Le Pr Nanourougo Coulibaly, auteur s’est prononcé sur la mise en place le 10 mars 2025 de la plateforme intitulée Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-Côte d’Ivoire). Selon lui, cette initiative n’est pas sans susciter des interrogations sur la viabilité, la durabilité et la capacité à formuler une offre d’alternance crédible.
Mise en place d’une coalition de l’opposition, un choix et des défis
L’opposition ivoirienne a annoncé la mise en place d’une coalition baptisée (CAP) Coalition pour l’Alternance Pacifique. Ce regroupement a été mis en place le lundi 10 mars 2025 dans la perspective de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Pour diverses raisons, il convient de saluer cette initiative sur laquelle je me permets de me pencher dans la chronique de la semaine. Sous réserve, bien entendu, des évolutions qui interviendront avec le rapprochement de l’élection.
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La coalition mise en place se propose de se battre pour une alternance en Côte d’Ivoire dans une logique pacifique. C’est là un point essentiel qu’il convient de souligner. En un mot, l’opposition rejette les tenants de la force comme moyen d’alternance. Il y a une rupture avec les méthodes mises en place lors de la présidentielle de 2020. En panne de stratégie, l’opposition d’alors avait fait le choix de l’affrontement en mettant un conseil national de transition. L’on se rappelle les dérives verbales et les violences physiques, les destructions de biens publics et privés engendrés par ce choix. C’était une voie sans issue au regard des développements qui ont suivi. La coalition a vite volé en éclats. Et certains ténors ont aujourd’hui rejoint le parti au pouvoir. On peut, sans risque de se tromper, dire que l’opposition a appris de ces erreurs. C’est une excellente chose pour le débat démocratique ivoirien.
Cette initiative n’est pas sans susciter des interrogations sur la viabilité, la durabilité et la capacité à formuler une offre d’alternance crédible qui séduise les Ivoiriens. Pour mémoire, ce n’est pas la première initiative visant à fédérer l’opposition ivoirienne. L’appel de Bonoua initié par le président Gbagbo Laurent est encore frais dans les esprits. On se rappelle encore qu’en aout 2024, la scène politique ivoirienne avait enregistré une coalition formée par plusieurs partis politiques et organisations de la société civile. À ce jour, aucun bilan exact de ces initiatives annoncées à grands renforts médiatiques, mais à l’impact mitigé sur le débat public. Sur cette base, on peut raisonnablement se demander si ce n’est pas un autre regroupement qui aura le même destin que les autres.
Par ailleurs, les observateurs ont constaté l’absence du PPACI de Laurent Gbagbo et du GPS de Guillaume Soro. Là encore, raisonnablement, l’on voudrait savoir ce qui motive cette absence. L’espoir est que ce ne soit pas l’épithète « pacifique » qui divise et que c’est davantage le choc des ambitions et les projets qui les opposent. Au-delà, signalons que l’opposition n’a pas absolument à être homogène dans la mesure où chaque formation a une vision de la Côte d’Ivoire et un projet spécifique. Et l’objectif stratégique de chaque parti constitué est la conquête et l’exercice du pouvoir et non de servir de marchepied pour les ambitions d’autres formations.
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En tout état de cause, s’il faut saluer l’initiative et son fondement pacifiste, il faut dire que le plus dur reste à venir avec les agendas qui divergent, les egos des uns et des autres et surtout la capacité à formuler une offre politique alternative et collective, déjà qu’aucune offre viable individuelle n’est perceptible face à la gouvernance en place.
Nanourougo COULIBALY
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction
Côte d’Ivoire : L’opposition se structure avec la création de la CAP pour une alternance pacifique