« Le Mali et le Burkina dans le tourbillon, alerte rouge en Côte d’Ivoire » (Nouveau Réveil)

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Comprendre la structure des organisations terroristes
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Depuis bientôt trois ans, le Nord-est ivoirien, le Nord-est frontalier du Burkina, est menacé par le terrorisme. Pis, certaines localités comme Kafolo, Téhini, sont aux prises depuis bientôt deux ans avec les jihadistes.

L’armée ivoirienne est largement déployée dans la zone, mais le gouvernement entend aussi mettre l’accent sur le développement local pour couper l’herbe sous le pied des djihadistes qui, dit-on, recrutent prioritairement dans les rangs sociaux les plus vulnérables. Dans cette partie du pays, la vie se meurt un peu plus chaque fois qu’une attaque est perpétrée sur les positions des Forces de Défense.

Par exemple, Kafolo qui a connu des heures fastes dans les années 1980 ou 1990 du fait de l’affluence des touristes venus faire un safari dans le vaste parc de la Comoé, sombre aujourd’hui. Tant les inquiétudes sécuritaires grandissantes ont eu raison de l’activité touristique et hôtelière qui constituait sa principale source de recettes. Le 22 janvier dernier, le Premier ministre Patrick Achi a effectué dans cette zone une visite express, mais fort symbolique.

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Il a lancé un plan de financement en faveur des jeunes de la région. Une région économiquement sinistrée. Tour à tour, il s’est rendu à Tougbo, Kafolo et Kong pour le lancement officiel du « Programme spécial d’insertion des jeunes des régions frontalières des pays en proie au terrorisme ». Un Programme spécial qui, explique-t-on, vise à amplifier les interventions de l’Etat en matière d’insertion et d’emploi des jeunes des Régions du Bounkani, du Tchologo, du Poro, de la Bagoué, du Kabadougou et du Folon.

Tout en félicitant le Gouvernement pour cette réaction préventive, la grande question est de savoir si cette mesure seule suffira à endigeur le danger qui guette la Côte d’Ivoire, quand on sait que ses voisins du Nord, notamment le Mali et le Burkina-Faso sont pris dans une spirale d’instabilité et d’insécurité engendrée par d’une part l’occupation d’une partie de leurs territoires respectifs par des mouvements terroristes et d’autre part les tensions sociopolitiques dans les capitales et les grandes villes.

L’armée française au Mali

En effet, le Mali que dirige la junte ayant renversé le président IBK est dans une sorte de bras de fer avec la Cedeao décidée à faire reculer les militaires en leur imposant des dures et strictes sanctions. Mais, depuis des jours, des milliers de Maliens ont manifesté contre les sanctions de la Cédéao décrétées pour punir les militaires qui ont repoussé les élections et la transition de plusieurs années.

Au même moment, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte, a validé un « plan de risposte » gouvernemental aux sanctions ouest-africaines. À l’appel de la junte, les Maliens ont manifesté massivement à Bamako et à travers le pays, contre les sanctions ouest-africaines et les pressions internationales. Il y a eu grande affluence également à Tombouctou, sur la place Sankoré, devant la mosquée, à Kadiolo, frontalière de la Côte d’Ivoire, à Bougouni, également dans le Sud.

Au même moment, des manifestants ont bravé samedi 22 janvier à Ouagadougou l’interdiction de se rassembler pour protester contre l’insécurité liée aux violences jihadistes dans le pays. Des incidents ont éclaté quand les forces de l’ordre ont tenté de les disperser. Des barricades de fortune faites de planches en bois, de pierres et de pneus enflammés ont été dressées en plusieurs endroits. Cette manifestation contre « l’incapacité » du pouvoir à empêcher les attaques jihadistes dans le pays, à l’appel du mouvement de la société civile Sauvons le Burkina, a été interdite pour des « raisons de sécurité » par la mairie de Ouagadougou.

Outre la capitale Ouagadougou, des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes du pays, comme Kaya, Bobo-Dioulasso la deuxième ville du pays, pour « exprimer, selon eux, leur soutien au peuple malien et dénoncer la situation sécuritaire actuelle au Burkina ». Comme si cela ne suffisait pas, très tôt le matin du dimanche 23 janvier, le Burkina Faso est confronté à une mutinerie des soldats. Les habitants de Ouagadougou se sont réveillés, hier, avec des tirs d’armes lourdes et automatiques.

Ces tirs sont essentiellement entendus dans les camps militaires Sangoulé Lamizana, celui de Ouahigouya mais aussi à Faya. Dans cette confusion, une partie de la population burkinabé demande la démission du président Roch Marc Christian Kaboré « sous la gouvernance de qui le terrorisme a commencé à dominer complètement le Burkina Faso. ».

Pendant qu’au Mali et au Burkina-Faso, la lutte interne fait rage, les terroristes ont du répit et peuvent se réorganiser. Que faire pour mettre la Côte d’Ivoire à l’abri d’autres attaques ? Le Programme spécial, lancé par le Premier ministre, dont le coût global est de 8 602 216 030 de FCFA, permettra d’offrir des opportunités de formation et d’insertion à 19 812 jeunes. Côté militaire, le Poste de Commandement (PC) Secteur est achevé à 90%. Par ailleurs, le Premier ministre a offert un repas aux militaires, pour remonter le moral des soldats présents sur le théâtre des opérations et les aider à continuer leur noble mission. Il les a félicités pour le formidable travail qu’ils abattent  »dans cette zone du pays, grâce à la capacité opérationnelle des troupes qui protègent ainsi l’ensemble du pays ».

Interventions militaires au Burkina Faso, Mali, Niger

La menace aux portes de la Côte d’Ivoire est réelle. Quand on voit à quel point les pays voisins dans lesquels sont déjà les terroristes et avec qui Abidjan devrait mettre en place une stratégie commune de lutte contre ce fléau, sont eux-mêmes en proie à des crises internes qui les secouent et leur faire perdre de vue la lutte contre les djihadistes. A ce stade des choses, il ne faudrait plus se contenter de verrouiller une seule partie du pays, mais tout le pays où des jeunes sont au chômage, et donc constituent des cibles faciles pour les recruteurs des désespérés. Il faut surtout que la vigilance soit de mise, partout et à tout point de vue.

Nouveau Réveil  


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