L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila est accusé de collusion avec les rebelles du M23. Le gouvernement ordonne la saisie de ses biens et suspend les activités de son parti, le PPRD.
Un véritable séisme politique secoue la République démocratique du Congo. Dans un communiqué officiel publié le 18 avril 2025, le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, a annoncé l’ouverture de poursuites judiciaires contre l’ancien président Joseph Kabila Kabange. Celui qui a dirigé la RDC pendant 18 ans est accusé de « participation directe à l’agression menée par le Rwanda à travers le mouvement terroriste AFC/M23 ».
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Le document signé par le Cabinet du ministre précise que des injonctions ont été données à l’Auditeur général des FARDC et au Procureur général près la Cour de cassation afin d’engager sans délai les procédures judiciaires nécessaires. Dans la foulée, la saisie de tous les biens mobiliers et immobiliers appartenant à Joseph Kabila a été ordonnée, tandis que ses collaborateurs les plus proches se voient désormais frappés de restrictions de mouvement.
Cette décision intervient alors que la situation sécuritaire dans l’Est du pays demeure extrêmement préoccupante. Le gouvernement congolais accuse régulièrement le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, qui continuent de semer la terreur dans plusieurs localités du Nord-Kivu.
Suspension des activités du PPRD
En parallèle à ces mesures judiciaires, le ministère de l’Intérieur a annoncé la suspension sur l’ensemble du territoire national des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique dont Joseph Kabila est l’autorité morale. Cette décision radicale est motivée, selon les autorités, par le « silence complice » du parti face à l’agression rwandaise, ainsi que par l’« activisme » de son leader dans le conflit en cours.
Jacquemain Shabani, figure influente de la majorité présidentielle, n’a pas mâché ses mots en dénonçant une attitude de trahison : « Le PPRD et son autorité morale ont abandonné la Nation au profit d’intérêts obscurs. Le peuple congolais mérite la vérité et la justice. »
Une affaire aux conséquences explosives
La mise en cause de Joseph Kabila, sénateur à vie en vertu de la Constitution, marque un tournant majeur dans l’histoire politique du pays. Jamais un ancien chef de l’État congolais n’avait été publiquement accusé de haute trahison, encore moins dans un contexte de guerre. Si ces poursuites aboutissent, elles pourraient ouvrir une ère nouvelle de responsabilité politique au sommet de l’État, mais aussi aggraver les tensions au sein de la classe politique congolaise déjà fortement polarisée.
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Aucune réaction officielle de Joseph Kabila ni du PPRD n’avait été enregistrée au moment de la publication de cet article. Toutefois, des observateurs s’attendent à une riposte politique et juridique de la part de l’ancien président et de son entourage.
Afriksoir
RDC : Joseph Kabila parle de la crise, son retour en politique envisagé ?