Election présidentielle d’octobre 2025 : “Candidature au RHDP, ça grogne, ça bouillonne”(Le Nouveau Réveil) 

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Au moment où le PDCI-RDA organise sa Convention éclatée dans les différentes délégations départementales et communales pour le choix de son candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, dans le parti au pouvoir, le RHDP, c’est le silence total. Un silence si éloquent qu’il ne peut cacher la gêne, sinon l’étouffement politique qui a pignon sur rue dans la case. « On aime bien notre parti, on est même chaud et prêt pour le servir, mais on ne peut pas parler, encore faire des propositions, sans être vu comme un parricide », confie une ponte du parti au pouvoir qui préfère rester dans l’anonymat. 

Il y a eu un temps où il des meetings et des cérémonies d’hommage et de reconnaissance étaient organisés presque partout avec des convoyages monstres des personnes d’un lieu à un autre, pour réclamer la candidature du président Alassane Ouattara pour un quatrième mandat. Mais depuis des mois, au moment où ses militants, chauffés à blanc pour adouber cette autre candidature à 83 ans, sont à son écoute, le président Ouattara observe le silence radio. Il ne dit pas s’il est candidat, il ne dit pas qu’il n’est pas candidat.

A plusieurs occasions, des gens étaient sûrs qu’il allait annoncer sa candidature, mais ils se sont toujours retrouvés le bec dans l’eau. C’est dans cette sorte de black-out que des questions fusionnent partout depuis qu’on est entré dans l’année électorale 2025. Le président sera-t-il le seul présidentiable, et donc seul candidat du RHDP ? Si oui, pourquoi ne veut-il pas l’annoncer pour que tout le monde soit situé et pour mettre à l’aise ceux qui ont fait meetings et cérémonies de reconnaissance pour le supplier d’être candidat ? Si non, pourquoi ne le dit-il pas maintenant pour libérer les ambitions et énergies des potentiels candidats ?

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Le clivage autour de cette candidature ou non s’approfondit au fur et à mesure qu’on avance vers octobre. Des sources indiquent qu’il pourrait être candidat pour un quatrième mandat, parce qu’il le veut, parce que les radicaux de son parti le lui demandent, parce qu’il est le seul parapluie aujourd’hui qui peut protéger ces cadres qui ont des choses à se reprocher dans sa gouvernance. D’autres par contre indiquent qu’il est encore et toujours hésitant parce qu’il ne se voit plus trop en train de courir à gauche et à droite pour un autre mandat alors que lui-même a toujours dit, depuis 2020, qu’il est à son dernier « sacrifice » (mandat).Dans ce cas, que fera donc le RHDP si à la dernière minute Ouattara décide de ne pas être candidat ?A cette question, des sources bien introduites tentent de trouver une réponse : « Est-ce qu’on va croiser les bras et regarder notre parti sans candidat, alors qu’en face, ce sont de grosses pointures qui sont alignées ? », se posent-elles la question. Ces mêmes sources disent qu’aujourd’hui, au sein du parti au pouvoir, il y a un véritable clivage entre ceux qui sont pour trouver une solution alternative à l’absence éventuelle de Ouattara à la course à la présidentielle et ceux qui veulent que le président soit coûte que coûte, contre vents et marées, candidat du RHDP.

Le premier camp estime qu’en toute chose, il faut savoir raison garder et il faut toujours une solution de rechange. Pour eux, « Le président, par ses déclarations de 2020 à 2023 et par son silence sur fond d’hésitation depuis 2024, a suffisamment donné la preuve qu’il n’est plus chaud pour être candidat à une quatrième mandat. Son silence est plus bruyant que d’habitude. Son silence prouve qu’il n’est pas prêt à aller dans cette autre course. Alors que faire ? »

Ceux qui soutiennent qu’il doit être candidat forcément, estiment que « Ouattara est aujourd’hui dans une stratégie du fait accompli. Il veut forcément mettre tout le monde devant le fait accompli. Avec ce silence, il arrive à mettre tous ses lieutenants sous le boisseau, de sorte que même tous les ambitieux n’arrivent pas à dire qu’ils peuvent être candidats en remplacement de Ouattara. Face à l’opposition, il met ainsi également une sorte de pression qui fait douter les candidats adverses dans leur stratégie, parce qu’affronter Ouattara, ça ne sera pas la même chose qu’affronter un dauphin de Ouattara. C’est à la dernière minute qu’il pourrait déclarer sa candidature. »

Ses faits et gestes, comme des dribbles et jeux de jambes, sont étudiés à la loupe et les moindres déclarations ou menaces sont écoutées, scrutées au millimètre près. Saisie par l’opposition ivoirienne, la communauté internationale, qui suit désormais tout, pourrait ne pas lui faire de cadeau en cas de crise. Ils peuvent estimer, au RHDP, contrôler la situation politique ivoirienne, mais tout indique que derrière cette tranquillité apparente, le président Ouattara n’est pas du tout tranquille, la pression interne et externe est trop forte sur lui…

Certes, il ne veut pas donner des signes de faiblesse à ses militants pour éviter la catastrophe dans son camp. Mais en réalité, le camp présidentiel n’est plus serein, car voyant venir le « grand danger » de la perte du pouvoir. Le monde entier observe déjà et beaucoup de dossiers sont sur des tables… Seul un dialogue avec l’opposition ivoirienne pourrait encore sauver les meubles de ce régime, et il le sait. Et le fait que le PDCI-RDA et le PPA-CI sortent de la CEI en dit long sur la délicatesse de la situation interne ivoirienne, obliger le Gouvernement ivoirien au dialogue avant qu’il ne soit trop tard.

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Dans tous les cas, au RHDP, ce ne sont pas les candidats qui manquent. Des velléités ont été étouffées, mais des ambitions demeurent quand même en sourdine sous les manteaux, et ça bouillonne, ça bouillonne mais personne n’ose, pour l’instant, lever le petit doigt. « Au RHDP, il n’y a pas quelqu’un pour lever le doigt pour dire qu’il est candidat. S’il le dit, c’est peut-être dans la chambre devant sa femme. Mais pas devant nous », disait le porte-parole du RHDP, Kobenan Adjoumani. Et pourtant ça grogne également, sa grogne parce que chacun se dit que les caciques du parti ne peuvent éternellement empêcher la démocratie interne de jouer ou l’alternance interne de jouer. « Ces caciques du Parti ne peuvent bâillonner nos ambitions à jamais », soutiennent bien de cadres.

Le Nouveau Réveil

Bataille pour des élections inclusives, transparentes et démocratiques : “Le RHDP se fera prendre à son propre piège” (Le Nouveau Réveil)


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