
C’est un vrai passage en force que prépare le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), au pouvoir depuis 15 ans. Avec des institutions comme la Commission électorale et le Conseil constitutionnel à sa solde, le parti au pouvoir, en manque de candidats, espère repêcher son leader, Alassane Ouattara, tout en éliminant les adversaires gênants, capables de battre à la régulière le chef de l’Etat sortant.
Il a beau que son bilan est inattaquable, à l’heure de solliciter à nouveau le suffrage des Ivoiriens, Alassane Ouattara, est loin d’afficher la sérénité du candidat serein, sûr de passer haut la main. Pour espérer donc remporter la mise au scrutin présidentiel d’octobre prochain, le président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) a verrouiller depuis longtemps le jeu politique, en programmant la disqualification de tous les candidats à même de le battre à la régulière. Au nombre de ces challengers très redoutés, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro.
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Condamné à de lourdes peines d’emprisonnement (à la perpétuité et à 20 ans de prison) et contraint à l’exil depuis décembre 2019, l’ancien président de l’Assemblée nationale inspire une peur bleue au régime Ouattara qui le tient ainsi très loin de l’arène politique. C’est avec le même stratagème que l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) procède pour mettre hors course son prédécesseur au Palais présidentiel, Laurent Gbagbo.
Quant à Henri Konan Bédié, qui fut pendant longtemps son allié, il a tiré sa révérence en 2023. Toutefois, le successeur de celui-ci à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), et qui bénéficie manifestement du même réseau à l’international, que le chef de l’Etat, pourrait connaître le sort que le régime Rhdp réserve aux opposants gênants. Toutefois, il n’y a pas que la disqualification des adversaires comme unique solution obscure pour remporter la prochaine présidentielle.
L’autre stratégie mise en place par le pouvoir, c’est le verrouillage du système électoral et des libertés publiques, y compris les plus élémentaires. Tout en refusant catégoriquement tout dialogue avec l’opposition, pour solutionner les problèmes de redécoupage électoral, d’un libre accès et équitable aux médias de service public, du manque de financement des partis opposés au Rhdp, Alassane Ouattara a grandement restreint le champ des organisations de la société civile, à travers une ordonnance prise en juin 2024. Celles-ci ont beau protester, le chef de l’Etat, les yeux rivés sur son objectif de se faire réélire en octobre prochain, joue la fermeté contre ces associations.
« Une des conclusions du dernier dialogue politiques qui a permis de passer en revue toutes les préoccupations, a été de dire que nous sommes désormais un état de droit, où toutes les institutions fonctionnent. L’une des recommandations de ce dialogue, a été de dire que les problèmes soient posés aux institutions compétentes. Tant que nous étions dans une sorte de transition où toutes les institutions n’étaient pas installées, on pouvait comprendre la nécessité pour tous les acteurs de s’asseoir ensemble pour voir comment apporter des solutions. »
« Mais, le constat est que toutes les institutions ont été installées et fonctionnent. Maintenant, quand il y a une préoccupation à poser, il faut s’adresser aux institutions compétentes. Il faut qu’on apprenne à faire fonctionner nos institutions », a répondu sèchement le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly à l’appel au dialogue lancé par des partis de l’opposition au gouvernement en début janvier 2025. Pour s’assurer que son plan marche à merveille, le président du Rhdp, publiquement, a invité en janvier dernier, les forces de défense et de sécurité, à joue le rôle de rempart.
« La sécurisation de l’échéance électorale d’octobre 2025 s’imposera comme un impératif auquel vous devrez répondre avec professionnalisme et dévouement. Votre engagement devra s’inscrire dans une dynamique de prévention des tensions sociales afin de garantir un climat sécuritaire paisible et serein, propice à l’expression démocratique. Je suis certain que vous saurez relever ce défi », avait recommandé Alassane Ouattara au chef d’état-major général de l’armée, le général Lassina Doumbia, le 13 janvier 2025.
72 heures après, à l’occasion d’une réunion du Conseil national de sécurité, le président du Rhdp a précisé à l’armée ses attentes en lien avec la prochaine présidentielle, à laquelle certains Ivoiriens ne souhaitent pas qu’il se présente.
« Le chef de l’Etat, après avoir souhaité aux membres du Conseil national de sécurité, ses vœux de santé, de succès et de bonheur pour la nouvelle année, les a exhortés à œuvrer pour une élection présidentielle sécurisée et sans violence, en octobre 2025. À cet effet, il a demandé aux forces de défense et de sécurité de soumettre au Conseil national de sécurité, dans les meilleurs délais, un concept d’opérations cohérent et un dispositif approprié pour la sécurisation des prochaines élections dans notre pays », relève le compte rendu de la réunion faite par Fidèle Sarassoro, le secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité.
C’est dire combien le locataire du Palais présidentiel a pris du soin à préparer sa réélection à la tête du pays en octobre prochain. Car, au-delà du confort que procure leur position actuelle, le chef de l’Etat et son clan, redoute au plus haut point de devoir rendre compte aux Ivoiriens de leur gestion du pouvoir.
C’est ce qu’avait résumé en son temps Amadou Soumahoro, alors secrétaire général par intérim du Rassemblement des républicains (RDR). « Si on perd le pouvoir, que Dieu nous en garde, nous nous retrouverons en exil avec nos femmes, nos petits-enfants. Jouons avec tout, ne jouons pas avec la perte du pouvoir », avait mis en garde l’ex-député de Séguéla, décédé en mai 2022, lors d’une conférence de presse.
A cette occasion, il avait prestement appelé le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), avec qui sa formation politique était dans une alliance qui battait déjà de l’aile, à ne jamais s’allier au camp de l’ancien président, Laurent Gbagbo.
« Nous avons fait alliance avec le FPI. Est-ce que le Pdci connait le FPI ? Quand vous mettez le FPI au pouvoir, vous êtes la première victime. Faisons nos palabres, mais ne perdons plus le pouvoir d’Etat. Si on perd le pouvoir, que Dieu nous en garde, nous nous retrouverons en exil avec nos femmes, nos petits-enfants. Jouons avec tout, ne jouons pas avec la perte du pouvoir. Je préfère les palabres au pouvoir que les palabres en exil. S’ils reviennent par accident au pouvoir, s’en est fini pour la famille Houphouétiste », avait-il sensibilisé, sans rien faire, pour contenter ses alliés de l’époque, pour ne pas rompre leur alliance.
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Conscient des enjeux de la perte du pouvoir, le Rhdp a décidé de dépêcher auprès de ses militants, abandonnés à leur triste sort depuis belle lurette, pour les appeler à la mobilisation. Alassane Ouattara et son parti prétendent pourtant que leur bilan est inattaquable.
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