Pascal Affi N’guessan sur Télé Sud : « La CEI est totalement discréditée »

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Pascal Affi N'guessan
Pascal Affi N'guessan
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Président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’guessan était l’invité de Global Africa Télé Sud. Il a répondu à plusieurs préoccupations du journaliste, notamment du retrait du PDCI et du PPA-CI de la CEI, la liste électorale. Morceaux choisis de cette interview.

Le PPA-CI et le PDCI ont claqué la porte de la CEI ce week-end, le CEI à la Commission électorale indépendante. Comment avez-vous  accueilli cette nouvelle ?

Sans grande surprise, étant donné toutes les critiques qui ont été émises ces dernières semaines contre la CEI, je ne dirais même pas ces dernières semaines, depuis plusieurs mois, contre la CEI, il était tout à fait prévisible qu’à un moment ou un autre, les partis politiques décident de claquer la porte, si les choses ne changeaient pas.

Et est-ce que vous comptez leur emboîter le pas ?

Je crois que nous allons prendre la décision mercredi prochain (mercredi 16 avril 2025 Ndlr)

Parce que vous avez un vice-président au sein de la CEI ?

Oui, bien sûr, nous avons désigné une personnalité qui siège au sein de la CEI depuis plusieurs années.

Très bien, votre parti a récemment aussi audité la liste électorale, un grand travail à souligner. Quels sont les grands enseignements que vous avez pu tirer ?

L’enseignement principal, c’est que ce n’est véritablement pas une liste électorale qui peut nous conduire à des élections crédibles. C’est véritablement un document qui a été fabriqué, de toutes pièces, par le service informatique de la CEI qui, je le rappelle, est dirigé par le représentant du chef de l’État au sein de la CEI. C’est lui qui, en fait, dirige la Commission chargée de la liste électorale.  Et lorsqu’on regarde la composition de ce document, on se rend compte que, manifestement, ce n’est pas le fruit du recensement, mais d’une manipulation, avec d’abord des enregistrements qui ne respectent pas les critères fixés par la loi. Il y a 13 critères pour se faire enregistrer sur la liste électorale, et il y a plus de 70% des inscrits qui ne respectent pas ces 13 critères-là.

Ensuite, il y a des mouvements d’électeurs incompréhensibles, des électeurs qui quittent certaines circonscriptions pour se retrouver dans d’autres. Or, un système informatique, c’est véritablement ce qu’on lui demande de faire et qu’il fait. Donc, si des électeurs qui se retrouvent de Marcory sont transférés à Adjamé. Ça veut dire qu’on a donné des ordres au système de muter tous ces électeurs-là, de faire tous ces mouvements de transhumance, parce que le pouvoir espère à la fois gagner la présidentielle, mais les élections législatives.

Et donc, là où ils sont en situation de faiblesse, ils essaient de limiter l’influence de leurs adversaires en faisant des mouvements de populations dans les zones où ces adversaires-là sont bien positionnés. On fait des transferts de populations de manière à réduire l’influence des partis politiques de l’opposition. Et donc, il y a tout cela qui montre bien que c’est un document fabriqué, de toutes pièces, par les services informatiques, qui ne respecte donc pas la réalité du terrain. Et donc, avec un tel document, on ne peut pas aller aux élections politiques.

C’est pour ça que vous appelez à une RLE, encore une révolution de la liste électorale. Est-ce que vous espérez vraiment que cela se fasse, parce que le président de la CEI reste ferme, droit dans ses bottes ?

Oui, mais le président de la CEI, ce n’est pas lui qui participe aux élections. Il est commis pour organiser des élections transparentes. S’il adopte une telle attitude, cela signifie véritablement qu’il n’est pas au service d’élections justes et transparentes, qu’il est en mission.

Mais il dit qu’il n’a pas le temps pour le faire ?

Oui, mais enfin, comment il n’a pas le temps pour le faire ?  Il doit avoir le temps pour le faire, puisqu’il est là pour le faire.  Et s’il n’a pas le temps, c’est qu’il est incompétent, il doit dégager. Et la liste qu’ils ont produite montre bien que la CEI est totalement discréditée. Non seulement, elle était accusée de partialité, mais elle vient de démontrer qu’elle est incompétente parce que véritablement, cette liste électorale est un scandale. On ne peut pas, même au plan administratif, maintenir une équipe qui produit un tel résultat.  Ils ont montré qu’ils sont incompétents et qu’ils ne méritent pas de diriger la Commission électorale indépendante. Et donc, il faut qu’ils dégagent. Et je ne comprends pas comment ils peuvent s’entêter, rester, alors qu’ils ont fait la preuve véritablement que ne serait-ce qu’au plan administratif, ils sont totalement incompétents. Donc, je ne crois pas qu’il y ait eu une chance pour eux

Du coup, le Gouvernement vous accuse de ne pas respecter les Institutions en claquant la porte à chaque fois, en pointant du doigt indéfiniment la CEI ?

Si les Institutions sont crédibles, pourquoi on les désavouerait ?  Pourquoi on ne travaillerait pas avec ces Institutions, si nous nous rendons compte que ces Institutions respectent les droits des uns et des autres et travaillent dans la transparence, travaillent dans l’impartialité ? C’est ce que nous souhaitons, ni plus ni moins. Nous ne voulons pas d’une CEI au service de l’opposition, mais nous ne voulons pas non plus d’une CEI au service du parti au pouvoir.  Et donc, voilà le problème qui se pose, en Côte d’Ivoire, comme dans beaucoup de pays africains, où ces Institutions qui sont chargées d’arbitrer les élections se mettent au service du parti au pouvoir.

Elles sont la source de tous les problèmes que nous connaissons. Alors, certains pensent que l’opposition devrait se laisser faire, l’opposition devrait accepter la fraude, devrait accepter d’être manipulée, devrait accepter d’accompagner le parti au pouvoir. Non, nous sommes au service de la démocratie, nous voulons construire des États modernes, démocratiques, des Institutions fortes, légitimes. Donc, notre première bataille, c’est que véritablement les règles démocratiques soient respectées, que les élections se déroulent dans la transparence, de manière à ce que ceux qui gagnent soient véritablement ceux qui ont été le choix du peuple de Côte d’Ivoire en particulier.

Le Nouveau Réveil

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