhogo, Bondoukou et Daloa). A qui viendront-ils ces infrastructures si jamais la DGMP ne stoppe pas ce nième détournement ?

Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente

Approchés, les services du ministère des Ressources animales et Halieutiques disent être disposés à donner la version du Ministère dans un très bref délai. Cette version devrait aider à mieux comprendre ce qui se passe et qui fait courir tant de bruit.

Nous y reviendrons.

Le Nouveau Réveil

Abattoir de Port-Bouët : Deux proches de Ouattara étalent publiquement leurs différends

Programme production avicole nationale, Programme production avicole nationale


=

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici