Révision de la liste électorale : Débat autour de la transhumance électorale, cas de la commune du Plateau

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La commune du Plateau
La commune du Plateau
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La transhumance électorale en Côte d’Ivoire fait objet de débat. La commune du Plateau n’est pas épargnée par le phénomène. Georges Kanga, habitant de ladite commune donne son avis sur le sujet.

Depuis le lancement de la révision de la liste électorale par la Commission Electorale Indépendante (CEI), on assiste à la résurgence du traditionnel et épisodique phénomène de la transhumance des électeurs. La transhumance électorale est la pratique qui consiste à se faire enrôler ailleurs que dans la circonscription dans laquelle l’on réside, aux fins d’y être électeur au moment du vote.

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Cette technique électorale prend chaque année une proportion importante en Côte d’Ivoire par sa généralisation car de nombreux électeurs se font enrôler pour le compte de candidats ou de partis politiques dans des circonscriptions où ils ne résident pas. Les parutions dans la presse et les sorties d’hommes politiques fustigeant ce phénomène sont de plus en plus nombreuses et cette question anime aujourd’hui les gorges chaudes du débat politique ivoirien du fait des prochaines élections municipales et régionales.

L’article 9 est la disposition qui règle les conditions des inscriptions sur les listes électorales : « Tout ivoirien remplissant les conditions pour être électeur peut s’inscrire, au choix, sur la liste électorale de l’une des circonscriptions électorales suivantes : celle dans laquelle il a son domicile ; celle dans laquelle il a sa résidence depuis au moins six mois, à la date de démarrage de la révision de la liste électorale ;  celle au titre de laquelle il figure pour la cinquième fois sans interruption au rôle de l’une des contributions directes ; celle de la représentation diplomatique ou consulaire dans laquelle il est immatriculé, s’il se trouve à l’étranger. » Il ressort de cette disposition légale que le domicile et la résidence ne sont pas les conditions justificatives de l’inscription sur les listes électorales. Toute personne travaillant, payant des impôts ou ayant des intérêts économiques dans une commune, est libre de se faire enrôler sur la liste électorale de cette localité même si elle n ’y réside pas.

Cette réalité ne justifie-t-elle pas le cas particulier de la commune du Plateau qui est considérée comme le centre des affaires de la Côte d’Ivoire ? Ceux qui citent systématiquement cette commune comme la référence de la transhumance  ont-ils pris en compte la spécificité de ce centre des affaires ? La population du Plateau est de 7500 habitants pour une population électorale de 66 000 électeurs.

Il ne faut pas se tromper sur la réalité des choses, l’importante différence entre le nombre de résidents et le nombre de personnes inscrites sur la liste électorale pourrait selon moi aisément s’expliquer. Le centre administratif et financier de la capitale économique ivoirienne, reçoit plus de deux millions de visiteurs par jour. De nombreux contribuables, les commerçants, les transporteurs, les restaurateurs, les pharmaciens, les hôteliers, les fonctionnaires, sont autant de personnes, qui peuvent légitimement prétendre y avoir des intérêts économiques avec leur inscription sur les rôles des contribuables.

La commune du Plateau présente la spécificité d’être le poumon économique de la capitale administrative. Le grand écart entre le nombre de résidents et le nombre d’électeurs pourrait se justifier par la forte présence des électeurs qui ont un intérêt économique dans cette commune.

En somme, prendre l’exemple du Plateau comme le cas le plus abouti de la transhumance électorale biaise le débat, dans la mesure où contrairement à d’autres communes où les électeurs sont convoyés d’ailleurs par cars, afin de gonfler l’électorat de candidats ou de partis politiques, la cité des affaires a une particularité qui n’est propre qu’à elle et qui suffit à justifier la disparité constatée entre sa population résidente et sa population électorale. Allons même un peu plus loin : l’exemple d’Adama Bictogo, Président de l’Assemblée Nationale est une autre situation qui consolide le fait de pouvoir se faire enrôler dans une commune dans laquelle on ne réside pas. En effet l’actuel député d’Agboville s’est officiellement déclaré candidat à la mairie de Yopougon au vu et au su de tout le monde. Cela n’est possible que parce que celui que ses partisans surnomment le Diamant Noir considère avoir un lien avec ou un intérêt dans la plus grande commune de Côte d’Ivoire et cela n’a choqué personne.

Le débat sur la transhumance électorale doit être selon moi mené avec froideur et lucidité si l’on veut réellement endiguer ce phénomène qui menace la sincérité des scrutins électoraux dans certaines circonscriptions. Surtout, je fais ce reproche à la CEI d’attendre toujours à moins d’une année des élections pour tenter d’endiguer ce phénomène au moment où les esprits s’échauffent.

Une contribution de Dr Kanga Georges, habitant de la commune du Plateau

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