Le 6 janvier 2025, lors de la conférence des ambassadeurs à Paris, Emmanuel Macron a prononcé des propos qui ont rapidement suscité des vagues de réactions à travers l’Afrique. En défendant la présence militaire française sur le continent, le président français a évoqué ce qu’il a qualifié d’« ingratitude » de certains pays à l’égard de la France. Mais c’est la réponse du capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte du Burkina Faso, qui a particulièrement retenu l’attention.
Lors d’une cérémonie de vœux, ce lundi 13 janvier 2025 , Traoré a fermement réagi en qualifiant les propos du président français d’« insulte à tous les Africains ». Le président Macron avait affirmé que la France ne reculait pas en Afrique, malgré les demandes répétées de certains pays d’expulser les troupes françaises.
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Selon lui, l’« ingratitude » de ces nations ne faisait qu’illustrer la complexité des relations franco-africaines. « Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps. L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme », avait-il déclaré. Ces mots, loin de passer inaperçus, ont immédiatement provoqué une levée de boucliers dans plusieurs pays africains, notamment au Tchad et au Sénégal.
Le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas tardé à exprimer son mécontentement. Selon lui, Emmanuel Macron, par ses propos, « insulte tous les Africains ». Pour le leader burkinabé, les paroles du président français reflètent une vision dégradante de l’Afrique et de ses habitants. « Voilà comment ce monsieur voit l’Afrique, voit les Africains. Nous ne sommes pas des humains à ses yeux », a déclaré le capitaine Traoré, avant d’ajouter que Macron ne semblait pas prendre en compte le poids historique des relations entre la France et les pays africains.
Rupture avec la France et montée des tensions
Le Burkina Faso, sous la direction de la junte de Traoré, a rompu ses liens avec la France après le coup d’État de septembre 2022, et les relations entre les deux pays n’ont cessé de se dégrader. En 2023, le Burkina Faso et le Niger ont réussi à obtenir le départ des troupes françaises de leur sol, et cette dynamique a gagné d’autres nations africaines, comme le Tchad et le Sénégal, qui ont également pris des mesures similaires pour remettre en question la présence militaire française dans leurs pays.
Dans son discours, Ibrahim Traoré a dénoncé ce qu’il considère comme un héritage colonial qui continue de peser sur les nations africaines. « Si vous voulez une rupture avec ces forces impérialistes, c’est simple, on dénonce les accords. Si on ne dénonce pas les accords, juste dire qu’ils quittent les bases (militaires), on n’a rien fait », a-t-il affirmé.
La fracture grandissante dans les relations franco-africaines
Il a également souligné l’importance de reconnaître le rôle historique de l’Afrique dans la construction de la France : « S’il n’est pas athée, s’il prie chaque matin où il se réveille, il devrait aussi prier les Africains. Parce que c’est grâce à nos ancêtres qu’il existe aujourd’hui une France. Il devrait nous prier ».
Les tensions entre la France et plusieurs pays africains semblent donc se renforcer. Dans un contexte déjà fragilisé par la montée de l’influence de puissances comme la Russie et la Chine sur le continent, ces déclarations mettent en lumière la fracture grandissante entre Paris et ses anciennes colonies, et soulignent la complexité des relations internationales en Afrique aujourd’hui.
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Les prochaines semaines s’annoncent cruciales pour la diplomatie franco-africaine. Une question reste sur toutes les lèvres : la France parviendra-t-elle à renouer les liens avec les pays du Sahel, ou bien assistons-nous à une nouvelle phase de désengagement de l’ancienne puissance coloniale sur le continent ? Le temps nous le dira.
Prince Beganssou
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