Alors que la question des réparations pour les crimes liés à l’esclavage et à la colonisation refait surface dans les débats internationaux, de plus en plus de voix africaines s’élèvent pour exiger des compensations. Le Dr David Eboutou, enseignant-chercheur et spécialiste de l’histoire et de l’intégration africaine, appelle à une action collective des nations africaines pour obtenir justice et amorcer un véritable développement du continent.
Le débat sur les réparations pour l’esclavage et la colonisation s’intensifie en Afrique. De nombreux États du continent réclament aujourd’hui des compensations financières et symboliques aux anciennes puissances coloniales pour les crimes historiques commis contre les populations africaines. Pour le Dr David Eboutou, « l’Europe doit sa prospérité à l’exploitation systématique de l’Afrique, que ce soit par la traite négrière ou la colonisation ».
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Pendant des siècles, les ressources naturelles et humaines de l’Afrique ont été pillées au profit du développement des pays occidentaux. De la déportation de plus de 12,5 millions d’Africains réduits en esclavage à la confiscation des richesses naturelles durant la colonisation, les fondations de l’économie mondiale moderne se sont bâties sur le sang et la sueur des peuples africains. « Cette spoliation historique a laissé des cicatrices profondes, traduites aujourd’hui par la pauvreté endémique et les inégalités structurelles qui pénalisent l’Afrique », souligne le Dr Eboutou.
Face à cette réalité, plusieurs dirigeants africains ont commencé à formuler officiellement leurs revendications. En 2020, la République Démocratique du Congo a réclamé des réparations à la Belgique pour les atrocités commises durant la période coloniale. En 2023, lors de la 78e Assemblée générale de l’ONU, l’ancien président ghanéen Nana Akufo-Addo a exigé que « l’Europe et les États-Unis reconnaissent que leur richesse est issue de la sueur, des larmes et du sang des Africains ». Sao Tomé-et-Principe et plus récemment le Niger, dirigé par le général Abdourahamane Tchiani, ont eux aussi annoncé leur intention de demander des compensations aux anciennes puissances coloniales.
Pour le Dr David Eboutou, cette dynamique doit se transformer en une véritable stratégie collective. « L’union fait la force, et c’est en parlant d’une seule voix que l’Afrique pourra contraindre les anciennes puissances coloniales à reconnaître leur responsabilité et à s’engager dans un processus de réparation », plaide-t-il.
Au-delà des compensations financières, le spécialiste insiste sur l’importance d’inclure des excuses officielles, des initiatives concrètes de développement économique et la revalorisation du rôle de l’Afrique dans l’histoire mondiale. « les réparations ne sont pas seulement une question de justice morale, elles sont également essentielles pour réduire les inégalités entre l’Afrique et l’Occident et permettre aux pays africains d’investir dans leur propre développement », conclut le Dr Eboutou.
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Si certains continuent de voir ces revendications comme irréalistes, le mouvement pour la reconnaissance des crimes coloniaux et l’octroi de réparations prend de l’ampleur. Pour l’Afrique, il s’agit non seulement de rétablir la vérité historique, mais aussi de poser les bases d’un développement juste et équitable.
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