Le SYNAPCI et l’ANAPROCI mécontents du Conseil Café-Cacao : « Nos activités sont menacées »

0
194
=

Le lundi 19 août 2024, à la Maison de la Presse d’Abidjan Plateau, une conférence de presse conjointe organisée par le Syndicat National Agricole Pour le Progrès en Côte d’Ivoire (SYNAPCI) et l’Association Nationale des Producteurs de Côte d’Ivoire (ANAPROCI) a mis en lumière les frustrations croissantes des producteurs de café-cacao. Sous le thème « Les producteurs de Café-Cacao face aux enjeux de la filière », les intervenants ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme une prise de décisions centralisée et déconnectée de la réalité du terrain.

Koné Moussa, président national du SYNAPCI, a ouvert la conférence avec un message clair : « Nos activités sont menacées, non pas par ceux qui viendront s’installer dans nos campements, mais par des décideurs, qui prennent des décisions cruciales pour notre avenir sans jamais nous consulter. Cela doit cesser. » Cette déclaration reflète la colère des producteurs face à l’absence de dialogue et de transparence dans la gestion de la filière.

A lire aussi : Côte d’Ivoire : Les producteurs de la filière café-cacao payent la caution du Président Ouattara pour sa candidature à la présidentielle 2025

L’un des sujets centraux abordés lors de cette conférence a été le projet de création d’une Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA). Le SYNAPCI et ANAPROCI ont dénoncé un processus mal mené, manquant de transparence et de concertation avec les organisations existantes. Selon eux, le comité technique responsable de ce projet est dirigé par une personne qu’ils considèrent déconnectée des réalités actuelles de la filière. Le risque, d’après les syndicats, est de voir émerger une organisation qui ne représenterait pas réellement les producteurs, laissant 80 % d’entre eux en dehors du processus décisionnel.

Les syndicats ont également exprimé leurs préoccupations concernant l’avenir des coopératives. Depuis 14 ans, les politiques mises en place par le Conseil Café-Cacao auraient considérablement affaibli ces structures. Alors qu’elles représentaient autrefois plus de 70% du produit intérieur commercialisé, leur part n’est plus que de 20% aujourd’hui. Pour la campagne 2024-2025, la décision d’exclure les coopératives n’atteignant pas un seuil de 1000 tonnes est perçue comme une attaque directe contre leur survie.

Le SYNAPCI et ANAPROCI voient cette mesure comme un « assassinat » des coopératives, un élément vital du tissu économique rural ivoirien. La conférence a également mis en lumière l’état critique des exploitations de cacaoculteurs. Les syndicats ont souligné que de nombreux champs vieillissent, avec des rendements en baisse. Cette situation est aggravée par la décision du Conseil Café-Cacao de suspendre, depuis trois ans, la distribution de semences sélectionnées, privant les producteurs de moyens pour renouveler leurs plantations.

Cette absence de soutien a non seulement impacté la productivité, mais a également laissé le champ libre aux pays voisins comme le Libéria et le Nigeria pour accroître leur compétitivité sur le marché international. Le prix bord champ pour la campagne 2024-2025 a été un autre point de tension. Malgré la hausse des prix sur le marché mondial, les producteurs ivoiriens n’en ont pas vu les bénéfices. Le Cameroun, par exemple, a fixé un prix minimum bord champ de 5000 FCFA pour la nouvelle campagne, un chiffre que les producteurs ivoiriens regardent avec envie. Le SYNAPCI et ANAPROCI exigent une transparence totale sur les contrats de vente de cacao déjà conclus par le Conseil Café-Cacao jusqu’en 2025. Pour eux, connaître ces prix est essentiel pour évaluer le prix qui leur sera proposé.

Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente

Face à ces multiples défis, le SYNAPCI et ANAPROCI lancent un appel à une mobilisation générale des producteurs, coopératives, associations et syndicats. Ils demandent une grande concertation dans les jours à venir afin de défendre leurs intérêts et d’empêcher que des décisions prises sans leur consultation ne compromettent l’avenir de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire. « C’est pourquoi au vu de tous ce qui précède, vu l’urgence, nous lançons un appel à tous les producteurs, les coopératives, les associations, les unions pour une grande de concertation pour les jours à venir », ont-ils indiqué.

Ignace Konan (stagiaire)

Côte d’Ivoire : Plusieurs centaines de producteurs du binôme café-cacao rendent hommage au Président Ouattara à Yamoussoukro


=

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici