Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son verdict ce lundi 31 mars 2025, prononçant l’inéligibilité immédiate de Marine Le Pen et de ses co-prévenus, dans le cadre d’une affaire de détournement de fonds publics. Cette décision, qui s’applique dès à présent, a des répercussions directes sur l’avenir politique de l’ex-présidente du Rassemblement National (RN), notamment en vue des élections présidentielles de 2027.
Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics à hauteur de 474 000 euros (soit un peu plus de 310 millions de FCFA), des fonds alloués par le Parlement européen. Selon la présidente du tribunal, Bénédicte de Perthuis, les investigations ont montré qu’il n’y avait pas d’erreur administrative, mais plutôt des irrégularités évidentes entre les tâches inscrites sur les contrats et les tâches réellement effectuées par Thierry Légier, un garde du corps, dont les fonctions n’étaient pas en adéquation avec celles spécifiées dans son contrat de travail.
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Ce système de détournement, qui aurait été mis en place et optimisé par le Front National depuis 2009, visait à permettre au parti de réaliser des économies au Parlement européen, en détournant des fonds destinés à d’autres fins. Selon le tribunal, Marine Le Pen, en tant que figure de proue du FN, portait une responsabilité directe dans cette opération, exploitant son autorité sur le parti et en validant des pratiques douteuses.
L’issue de ce procès représente un revers majeur pour Marine Le Pen, dont la carrière politique pourrait être marquée par cette inéligibilité. Bien que l’ex-députée puisse théoriquement faire appel de cette décision, la présidente du tribunal a précisé que l’exécution de la peine serait immédiate, même en cas d’appel, rendant cette possibilité peu probable avant la présidentielle de 2027. Le verdict prive ainsi Marine Le Pen de toute chance de briguer un mandat électif dans un avenir proche, écartant la possibilité d’une candidature à la prochaine présidentielle.
Les co-prévenus relaxés
Il est à noter que des relaxes ont été prononcées pour certains co-prévenus dans cette affaire, dont Marie-Christine Arnautu, Guillaume L’Huillier et Christophe Moreau, tandis que le comptable Charles Van Houtte a bénéficié d’une relaxe partielle. Ces décisions contrastent avec la condamnation sévère de Marine Le Pen, qui cristallise l’attention médiatique.
Cette condamnation a des implications bien au-delà du simple cadre judiciaire. Si l’inéligibilité de Marine Le Pen venait à être confirmée de manière définitive, cela constituerait un coup de frein majeur à ses ambitions présidentielles. Cela pourrait également affaiblir le Rassemblement National, qui perdrait ainsi une de ses figures les plus emblématiques. Les répercussions sont d’autant plus graves à quelques années des élections présidentielles, où Marine Le Pen avait prévu de revenir en force après avoir échoué à plusieurs reprises.
L’affaire soulève des questions sur la gestion des fonds européens au sein des partis politiques, notamment ceux ayant un ancrage européen fort, et pourrait déclencher une vague de réformes au niveau de la transparence des financements publics.
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En attendant l’appel, qui reste une hypothèse incertaine, Marine Le Pen devra faire face à une nouvelle réalité politique. Ce jugement marque une étape importante dans la série de mésaventures judiciaires du Rassemblement National et pourrait redéfinir le paysage politique français pour les années à venir. Les observateurs s’accordent à dire que cette affaire pourrait constituer un tournant décisif, non seulement pour l’avenir de Marine Le Pen, mais également pour l’ensemble du paysage politique français, à l’aube d’une présidentielle qui s’annonce déjà sous haute tension.
Prince Beganssou
France : Populaire dans les sondages, Marine Le Pen sera-t-elle jugée inéligible ?