Koné Kobali écrit à Goïta après son chantage-marchandage : « Mon Colonel quittez dans ça ! »

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Assimi Goïta
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Contributeur plutôt critique à l’endroit du pouvoir d’Alassane Ouattara, Koné Kobali écrit à Assimi Goïta qui a récemment avoué détenir les soldats ivoiriens contre une « contrepartie ». « Mon Colonel, il faut quitter dans ça ! », lance-t-il à l’endroit du chef de la junte malienne. Ci-dessous son épitre.

Mon Colonel j’espère au fond de mon cœur que toi, les acteurs principaux de la transition et le peuple, que vous ne cherchez pas coûte que coûte à faire d’une pierre deux coup ? À gagner à travers un seul combat plusieurs victoires ? Si tel est le cas au vu des derniers évènements que nous sommes obligés de prendre en compte et qui remontent au samedi 10 septembre 2022 (surenchère-chantage- marchandage-), voici ce que j’en pense. Si la France coloniale s’est placée littéralement en travers du chemin qui conduit au plein développement du « continent francophone », la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny s’est inscrite dans la mission de dégager l’obstacle aux premières heures ! Dans cette grille de lecture Houphouët avait une autre approche.

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Celle-là même qui a favorisé de façon constante le nombre croissant de ressortissants maliens dans notre pays sans se préoccuper de leur qualification. Ils y ont surtout pris des habitudes et bien plus. Bien avant Gbagbo et vous mon colonel Assimi Goïta, Houphouët avait entrepris seul contre tous, le combat contre ce qu’il appelait, « la détérioration des termes de l’échange ». Déjà dans les années 1980 sans la solidarité de ses pairs, il a lutté afin que soit reversé à nos parents paysans, le juste prix en récompense de leurs labeurs agricoles. À l’issue d’une tournée africaine il lui a été répondu, « on n’a pas les reins solides comme la Côte d’Ivoire (c’était au Niger) » !

Koné Kobali écrit à Assimi Goïta

Considérer sur la base de « manquements et d’incompréhensions » ponctuels que ce pays qui s’est montré si généreux est devenu un pays qu’il faut traquer politiquement et diplomatiquement jusqu’à la saturation de toutes tes exigences, il y a un pas que je ne te conseille pas de franchir ! Entre mon pays et le tien il y a une belle tradition de sentiments nobles qu’aucune impertinence peu importe le temps et l’espace, ne saurait transgresser. Je rappelle que depuis la prise de la direction de votre pays par toi et tes fidèles amis, en tant que panafricaniste qui nourrit de grosses ambitions pour notre continent, je m’étais sans les mêmes armes, rangé de votre côté me plaçant de facto sous vos ordres.

Car j’ai compris que vous vous battiez en vue de la recouvrance pleine et entière de la souveraineté de votre pays le Mali. J’avais aussi compris que nous devrions comme un seul africain, nous mettre ensemble pour faire en sorte que votre vitesse de décollage soit aussi votre vitesse de croisière. Car un tel combat quand on sait contre quel type de système il est mené, on ne fait pas l’erreur de vouloir le gagner seul ! Il faut créer les conditions d’un large ralliement sur des bases solides et vraies. Ça ne sert à rien de se mettre à dos des pays et des partenaires (naturels) aussi puissants que la Côte d’Ivoire. En effet, cette posture à un inconvénient de taille, celui de retarder voire, annuler la présente esquisse (solitaire) !

Plus on avance dans la crise qui semble être la plus aiguë de ses 60 dernières années dans la sous-région, plus la crise se crispe. Elle met en relief deux égos. Celui de Assimi et celui de Ouattara. On a l’impression que la personnalité de ces deux frères prend le dessus sur la volonté des États respectifs. Le combat se déroulant entre Assimi et Ouattara. Or Il se trouve que celui qui s’attaque au chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire s’attaque par ricochet au peuple de Côte d’Ivoire. Celui qui veut honnir Ouattara sera amener à ternir l’image des ivoiriens. Celui qui veut avoir la peau de Ouattara va écorcher vif les ivoiriens !

