Au Kenya, les cas de kidnapping d’opposants et de dissidents étrangers se multiplient, suscitant des inquiétudes tant au niveau local qu’international. Amnesty International a récemment dénoncé une tendance alarmante, marquée par des enlèvements ciblant des voix dissidentes, notamment à Nairobi, où la situation semble de plus en plus préoccupante.
L’un des incidents les plus notables a eu lieu le 12 janvier 2015, lorsque Maria Sarungi Tsehai, une militante tanzanienne vivant en exil depuis quatre ans au Kenya, a été enlevée à Nairobi. Cette militante de renom, craignant les représailles de son pays d’origine, la Tanzanie, pour ses positions contre le régime en place, a été kidnappée et libérée quelques heures plus tard, sous la pression de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG). Cet enlèvement met en lumière la répression croissante des voix critiques dans la région.
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Cependant, l’affaire de Kizza Besigye, un opposant ougandais, met également en évidence l’implication directe des autorités kényanes dans ces pratiques. En novembre 2024, Besigye, kidnappé dans un hôtel de Nairobi, a été transféré de force en Ouganda, où il fait face à un jugement militaire. Le gouvernement de Kampala a affirmé avoir bénéficié de l’aide du Kenya pour cette opération, une « collusion » que les avocats de l’opposant n’ont pas hésité à dénoncer.
Le mois d’octobre 2024 a vu également l’enlèvement de quatre réfugiés turcs à Nairobi, qui ont été expulsés sans respect des procédures légales d’extradition. Cet incident s’inscrit dans un contexte de violations des droits humains, où les enlèvements semblent devenir une pratique systématique pour faire taire les critiques du pouvoir en place.
La situation est d’autant plus inquiétante que des disparitions de jeunes critiques du gouvernement se multiplient. Dimanche 12 janvier, le ministre kényan Justin Muturi a révélé que son propre fils avait été enlevé puis libéré en juin dernier, après plusieurs jours de disparition, sans qu’aucune explication ne soit donnée. À l’époque, Muturi faisait partie du Conseil national de sécurité en tant que procureur général, un poste qui n’a pas empêché cette tragédie personnelle.
Face à cette situation préoccupante, Amnesty International et l’Association des juristes kényans appellent à une enquête indépendante sur ces pratiques. Les ONG et la communauté internationale pressent le gouvernement kényan de prendre des mesures concrètes pour protéger les droits fondamentaux des individus, notamment en mettant fin à la pratique des kidnappings politiques.
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Les événements récents montrent un Kenya de plus en plus à la dérive en matière de respect des droits humains, où les voix dissidentes sont réduites au silence par la peur et la violence. La communauté internationale suit de près cette évolution, espérant voir un changement tangible dans la protection des libertés publiques et une réelle justice pour les victimes de ces actes de répression.
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