Guerre en Ukraine : « Nous allons bientôt découvrir ce que ça coûte que de dépendre des autres pays pour se nourrir »

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Côte d’Ivoire : Venance Konan relevé de ses fonctions de DG de Fraternité Matin
Venance Konan
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« Nous allons bientôt découvrir ce que cela coûte que de se rendre trop dépendant des autres pays pour se nourrir », déclare Venance Konan dans un chronique, relative à la guerre en Ukraine. Extrait.

Consommer ivoirien ? Nous n’aurons pas d’autre choix si la guerre entre la Russie et l’Ukraine s’éternise. Parce que ces deux pays, gros producteurs de blé ont autre chose à faire actuellement que d’aller au champ pour chercher de quoi nourrir des Africains. Si la guerre s’installe dans la durée, il y aura tout simplement une pénurie de blé au niveau mondial et les prix seront si élevés que nos pays pauvres ne pourront plus se l’offrir. Nous n’aurons pas d’autre choix que de manger autre chose que du pain fait de blé, et certainement que de nombreuses boulangeries et pâtisseries fermeront.

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Après ma dernière chronique, plusieurs personnes ont réagi et certaines ont pointé du doigt le fait que nos chercheurs n’aient pas réussi à faire du pain avec du mil, du soja ou d’autres cultures de chez nous. Je crois que le problème est ailleurs. Avons-nous une obligation de manger du pain, qu’il soit fait de blé, ou de mil ou de soja ou d’autre chose ? Est-on obligé de manger des pâtisseries pour bien vivre ? Notre cuisine n’est-elle pas suffisamment riche pour nous nourrir correctement sans que cet aliment ne prenne la forme de pain ?

Consommer ivoirien en matière de nourriture, c’est surtout enrichir nos paysans et gagner un peu plus d’indépendance

La réalité est que c’est nous, les citadins, qui nous croyons obligés de consommer ce qui vient d’ailleurs ; sinon nos parents dans les villages ne vivent que de ce qu’ils produisent eux-mêmes dans leurs plantations. Nous allons bientôt découvrir ce que cela coûte que de se rendre trop dépendant des autres pays pour se nourrir. Mais si nous étions un peuple qui savait tirer des leçons des choses, cela pourrait être une opportunité pour nous de corriger le tir. N’est-ce pas le moment de développer nos cultures vivrières locales afin d’en devenir autosuffisants et chercher même comment en exporter dans les pays voisins ?

Venance Konan

Cela nous est-il impossible ? J’ai appris récemment que nous sommes devenus autosuffisants en production de poulets. Parce qu’il y a eu une volonté d’y arriver. Alors, si nous voulons faire de même avec nos igname, bananes, riz, mil, gombo et autres, nous le pouvons. Et nous verrons le niveau de vie de nos paysans s’améliorer. En des temps plus anciens, des structures chargées de développer ces produits vivriers avaient été créées.

Que sont-elles devenues ? Comprenons que la cuisine est aussi une composante de la culture d’un peuple. Et développer sa culture, c’est s’enrichir. Sans rejeter les cultures culinaires des autres qui constituent des éléments d’enrichissement de notre propre cuisine, nous devons développer la nôtre pour qu’elle contribue à enrichir aussi celles des autres. Mais consommer ivoirien en matière de nourriture, c’est surtout enrichir nos paysans et gagner un peu plus d’indépendance.

Venance Konan

Venance Konan guerre Ukraine


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