Kima Émile, président du Comité de Soutien aux Accords Politiques de Ouagadougou en Côte d’Ivoire sous le pouvoir du Président Laurent Gbagbo, a fait d’importantes révélations concernant la naturalisation massive d’étrangers sans enquête préalable par ce dernier.
La vidéo dans laquelle Kima Émile fait cette confession a largement circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours, dans un contexte marqué par les accusations de l’opposition selon lesquelles des étrangers figureraient sur la liste électorale.
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« Le ministre Kahé Eric a pu dire de sa qualité d’informaticien ayant eu en possession les listes des nationaux de certaines ambassades lorsqu’il les a croisés, près de 2000000 de personnes qui se trouvent sur la liste électorale non pas la nationalité ivoirienne. Votre liste électorale n’est pas pertinente. Elle ne peut pas nous conduire à des élections qui seront saines », avait déclaré Me Blessy Chrysostome avocat du PDCI à l’Assemblée nationale.
Les aveux de Kima Émile
D’après Kima Émile, c’est Laurent Gbagbo, alors président de la République de Côte d’Ivoire, qui a autorisé la naturalisation massive d’étrangers sans procéder à une enquête préalable.
« À son temps, Laurent Gbagbo a dit, monsieur Kima, tous tes compatriotes qui veulent se faire naturaliser, de déposer la liste à son bureau. Je pense que j’ai fait plus de 2 à 3000 Burkinabè, confondus avec des Maliens et des Guinéens, qui ont été naturalisés par l’ancien président Laurent Gbagbo sans une enquête », a-t-il dit. Kima Émile, né de parents burkinabè et n’ayant jamais changé de nationalité, s’était rangé aux côtés de Laurent Gbagbo lors de la traque des étrangers, affirmant agir ainsi pour protéger ses compatriotes.
« J’étais proche du pouvoir Gbagbo et si je peux avoir l’occasion de régler le problème de mes compatriotes, pourquoi hésiter ? (…) Je suis fier d’avoir aidé certains de mes compatriotes à obtenir la nationalité ivoirienne », avait-il lancé lors d’une conférence en 2011. À la suite de l’Accord politique de Ouagadougou, il a affirmé avoir obtenu la suppression de la carte de séjour et du certificat de résidence pour les Burkinabè et autres étrangers en Côte d’Ivoire.
Retrait de l’opposition de la CEI
À quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025, Laurent Gbagbo, à la tête du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), a décidé de retirer son parti de la Commission électorale indépendante (CEI), une décision également prise par le PDCI. Les deux formations réclament un dialogue politique sincère, accusant la CEI d’être devenue un instrument docile au service d’un pouvoir opposé à l’alternance, à la transparence et à l’inclusion.
« Je refuse de cautionner un processus électoral qui porte déjà les stigmates de l’exclusion, de la fraude et de la manipulation. La CEI, aujourd’hui, viole ses propres textes pour satisfaire les intérêts du pouvoir. Elle tente d’écarter des leaders de l’opposition de la course présidentielle. Elle refuse d’auditer une liste électorale gangrenée par des irrégularités massives » a déclaré le Président du PPA-CI.
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En dépit de toutes ces affirmations, seules 11 415 réclamations ont été enregistrées dans le cadre du contentieux de la liste électorale provisoire. Un nombre qui paraît faible au vu des nombreuses critiques de l’opposition quant à la fiabilité du fichier électoral. Selon les précisions de la CEI, ces réclamations ont abouti à 6 392 rectifications d’informations, 1 567 demandes de radiation et 3 456 nouvelles inscriptions.
Rebecca Kouassi (Stagiaire)