À six mois de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire entre dans une phase décisive marquée par une montée des tensions politiques. Dans ce climat préoccupant, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies (ONU), Leonardo Santos Simão, a rencontré ce vendredi les membres de la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-Côte d’Ivoire). La rencontre s’est tenue au siège du Mouvement des Générations Capables (MGC), à Cocody Riviera-Golf.
Au sortir de cet échange de plus d’une heure, l’émissaire onusien s’est voulu rassurant, tout en appelant à la responsabilité des acteurs politiques ivoiriens. « La coalition a partagé avec nous ses préoccupations. Nous avons pris bonne note de ces préoccupations », a-t-il déclaré à la presse. Mais pour l’ONU, la résolution durable des problèmes électoraux passe avant tout par un dialogue sincère entre Ivoiriens.
A lire aussi : Création de CAP-Côte d’Ivoire : “Quand le pays est en jeu, nos égos doivent s’effacer” (Blé Goudé)
« Nous avons toujours laissé comme message que la solution des problèmes qui se présentent sera toujours trouvée dans la classe politique ivoirienne. Notre rôle, c’est d’encourager les uns et les autres à se parler, à trouver les solutions possibles, réalistes, pour que les élections soient paisibles », a insisté Leonardo Santos Simão.
Une opposition vent debout contre la CEI actuelle
La CAP-Côte d’Ivoire, regroupant notamment le PDCI-RDA, le FPI, le MGC, le COJEP, l’URD et d’autres partis et organisations, a profité de cette rencontre pour exposer ses principales inquiétudes. En tête de liste : la réforme de la Commission Électorale Indépendante (CEI), accusée d’être déséquilibrée au profit du pouvoir en place.
Selon les chiffres avancés par la coalition, sur les 15 membres de la Commission centrale, 12 seraient issus ou proches du parti au pouvoir. Et sur les 630 commissions locales, 610 seraient présidées par des militants de ce même camp.
Les leaders de la coalition ont également dénoncé de nombreuses irrégularités sur la liste électorale : présence d’électeurs sans identité complète, cas de doublons, incohérences liées à l’âge ou à la filiation. Autant de points qui, selon eux, remettent en cause la crédibilité du scrutin à venir.
Autres préoccupations majeures évoquées : le découpage électoral, jugé inéquitable, les modalités de financement des campagnes, la liberté de communication politique, ainsi que la réforme constitutionnelle en cours.
Un plaidoyer pour un véritable dialogue national
Pour Simone Gbagbo, présidente du MGC et porte-parole de la CAP, cette rencontre a été l’occasion de porter la voix de l’opposition à l’international. « Nous avons exprimé nos inquiétudes et réaffirmé notre volonté de voir s’instaurer un véritable dialogue avec le gouvernement, pour garantir des élections inclusives, transparentes et apaisées. »
Elle était entourée de douze responsables politiques de premier plan, parmi lesquels Pascal Affi N’Guessan (FPI), Georges-Philippe Ezaley (PDCI-RDA) et Danièle Boni-Claverie (URD), tous unis dans la même démarche. Un document détaillant l’ensemble des revendications de la coalition a été remis à l’émissaire onusien, à destination du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
Cliquez ici pour vous abonner à lvoir’Hebdo, meilleur journal d’investigation de Côte d’Ivoire et première meilleure vente
Cette initiative de la CAP-Côte d’Ivoire marque un tournant à l’approche de l’échéance électorale. Elle souligne le rôle que souhaite jouer l’opposition dans la consolidation démocratique du pays. Reste désormais à savoir si cet appel au dialogue sera entendu et si le gouvernement engagera les réformes nécessaires pour préserver la paix sociale.
Afriksoir
Côte d’Ivoire : L’opposition se structure avec la création de la CAP pour une alternance pacifique
ONU CAP-Côte d’Ivoire