L’ex-président de la République Démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a fait une sortie médiatique remarquée le lundi 03 mars 2025 dans une interview accordée à la télévision namibienne NBC News. Alors que le pays traverse une crise sécuritaire et politique majeure, notamment dans l’est de la RDC, ses propos ont suscité diverses réactions au sein de la population congolaise, certains y voyant une prise de position, d’autres un retour imminent sur la scène politique.
Dans ses déclarations, Joseph Kabila a abordé plusieurs enjeux politiques, tout en commentant la situation de l’est de la RDC, région déstabilisée par des violences, notamment dues au Mouvement 23 Mars (M23) et à des tensions avec le Rwanda. Pour Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), le silence de l’ex-président jusqu’ici s’explique par l’urgence de la situation actuelle.
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« Tout le monde a entendu qu’il a encore toute la vigueur pour participer à la vie active de son pays, surtout compte tenu du contexte de crises sécuritaires et politiques », a-t-il déclaré, faisant écho à un besoin impérieux de réagir face à la crise qui ravage la RDC.
Vers un retour sur la scène politique ?
Adelar Okwess, enseignant à l’Université des sciences de l’information et de la communication, va plus loin en voyant dans les déclarations de Joseph Kabila un signe de son retour dans la vie politique. « L’ex-président veut montrer qu’il aura un rôle à jouer à un moment ou à un autre dans l’histoire du pays et que le fait de ne pas être au-devant de la scène ne l’empêche pas de continuer à penser à son pays », a-t-il expliqué. Cette interprétation suggère que Kabila pourrait chercher à peser de nouveau dans les décisions politiques du pays, un an après avoir quitté la présidence.
Une mise en garde ?
Pour Mathe Saanane, pasteur et président de la société civile de Butembo, la sortie de Joseph Kabila pourrait également être perçue comme un avertissement à son successeur, Félix Tshisekedi. Selon lui, Kabila aurait pris la parole pour rappeler les accords passés avec son ancien protégé et dénoncer certaines actions qu’il jugerait contraires à ces engagements. « Si le président honoraire est sorti de son silence, c’est parce que son successeur aurait franchi les lignes rouges de leurs accords. Il veut recadrer le tir », a affirmé Saanane, soulignant que ces déclarations pouvaient aussi être interprétées comme une forme de mise en garde.
En revanche, du côté du gouvernement, les réactions ont été plus virulentes. Le président Félix Tshisekedi et ses partisans voient dans les propos de Kabila une forme d’allégeance à la rébellion du M23, un groupe armé accusé de semer la terreur dans l’est du pays et soutenu, selon certains, par le Rwanda. Les déclarations de Kabila dans un éditorial publié fin février dans le Sunday Times – où il mettait en question l’attribution exclusive des troubles au M23 – ont été perçues comme un soutien implicite à ce groupe rebelle. Pour le gouvernement congolais, cette prise de position est inacceptable et signe une complicité avec des forces extérieures déstabilisatrices.
La RDC à la croisée des chemins
Ces prises de position témoignent d’une situation complexe en République Démocratique du Congo, où les acteurs politiques s’affrontent dans un contexte marqué par des crises multiples. Le pays fait face à des tensions internes et à un conflit prolongé dans l’est, sans compter les relations tendues avec le Rwanda. La réapparition de Joseph Kabila, après plusieurs années de retrait de la scène politique, relance le débat sur son rôle futur et sur les lignes de fracture qui traversent la classe politique congolaise.
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Pour l’instant, la question demeure : Joseph Kabila cherchera-t-il réellement à revenir sur la scène politique ? Et quel impact ses déclarations auront-elles sur la dynamique actuelle en RDC, alors que le pays traverse l’une de ses périodes les plus instables ? Seul l’avenir nous le dira.
Afriksoir
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