Le 27 août 2002, la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Abidjan fut le théâtre d’un braquage spectaculaire, orchestré par Sia Popo Prosper, agent de sécurité au sein de l’institution.
Cette attaque, qui a choqué l’opinion publique, avait pour but de s’emparer de plus de 2 milliards de francs CFA. L’opération, digne d’un scénario hollywoodien, s’est déroulée en plein jour. Vers 11 heures, un transporteur de fonds stationne dans l’enceinte de la BCEAO pour collecter de l’argent destiné aux banques locales.
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Profitant de l’ouverture des portails de sécurité pour laisser entrer un véhicule arborant une plaque administrative de la présidence de la République, quatre hommes armés de pistolets automatiques et mitrailleurs ont neutralisé les convoyeurs sans faire de blessés. Ils ont ensuite introduit cinq autres complices, et en seulement 15 minutes, ont réussi à s’emparer de 15 sacs remplis de billets, estimés à plus de 2 milliards de francs CFA.
Le braquage de la BCEAO orchestré par Sia Popo
Malgré les mesures de sécurité strictes, incluant des cartes d’accès inimitables et des guérites en béton, le système de sécurité de la BCEAO a montré d’étonnantes failles. Les portails de sécurité se sont ouverts sans résistance et le dispositif de liaison avec le commissariat n’a pas fonctionné. Ces anomalies ont immédiatement suscité des soupçons de complicités internes. L’attention de la police s’est rapidement portée sur Sia Popo Prosper.
Contrairement à son habitude, ce dernier était arrivé en civil le matin du braquage et a disparu avec les voleurs. Les enquêteurs ont découvert qu’il avait déménagé précipitamment, tandis que son épouse, également employée à la BCEAO, se trouvait en France depuis un mois. Après avoir échappé à la capture pendant plusieurs années, Sia Popo Prosper a finalement été appréhendé à l’aéroport de Ouagadougou. En transit au Burkina Faso, il voyageait du Ghana vers l’Allemagne avec un passeport falsifié sous le nom de John Acqah.
Malgré ses efforts pour tromper la police burkinabé, son accent français impeccable pour un prétendu anglophone a éveillé les soupçons. Une fouille minutieuse a révélé sa véritable identité et une importante somme d’argent en dollars. Placés sous les verrous, Sia Popo Prosper a rapidement avoué son rôle de principal instigateur du braquage à la presse burkinabé, affirmant avoir agi seul à la banque. Toutefois, il a refusé de révéler l’emplacement du butin.
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« Quand on fait un hold-up, on prend les sous pour les déposer en lieu sûr pour ses vieux jours, » a-t-il déclaré, soulignant sa détermination à conserver le secret. Aujourd’hui, 22 ans après ce coup audacieux, le braquage de la BCEAO reste gravé dans les mémoires comme l’un des crimes les plus audacieux et intrigants de l’histoire récente de l’Afrique de l’Ouest. La capture de Sia Popo Prosper marque une étape importante dans cette affaire, mais le mystère de l’emplacement du butin demeure entier, rappelant les nombreuses questions encore sans réponse sur cette incroyable opération.
Djabiga Soro
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