Cameroun : La société civile alerte sur des cas de torture en milieu policier

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Le décès d’un jeune homme en garde à vue relance les inquiétudes concernant les violations des droits humains dans les commissariats et gendarmeries du Cameroun.

Au Cameroun, la société civile hausse le ton face à la persistance des actes de torture dans les lieux de détention provisoire. Le Mandela Center International, une ONG de défense des droits humains, a récemment tiré la sonnette d’alarme après le décès d’Armand Noubissi, un jeune homme de 22 ans, alors qu’il était gardé à vue au Commissariat central numéro 4 de Yaoundé.

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Accusé de vol de moto, le jeune homme avait été placé en détention pendant plus de deux semaines, dans des conditions qui suscitent aujourd’hui de nombreux soupçons. Si les autorités policières avancent la thèse d’un suicide, la famille de la victime, appuyée par des organisations de défense des droits humains, rejette cette version.

Jean-Claude Fogno, secrétaire exécutif de Mandela Center International, appelle à l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante, comme le prévoit la Convention des Nations unies contre la torture. « Selon l’article 12 de cette convention, il est de la responsabilité des autorités camerounaises d’ouvrir une enquête chaque fois qu’il y a une allégation – même s’il s’agit d’une simple rumeur – pour faire la lumière sur les faits », a-t-il souligné.

De son côté, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) n’a pas souhaité commenter l’affaire. Pour Cyrille Rolande Béchon, directrice de l’ONG Nouveaux droits de l’Homme, cette affaire n’est pas un cas isolé. « Les questions de torture sont très présentes dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie. Ce n’est pas parce que les autorités ne réagissent pas que ces cas n’existent pas. Le silence ne fait que renforcer le sentiment d’impunité », affirme-t-elle.

Un sentiment partagé par le bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun, Mbah Eric Mbah. Celui-ci déplore l’absence de poursuites sérieuses à l’encontre des agents des forces de l’ordre impliqués dans des cas de torture. « Lorsqu’une action en justice est intentée contre un policier ou un gendarme, elle n’aboutit presque jamais. Cela alimente une forme d’arrogance et d’impunité dans les rangs », estime-t-il.

Pour l’heure, le gouvernement se montre prudent, qualifiant ces cas de « faits isolés » et assurant qu’ils font l’objet de sanctions lorsqu’ils sont portés à la connaissance des autorités compétentes.

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Mais pour les organisations de la société civile, ces assurances ne suffisent plus. Elles réclament des réformes profondes du système sécuritaire, une meilleure formation des forces de l’ordre aux droits humains et, surtout, une justice impartiale. Dans un contexte où la confiance entre les citoyens et les institutions est de plus en plus fragilisée, la transparence et la redevabilité restent plus que jamais nécessaires.

Afriksoir

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