Jeune Afrique répond à Ibrahim Traoré : “Ce n’est pas en portant des accusations grossières qu’il justifiera l’injustifiable”

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le capitaine Ibrahim Traoré
le capitaine Ibrahim Traoré
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Le torchon brûle entre le capitaine Ibrahim Traoré et le magazine panafricain Jeune Afrique. En visite le 20 mars 2025 dans la région du Plateau central pour l’inauguration d’une cimenterie, le chef de la junte burkinabè a profité de son discours devant les forces vives pour s’en prendre violemment aux médias, désignant nommément Jeune Afrique comme « manipulateur de l’information », « menteur » et « maître-chanteur ». 

Dans une charge virulente, Ibrahim Traoré a affirmé que le Burkina Faso n’est plus engagé dans une guerre contre le terrorisme, mais dans une guerre d’indépendance imposée par des forces impérialistes cherchant à maintenir son pays dans un état de guerre permanent. 

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« Ces mêmes médias, je le dis aujourd’hui haut et fort, surtout Jeune Afrique, nous ont courtisés au tout début 2022-2023. Ils sont passés par plusieurs canaux pour nous aborder, pour nous faire payer et laver notre image comme ils le disent. Nous avons refusé. » A en croire Ibrahim Traoré, ce type de médias fonctionnerait selon un système bien établi de chantage à l’image : « C’est comme ça qu’ils fonctionnent, et beaucoup de chefs d’État tombent dans leurs pièges. Ils versent de l’argent chaque mois pour qu’on publie des articles pour laver leur image. Vous payez l’argent, ils mentent pour laver votre image. Vous refusez, ils mentent pour détruire votre image. » 

La réaction du magazine panafricain ne s’est pas fait attendre. Dans une réponse ferme et cinglante, Marwane Ben Yahmed, directeur de publication de Jeune Afrique, a dénoncé une tentative grossière de diversion : « Diatribe nauséabonde, qui n’a d’autre objectif que de faire diversion. C’est vieux comme les dictatures, et Ibrahim Traoré est coutumier du fait : désigner un bouc émissaire, l’impérialisme, les médias, les Ivoiriens, l’Occident, les Peuls, les Martiens… Ce n’est pas en portant des accusations aussi grossières contre les médias en général, et contre Jeune Afrique en particulier, qu’il justifiera l’injustifiable. » 

Le directeur de Jeune Afrique va plus loin dans son réquisitoire : « Pris en otage par un quarteron de militaires incompétents et despotiques, le Burkina Faso poursuit sa descente aux enfers. Ibrahim Traoré se présente en sauveur de la nation ? Il en est surtout le fossoyeur. La restauration de la sécurité et la guerre contre les terroristes, qui avaient servi de honteuse justification aux putschs contre Roch Marc Christian Kaboré puis contre Paul-Henri Sandaogo Damiba, demeurent un mirage. La situation sur le terrain a même empiré. » 

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Alors que le Burkina Faso fait face à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, cette passe d’armes entre la junte au pouvoir et le célèbre magazine met en lumière la stratégie d’Ibrahim Traoré : faire diversion en pointant du doigt les médias plutôt que de répondre aux véritables préoccupations des Burkinabè.  Loin de se laisser intimider, Jeune Afrique affirme rester fidèle à sa mission d’informer en toute indépendance, en dépit des menaces et des campagnes de dénigrement orchestrées par certains régimes en mal de légitimité. 

Prince Beganssou 

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2 Commentaires

  1. En tout cas,le Burkina Faso se porte mieux qu’avant, vive Ibrahim Traoré et vive la prise de conscience des jeunes africains, qui ne seront plus manipulables par quelques médias que ce soit.

  2. Jeune Afrique vient d’être dévoilé et ses pratiques mis à nu. Allez dire aux Américains comment on lutte contre le terrorisme…

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