Samedi dernier, au foyer polyvalent de Guibéroua, la ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, Dogo Belmonde, a rencontré les associations féminines du département de Gagnoa. Cette rencontre avait pour objectif d’évaluer le projet « Mo-Business », une initiative visant à autonomiser les femmes par l’accès à des prêts remboursables. Cependant, les chiffres présentés ont révélé une réalité inquiétante : seulement 43% des prêts octroyés ont été remboursés.
Face à cette situation, la ministre n’a pas caché sa frustration et a tenu un discours sans complaisance envers les associations qui tardent à s’acquitter de leurs obligations. « Vous allez me faire honte. Ce projet existe dans d’autres localités et ça marche, pourquoi pas ici ? Ces prêts sont à rembourser, je ne vais pas continuer à faire le gendarme derrière vous », a martelé Dogo Belmonde.
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Elle a expliqué que le remboursement des crédits est essentiel pour garantir l’éligibilité d’autres associations aux fonds. « Celles qui n’ont pas remboursé ferment la porte à d’autres associations qui attendent ces prêts. Il ne faut pas laisser mourir le projet dans le Gôh », a-t-elle insisté, tout en appelant à la responsabilité collective et à la solidarité.
Un projet ambitieux mais confronté à des réalités locales
Le projet « Mo-Business », piloté par l’Institut Ivoirien de l’Entreprise (INIE), a permis à 30 associations féminines de bénéficier chacune d’un prêt de 2 millions de FCFA, remboursable sur une année. Touré Ousmane Junior, coordonnateur du projet, a expliqué que la lenteur des remboursements est parfois due à des facteurs conjoncturels.
« Une femme qui mène une activité commerciale n’a pas forcément le même rythme de remboursement qu’une autre qui exerce une activité agricole ou saisonnière. Le pays a connu beaucoup de pluies cette année, ce qui a ralenti les activités », a-t-il déclaré, tout en soulignant que cela ne saurait excuser le non-respect des engagements financiers.
Malgré ces défis, la ministre reste optimiste et entend poursuivre la sensibilisation pour encourager les remboursements. « Ma joie n’est pas totale. J’ai augmenté le financement de 20 à 30 millions de FCFA, mais les résultats ne sont pas à la hauteur. Je compte sur vous pour changer la donne », a-t-elle affirmé. Elle a fixé rendez-vous en février 2025, à Bayota, pour un nouveau bilan financier.
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Le projet « Mo-Business » reste un levier important pour l’autonomisation des femmes dans le département de Gagnoa. Toutefois, sa pérennité dépendra d’une meilleure adhésion des bénéficiaires aux principes de remboursement et d’un accompagnement adapté aux réalités locales. En attendant, toutes les parties prenantes sont appelées à redoubler d’efforts pour que cette initiative ambitieuse puisse continuer à bénéficier au plus grand nombre.
Afriksoir