La rétrocession du camp du 43e Bima à l’armée ivoirienne, annoncée pour le mois de janvier 2025 par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, dans son discours de fin d’année 2024, joue les prolongations. Finalement, c’est le 20 février que la France devrait officiellement remettre les clés des lieux aux autorités ivoiriennes.
Sur ce coup, Emmanuel Macron n’aura pas facilité la tâche à la stratégie de communication d’Alassane Ouattara. Dans son discours de fin d’année, le chef de l’Etat ivoirien a affirmé avoir négocié avec son homologue français le départ concerté de la Côte d’Ivoire des militaires qui sont stationnés au camp du 43e Bima, depuis plusieurs décennies. Précis, le président du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), qui voulait sans doute donner à l’opinion publique nationale et internationale l’image d’un dirigeant qui en impose à ses paires sans tambour ni trompette, avait indiqué que dès janvier, il n’y aurait plus un seul soldat français dans le camp situé à Port-Bouët.
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« ’Nous avons décidé du retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire. Ainsi, dès janvier 2025, le camp du 43e BIMA sera rétrocédé aux Forces armées ivoiriennes. Il sera baptisé du nom du général Ouattara Thomas d’Aquin », avait annoncé l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international, arrachant de la part de ses partisans les analyses les plus dithyrambiques. Mais, voilà, le locataire de l’Elysée, en pleine campagne de restauration de son image, avait fait un mauvais coup de communication à Alassane Ouattara. Le successeur de François Hollande, dans une sortie quelques jours après Alassane Ouattara, explique que c’est plutôt lui qui a tout orchestré à l’échelle du continent et que c’est par courtoisie qu’il a laissé la latitude aux dirigeants africains d’avoir la primeur de l’annonce.
« la France n’est pas en recule en Afrique, elle est tout simplement lucide, elle se réorganise. Je dis ça parce que quand je lis une bonne partie de notre presse, et beaucoup de commentaires, les gens, disent : ‘’c’est terrible, on est en train de disparaître en Afrique’’. Non ! On a choisi de bouger en Afrique. On a choisi de bouger, parce qu’il fallait bouger (…) Un, on a regardé notre relation passée, mémorielle, culturelle, on la factualise, on l’assume. On se dit la vérité mais, on ne cède rien à la désinformation et aux ingérences. Deux, nous avions une relation sécuritaire. Elle était de deux natures. Une partie, c’était notre engagement contre le terrorisme depuis 2013. On avait raison.
Je crois qu’on a oublié de nous dire merci mais, ç’est pas grave, ça viendra avec le temps. L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir. C’est une maladie non-transmissible à l’homme. Mais, je le dis pour tous les gouvernants africains qui n’ont pas eu le courage vis-à-vis de leur opinion publique nationale de le porter, aucun d’entre eux ne serait avec un pays souverain si l’armée française ne s’était pas déployée dans cette région et j’ai une pensé émue pour nos soldats qui, parfois ont donné leur vie et pendant des années ont combattu. Nous avons bien fait », avait-il argué.
« Nous avons proposé aux chefs d’Etat africains de réorganiser notre présence. Comme on est très poli on leur a laissé la primeur de l’annonce. Ne vous trompez pas. Parfois, il a fallu pousser. Mais, ce n’est pas parce qu’on est poli et qu’on se réorganise nous-mêmes qu’il faudrait que ce soit retourné contre nous en di sant : ‘’ils sont chassés d’Afrique’’. Je peux vous dire que dans bien de ces pays, on ne voulait pas enlever l’armée française ou la réorganiser et on l’a assumé ensemble », a ajouté Emmanuel Macron l’air tout aussi triomphant que son homologue ivoirien, qu’il a ainsi fait mentir au sujet de l’initiative de retrait des soldats français d’Abidjan. Cependant, à ce jeu, ce n’est pas le seul contre-coup, que va subir le chef de l’Etat ivoirien.
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Alassane Ouattara avait fixé à janvier le départ des Français du 43e Bima et sa rétrocession à l’armée ivoirienne. Aux dernières nouvelles, la France aurait décidé d’organiser les choses à son rythme. C’est donc le 20 février, soit dans une dizaine de jour, que les autorités ivoiriennes pourront prendre possession du camp déjà rebaptisé par le président du Rhdp.
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