Quelques jours après les déclarations du chanteur Alpha Blondy sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), saluant l’implication du président Alassane Ouattara dans le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, le camp de l’ancien chef de l’État est monté au créneau. Dans un communiqué publié ce 5 avril, Me Habiba Touré, porte-parole de Laurent Gbagbo, a tenu à faire une mise au point jugée « nécessaire » pour, dit-elle, « rétablir la vérité ».
Réagissant aux propos tenus par l’artiste dans l’émission Couleurs Tropicales du 2 avril, Me Touré réfute catégoriquement toute implication du président ivoirien dans le retour de son client. « Non, le Chef de l’État, Alassane Ouattara n’a jamais favorisé le retour du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Bien au contraire, tout a été fait pour l’en empêcher », affirme-t-elle.
A lire aussi : Côte d’Ivoire : « J’implore le Président Ouattara, d’ériger une statue en l’honneur d’Alpha Blondy » (Analyste)
Pour mémoire, Alpha Blondy avait déclaré avoir interpellé publiquement le président Ouattara alors que Laurent Gbagbo était détenu à La Haye, en l’exhortant à user de son influence pour qu’il soit libéré. « Il a tout fait, Gbagbo est rentré », avait-il conclu. Une interprétation qualifiée de « révisionniste » par l’entourage de Gbagbo.

Un retour arraché, pas concédé
Dans sa réaction, Me Touré rappelle que durant toute la procédure judiciaire devant la Cour pénale internationale (CPI), l’État ivoirien a « activement participé » au maintien en détention de l’ancien président. « Des avocats mandatés par le gouvernement ont été dépêchés pour s’opposer à sa libération », indique-t-elle.
Même après son acquittement définitif en mars 2021, le pouvoir aurait poursuivi, selon elle, des manœuvres pour l’écarter de la vie politique. Elle cite notamment la condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire du casse de la BCEAO, une affaire qu’elle qualifie d’« accusation farfelue, manifestement politique ».
La Cour africaine ignorée
Autre point de discorde soulevé par le camp Gbagbo : l’ignorance par les autorités de la décision de la Cour africaine des droits de l’Homme. En septembre 2020, cette juridiction avait ordonné l’inscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, condition sine qua non pour toute candidature. « Aujourd’hui encore, cette condamnation irrégulière est utilisée pour faire barrage à sa candidature à la présidentielle de 2025 », dénonce Me Touré.
Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente
Pour ses partisans, le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire en juin 2021 n’est dû qu’à son combat personnel et à celui de ses soutiens. « Le Président Laurent Gbagbo est revenu dans son pays par sa propre volonté et grâce à son combat, à celui de ses avocats, de ses sympathisants, militants, de ses soutiens et de tous ceux qui croient encore en la justice et en la démocratie », insiste sa porte-parole. Et de conclure sur un appel à la vérité : « La Côte d’Ivoire ne peut avancer en paix et en dignité que dans la vérité. Il est temps que les autorités respectent le droit et mettent fin aux obstacles artificiels dressés sur le chemin de mon client. »
Afriksoir
Alpha Blondy : « Je souhaite que le président Ouattara et son équipe soient un exemple, un modèle »