Depuis le 17 avril 2025, le Mali est confronté à une grève de grande ampleur qui touche de plein fouet les secteurs bancaire et énergétique. À l’origine de cette mobilisation, le Syndicat national des assurances, des banques et des établissements financiers (Synabef), qui proteste contre l’arrestation de deux cadres bancaires et dénonce le mutisme du gouvernement de transition face à ses revendications.
Les effets du mouvement sont palpables à Bamako et dans plusieurs autres villes du pays. De nombreuses agences bancaires sont restées fermées, compliquant considérablement les opérations des usagers, contraints de reporter retraits, virements ou autres services financiers. Les stations-service, elles aussi concernées par l’appel à la grève, fonctionnent au ralenti, provoquant des files d’attente et des achats préventifs d’essence, par crainte d’une aggravation du mouvement.
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« La grève est largement suivie. C’est un signal fort envoyé aux autorités », affirme un responsable syndical du Synabef. Selon les témoignages recueillis et les images publiées par le syndicat, la mobilisation est particulièrement forte dans les grandes agglomérations.
Une contestation aux multiples motifs
Au cœur de la contestation figure l’arrestation, fin février, de deux cadres d’une banque commerciale malienne. Inculpés de « complicité de faux et usage de faux » dans une affaire de malversations financières, ils sont toujours détenus. Le Synabef plaide pour leur libération immédiate, estimant qu’ils n’ont fait que leur travail en toute légalité.
Mais les griefs du syndicat ne s’arrêtent pas là. Dans un mémorandum adressé au gouvernement, le Synabef dresse une liste d’une quinzaine de revendications, parmi lesquelles la réintégration de salariés licenciés pour fait syndical, l’amélioration des conditions de travail et le respect des libertés syndicales dans les établissements financiers.
Un silence gouvernemental inquiétant
Alors que la grève devait initialement prendre fin le samedi 20 avril, le Synabef menace de la prolonger si aucun geste n’est fait d’ici là. Or, jusqu’à présent, aucune rencontre n’a été annoncée avec le ministère de l’Économie ou les autorités de transition, qui n’ont pas encore réagi publiquement à la situation.
Face à ce silence, le syndicat envisage également des actions judiciaires pour obtenir la libération provisoire des deux cadres incarcérés. « Il est inconcevable que des agents soient arrêtés pour avoir accompli des actes de gestion courants. Ce climat d’intimidation ne peut durer », s’insurge un membre du bureau exécutif du Synabef.
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Ce mouvement social, l’un des plus suivis depuis la mise en place du gouvernement de transition, témoigne d’un malaise grandissant dans les milieux professionnels. Il pourrait se transformer en bras de fer si le dialogue n’est pas rétabli rapidement. En attendant, les usagers, entreprises et salariés subissent les conséquences d’un blocage qui semble parti pour durer.
Afriksoir
Mali confronté grève