CPI : La Hongrie ferme la porte à La Haye après le mandat contre Netanyahu

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Gergely Gulyas, directeur de cabinet du Premier ministre Viktor Orban
Gergely Gulyas, directeur de cabinet du Premier ministre Viktor Orban
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La Hongrie a franchi une étape décisive en annonçant son retrait de la Cour pénale internationale (CPI), une décision qui intervient dans un contexte international tendu et soulève de nombreuses interrogations. Cette annonce a été faite par Gergely Gulyas, directeur de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, qui a précisé que le processus débutera sous peu, conformément aux obligations constitutionnelles et internationales du pays.

La CPI, fondée en 2002, a pour mission de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, comme les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, lorsque les États concernés n’ont ni la volonté ni la capacité de les juger eux-mêmes. Cependant, la Cour a souvent été perçue par certains pays comme une institution politiquement biaisée, un point de vue que la Hongrie partage ouvertement.

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Le retrait de la Hongrie intervient quelques jours après la visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Budapest, une visite hautement symbolique, d’autant plus que Netanyahu fait face à un mandat d’arrêt international émis par la CPI pour des crimes de guerre présumés à Gaza. Cette coïncidence soulève des préoccupations parmi les organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, qui ont appelé la Hongrie à arrêter Netanyahu et à le remettre à la CPI, conformément aux obligations internationales du pays.

Le timing de cette décision renforce l’idée selon laquelle la Hongrie cherche à s’aligner sur les positions de certains pays comme Israël, qui ont critiqué l’action de la CPI, notamment après les sanctions imposées par les États-Unis à la Cour en février dernier. Donald Trump, alors président américain, avait qualifié les actions de la CPI à l’encontre des États-Unis et de leurs alliés, dont Israël, d’ “illégitimes et sans fondement”.

Les implications de ce retrait

Le retrait d’un État membre de la CPI prend effet un an après le dépôt officiel du dossier auprès des Nations Unies. Ainsi, même si la décision de Budapest est effective, elle ne le sera que dans un délai d’un an, mais elle marque une rupture importante dans les relations entre la Hongrie et l’institution judiciaire internationale. La CPI a réagi en rappelant l’importance de l’obligation légale des États membres de respecter ses décisions, tout en précisant que la Cour ne commentait pas les décisions politiques des pays.

La Hongrie n’est pas le premier pays à quitter la CPI. Le Burundi et les Philippines ont également pris des mesures similaires, bien que ces départs aient suscité de vives critiques au niveau international. Le retrait de ces pays met en lumière la difficulté de la CPI à maintenir une coopération internationale cohérente, surtout lorsqu’il s’agit de juger des personnalités politiques puissantes.

Un contexte international complexe

La décision de la Hongrie s’inscrit dans un contexte plus large, marqué par des tensions géopolitiques et des critiques croissantes à l’égard de la Cour. Alors que le président russe Vladimir Poutine est également visé par un mandat d’arrêt de la CPI pour des crimes de guerre présumés en Ukraine, la légitimité de la Cour est de plus en plus mise en question, notamment par des pays qui préfèrent prendre leurs distances plutôt que de coopérer avec une institution jugée partisane.

Pour la Hongrie, ce retrait s’inscrit dans une logique politique claire menée par le gouvernement Orban, qui a multiplié les gestes de soutien à des dirigeants controversés, tout en consolidant sa position face aux institutions internationales. La Hongrie, en s’alignant sur des États comme Israël, semble privilégier une approche souverainiste, même si cela l’isole davantage sur la scène internationale.

La décision de la Hongrie de quitter la CPI est plus qu’une simple manœuvre juridique : elle représente un signal fort de la part d’un gouvernement qui cherche à affirmer son indépendance face à des institutions internationales. En même temps, ce retrait soulève des questions sur l’avenir de la coopération internationale en matière de justice pénale et sur la capacité de la CPI à maintenir son autorité face à des États puissants qui refusent de se plier à ses jugements.

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L’impact de cette décision ne se limitera pas à la Hongrie : elle pourrait influencer d’autres pays à reconsidérer leur participation à la Cour, ce qui pourrait avoir des conséquences durables sur l’efficacité de la CPI dans sa mission de justice internationale.

Afriksoir

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