Ce samedi 4 janvier 2025, la ville de Masisi, un chef-lieu stratégique situé dans la province du Nord-Kivu, a été prise par les rebelles du M23 après trois jours de violents affrontements avec les forces armées congolaises (FARDC) et les milices locales Wazalendo. La prise de cette ville, à environ 80 kilomètres à l’ouest de Goma, marque un tournant crucial dans l’escalade du conflit qui déchire la région depuis plusieurs mois.
La prise de Masisi a provoqué un exode massif de la population, fuyant les combats et cherchant un refuge dans des zones voisines considérées comme plus sûres. Mais la guerre n’est pas terminée. Le 5 janvier, des affrontements ont repris dans la région, alors que les FARDC et les Wazalendo ont lancé une contre-offensive pour reprendre les positions perdues, en particulier autour de l’agglomération de Ngungu et sur plusieurs collines stratégiques du groupement Muvunyi Shanga, qui sépare les provinces du Nord et Sud-Kivu.
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Des combats intenses ont été signalés dans les localités de Bitaata, Rwangara, Kamatale, Musumba et Ndumba, où des détonations d’armes lourdes ont retenti toute la journée. Selon les témoignages locaux, la situation reste extrêmement tendue et les civils se retrouvent au cœur de cette violence, contraints de fuir dans différentes directions pour échapper aux combats.
Le M23, soutenu par le Rwanda selon plusieurs sources, a revendiqué la prise de Masisi, un coup sévère pour l’armée congolaise, qui semble avoir été prise au dépourvu face à la rapidité de l’avancée rebelle. Pourtant, les Wazalendo, qui se battent aux côtés des FARDC, ont contre-attaqué et réussi à reprendre plusieurs villages, dont Kamatale, Kasake, Kabingo, Luwizi et Lwangala.
Cette situation laisse planer une menace de catastrophe humanitaire dans une région déjà profondément affectée par des années de conflits. Telesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile congolaise, a exprimé son inquiétude concernant le sort des populations déplacées et les risques de famine et de maladie qui accompagnent souvent ces vagues de réfugiés internes. « Une part importante de la population a fui vers des zones comme Walikalé, déjà sous pression après l’offensive du M23 en octobre dernier », a-t-il déclaré.
La société civile congolaise et certains responsables politiques ont exprimé leur indignation face à la situation et exigent une réaction plus ferme du gouvernement congolais. « Il est inacceptable que l’armée soit mise en déroute pendant que les rebelles progressent », a déclaré John Banyene, un membre de la coordination provinciale, appelant à une contre-offensive pour récupérer les territoires perdus.
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À ce jour, le gouvernement congolais n’a pas encore réagi officiellement à la chute de Masisi, mais les combats continuent de ravager la région, menaçant d’aggraver la crise humanitaire dans le Nord-Kivu. Les prochaines heures seront cruciales pour déterminer l’évolution du conflit et la capacité de l’État congolais à reprendre le contrôle de cette zone stratégique. Le monde entier observe désormais de près l’évolution de la situation à Masisi, alors que la RDC lutte pour faire face à un des conflits les plus complexes et dévastateurs du continent.
Afriksoir
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