Guinée : Mamadi Doumbouya accorde la grâce à Moussa Dadis Camara

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L’ex-capitaine Moussa Dadis Camara
L’ex-capitaine Moussa Dadis Camara
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Ce vendredi 28 mars 2025, à travers un décret diffusé à la télévision nationale, le général Mamadi Doumbouya, président de la transition en Guinée, a accordé la grâce présidentielle à Moussa Dadis Camara, ancien président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Cette décision, invoquant des raisons de santé, soulève des interrogations sur les répercussions politiques dans un pays en pleine transition.

“La nouvelle est tombée dans la soirée de ce vendredi 28 mars 2025. À travers un décret lu à la télévision nationale, le président de la transition a accordé la grâce présidentielle à Moussa Dadis Camara, ex-président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD)”, a publié le site d’informations en ligne guinée7.

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Moussa Dadis Camara, qui a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État en 2008, a été un personnage central et controversé de l’histoire récente de la Guinée. Son régime, bien que soutenu par une partie de la population, a été marqué par des violations des droits humains, notamment le massacre de 157 personnes en septembre 2009 lors d’une manifestation pacifique, ce qui a conduit à son exil en 2010 après des accusations d’implication dans cet événement tragique.

La décision du général Doumbouya, qui dirige la Guinée depuis son propre coup d’État en 2021, intervient dans un contexte de transition politique complexe. Après avoir pris le pouvoir pour mettre fin à un régime démocratique perçu comme inefficace, Doumbouya s’efforce de restaurer l’ordre constitutionnel tout en répondant aux défis hérités du passé. Cette grâce présidentielle semble viser à apaiser les tensions sociales tout en donnant un signal de réconciliation nationale, bien que de nombreux Guinéens restent sceptiques.

Les raisons de cette grâce sont liées à l’état de santé déclinant de Moussa Dadis Camara, selon des sources proches du gouvernement. Le Capitaine Camara souffrirait de problèmes de santé graves, nécessitant des soins spécialisés qu’il ne peut recevoir en Guinée. Bien que certains saluent cette décision, l’argument médical ne fait pas l’unanimité. Pour les victimes de son régime, cette grâce apparaît comme une absence de justice pour les atrocités commises sous son pouvoir, exacerbant la douleur des familles touchées par les violences de 2009.

Certains observateurs voient dans cette démarche une stratégie du général Doumbouya pour renforcer sa légitimité et gagner le soutien d’une frange de la population, tout en tentant de calmer les mécontentements autour de la transition. En offrant une sortie honorable à une figure controversée du passé, Doumbouya semble jouer la carte de l’unité nationale, un élément crucial dans un pays qui n’a cessé de connaître des bouleversements politiques depuis des décennies.

Un avenir politique incertain

La question qui se pose désormais est celle de l’impact de cette décision sur le processus de réconciliation et les élections futures. La Guinée, après plusieurs années de crise, se dirige lentement vers un retour à la normale. Doumbouya a promis de restaurer l’ordre constitutionnel et d’organiser des élections libres et transparentes. Mais la grâce accordée à un ancien chef de l’État suscite des débats : les autorités réussiront-elles à dépasser les fractures du passé et à instaurer un climat politique apaisé ?

Les mois à venir seront cruciaux pour évaluer l’impact de cette décision sur la société guinéenne. Si, d’un côté, la grâce pourrait apporter un certain soulagement et amorcer un dialogue national plus large, de l’autre, elle pourrait nourrir le sentiment d’impunité et fragiliser la réconciliation si les préoccupations liées à la justice ne sont pas adressées.

La grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara marque ainsi un tournant dans l’histoire de la Guinée. Elle présente une occasion de tourner la page d’un passé douloureux, mais elle soulève également des questions fondamentales sur la justice et la responsabilité. L’avenir du pays, en particulier la réussite de sa transition, dépendra largement de la manière dont les autorités guinéennes géreront les tensions internes et de leur capacité à organiser des élections qui soient perçues comme légitimes par tous.

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En attendant, l’état de santé de Moussa Dadis Camara, désormais libéré, suscitera sans doute une nouvelle phase d’observations politiques et sociales, alors que la Guinée cherche à se reconstruire après une longue période d’instabilité.

Afriksoir

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