Entre mon pays et le tien il y a une belle tradition de sentiments nobles qu’aucune impertinence peu importe le temps et l’espace, ne saurait transgresser

Avant Ouattara la Côte d’Ivoire existait et il en sera de même après son passage ! Il ne faut pas confondre Ouattara et le peuple de Côte d’Ivoire. N’oubliez pas que dans le combat qui est le vôtre aujourd’hui, la Côte d’Ivoire dans un rôle de locomotive pourrait donner une allure folle à la « traversée » ? Aucun grand combat ne se gagne seul. L’histoire des « tirailleurs sénégalais » peut en témoigner. S’il y a bien un mérite à combattre la France coloniale, a contrario il n’y a aucun mérite à faire plier le genou à Ouattara puisque vous avez en partage, le même combat en tant fils héritiers d’Afrique !

À mon avis tu gagnerais à faire la paix des braves avec Ouattara, dont le pays occupe une place de choix dans le pré-carré français qui se réduit comme peau de chagrin. Si tu veux finir le travail au Mali tu auras nécessairement besoin du soutien inconditionnel de la Côte d’Ivoire. Avec ou sans Ouattara. Je te conseille de la jouer très fine ! Ce ne sont pas tous les combats dont on voit les fruits de son vivant, parfois il suffit simplement de les engager. On ne le dit pas assez, le Mali et la Côte d’Ivoire sont dans une guerre de nerfs. Une guerre de positionnement géostratégique qui se déroule entre la France et la Russie.

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Il ne faut pas que le Mali qui semble avoir des problèmes particuliers avec Ouattara, cherche à faire par procuration le combat des ivoiriens à leur place ! Si tel est le cas on va se sentir frustrés, très frustrés ! Avec la demande d’extradition formulée par le colonel Assimi au sujet de Karim Kéita et les autres personnalités malienne en exil chez nous, on voit bien que la nature du problème se déplace en fonction des intérêts des uns et des autres ! Comme je sais que Ouattara ne va jamais satisfaire à cent pour cent à ce point, à défaut de le biffer sur la liste, je te demande de le remplacer par un autre point facile à satisfaire.

Koné Kobali écrit au colonel Assimi Goïta concernant la détention des soldats ivoiriens contre une contrepartie

Mon colonel, j’observe que mon pays par le biais du Ministre Directeur de cabinet Sarassoro, il a été fait à votre endroit, une profession de foi et cela nous a valu la libération de 03 de nos belles femmes : « Quarante-neuf (49) soldats ivoiriens déployés au Mali ont été interpellés le 10 juillet 2022 à l’Aéroport de Bamako, au motif que leur arrivée sur le sol malien n’avait pas fait l’objet de notification, ni d’autorisation préalables. La République de Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet évènement fortement regrettable.

Nous vous en remercions, mais ne voyez pas au travers de Monsieur Ouattara, quelqu’un d’autre ! « La République de Côte d’Ivoire, soucieuse de maintenir les relations de bon voisinage avec le Mali s’engage à respecter les procédures des Nations Unies ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées, relatives au déploiement des forces militaires au Mali. Enfin, afin d’aplanir les divergences existantes et de contribuer ainsi à la préservation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, la République de Côte d’Ivoire s’engage à poursuivre de manière transparente et constructive avec le Mali, les échanges et les discussions sur tous les sujets d’intérêt commun ».

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D’un point de vue diplomatique ces paroles venant de la bouche de la Côte d’Ivoire, sont fortes et pleines d’engagement. Merci de penser à nos deux Peuples mon Colonel Goïta ! Enfin, pourquoi Ouattara et son jeune frère Assimi ne se rencontrent-ils pas dans un pays neutre pour aplanir le reste des « incompréhensions » ? Dans un pays anglophone hors de l’espace ouest africain par exemple !?

KONÉ KOBALI

Libre auteur, créateur

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Koné Kobali écrit Goïta


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