Dans une interview accordée à la chaine de télévision TV5 Monde après ses séances de travail avec les commissions électorales en France, le président de la CEI, Coulibaly Kuibiert a laissé entrevoir la probable ouverture de la date de la révision de la liste électorale à la mi-octobre, soit aux environs du 15 octobre 2024.
« La nouvelle date, je ne me permettrai pas de la donner parce qu’elle découle du décret qui va fixer la période de l’établissement de la liste électorale, mais je crois qu’elle va commencer mi-octobre, mi-novembre… Commençons déjà, si bien entendu il y a un engouement, on pourra proroger. Parce que l’objectif c’est justement de capter le maximum d’Ivoiriens sur la liste électorale », a-t-il répondu à la journaliste qui lui faisait observer que la date initiale du 30 septembre ne serait probablement pas tenue.
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Au cours de l’entretien qui a duré une huitaine de minutes, le président de la CEI n’a pas été à son aise. Et c’est le moins que l’on puisse dire. A la question portant sur la périodicité de la révision de la liste électorale, Kuibiert a voulu distraire l’intervieweuse et s’arranger avec la vérité en avançant que la RLE avait lieu toutes les années. « Vous savez, depuis 2010 jusqu’à maintenant, la révision de la liste électorale a lieu chaque année », a répondu le président de la CIE.
Et l’intervieweuse de le ramener à ses statistiques en répliquant « elle est censée avoir lieu chaque année », ce qu’admet, quelque peu gêné, Kuibiert, avant de conclure, très peu à son aise : « Peut-être pas chaque année, mais rarement on n’a pas fait la révision de la liste électorale…On fait au mieux » Cette partie de l’interview est digne d’une séquence de film où un acteur est pris en flagrant délit de mensonge.
Plus loin, le président de la CIE est peu convaincant sur les raisons du non-respect de la périodicité annuelle de la révision de la liste électorale. Il avance comme raison, le coût de l’opération qui serait exorbitant pour les résultats attendus. « Une révision de la liste électorale coûte beaucoup d’argent pour un résultat qui ne mérite même pas d’être annoncé ici », avance-t-il.
Et de poursuivre : « La moyenne est de 105 à 250 mille personnes par révision, là où on s’attend à au moins, 1 à 2 millions de personnes ». C’est, selon le président de la CIE, la raison du report de la révision de la liste électorale qui devrait, à ce qu’il dit, être mis à profit pour sensibiliser le maximum de citoyens. Un alibi qui ne peut être retenu.
La campagne lancée par la CEI qui consiste à visiter des organisations politiques ou de la société civile, telle qu’elle le fait depuis peu, peut raisonnablement se tenir chaque année pour atteindre, au bout de 4 ou 5 ans, 1 à 2 millions d’enrôlés. Pour un pays qui se targue d’avoir les signaux économiques au vert et qui a les félicitations de toutes les Institutions financières, la CEI ne peut se cacher derrière un quelconque coût pour faire l’économie de l’exécution de l’un des points les plus importants de son cahier des charges.
On pourrait penser que dans les ordres de priorité de l’Etat, l’enrôlement des populations en vue d’élections ouvertes, participatives et crédibles n’est pas le mieux classé. Il y a des dépenses de l’Etat pour certaines cérémonies dont l’intérêt national n’est pas évident mais qui ont lieu.
Le président Kuibiert dit attendre 1 à 2 millions d’enrôlés pour justifier une cadence annuelle de la RLE. Le dire, c’est quelque peu insulter l’intelligence des Ivoiriens. En effet, avec 2 millions d’inscriptions nouvelles chaque année sur les listes électorales, on devrait s’attendre à l’enrôlement de 10 millions de personnes d’une élection présidentielle à l’autre, c’est-à-dire tous les cinq ans.
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Avec un taux démographique de 2,9%, il est impossible pour une population de 27 millions de personnes avec un pourcentage élevé de jeunes, d’avoir 10 millions de personnes majeures en 5 ans. Par contre, avec 250 mille enrôlés chaque année (comme il le dit lui-même), on a au moins 1.250.000 nouveaux enrôlés en 5 ans. Ce qui représenterait déjà une bonne frange de la population nouvellement en âge de voter. L’opposition a donc raison de ne pas avoir confiance dans cette Commission.
Le Nouveau Réveil
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